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Misc à L’Usine C | Savoureuse dérive

Le trio jazz Misc donnait mercredi soir une première représentation très attendue de son concert immersif intitulé « Partager l’ambulance, la totale » à l’Usine C, à Montréal. Un an après le lancement de l’excellent album éponyme du show, Jérôme Beaulieu, William Côté et Jérémi Roy (qui remplaçait Simon Pagé) ont finalement pu mettre en scène un concert au diapason de la belle folie de l’album.

Après deux autres mois de re-confinement, il faisait bon renouer une fois de plus avec le rituel de concert, même si on se rendait à l’Usine C, ce qui nous donne généralement l’impression d’aller voir du théâtre ou de la danse.

À notre arrivée dans la salle, on constate que le décor et la scénographie justifient le lieu : la scène est composée de plateaux surelevés, chargés de tout un bazar. On y voit des bidons d’essence, une lampe de camping, un tourne-disque sur lequel tourne en rond un petit ballon de basketball, un jeu de dards, une tapette à mouche, un tuyau de sécheuse…  Ça évoque un peu la pochette de l’album, mais en plus encombré.

Le dessous de la scène sera vite rempli de fumée, et les éclairages de Benoit Gromko viendront teinter de lumière cet espace, ce qui donne l’impression d’un radeau qui part à la dérive dans un ciel coloré. Comme si la musique de Misc nous entraînait dans un monde loin du quotidien. Avouons que ces jours-ci, on ne demande pas mieux qu’être exporté dans un monde imaginaire!

Brillante scénographie de Julie Vallée-Léger et de son assistante, Catherine Renaud-Dessureault, donc.  En soi, c’est captivant comme décor. Mais lorsque les trois gars s’y installent, on sent qu’il a été conçu pour ce qu’ils s’apprêtent à nous présenter. Et on s’y sent encore plus attiré.

Après nous avoir fait une démonstration comique de l’installation sonore immersive  (c’est-à-dire du son ambiophonique), c’est parti avec les quatre premiers titres de l’album, dans l’ordre : Le Preacher, Petite apathie, la douce et jolie Q-Line et leur très bonne relecture de X-Alt de Suuns, possiblement la meilleure de l’album, et toute aussi puissante dans ses variations et ses tensions sur scène.

Plus tard, on aura droit à une relecture de To Care (Like You) et The Wilhelm Scream, toutes deux de James Blake, dont on saisit toute l’influence chez Jérôme Beaulieu.  Ça ajoute également un peu de groove soul à l’approche jazz-mais-pas-que de Misc.

L’interprétation coule de soi, on sent l’aplomb du trio et le naturel, la détente de leur jeu, comme un soupir de soulagement musical.

On sent aussi que les gars avaient ce show-là en tête depuis des lunes, qu’ils avaient hâte d’enfin le présenter sur scène, ce qui donnait lieu à un sentiment de catharsis très fort. Les applaudissements nourris du public, qui remplissait la salle, redonnaient aux musiciens la monnaie de leur pièce.

En somme, une belle soirée de communion musicale entre un trio en pleine possession de ses moyens, inspiré et imaginatif, et un public avide de ce genre de soirée.

Le spectacle sera présenté au Grand Théâtre de Québec ce soir. Il reste quelques billets par ici.

Vivement d’autres représentations… au FIJM, peut-être?

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