Deerhoof

Taverne Tour 2020 | NOBRO casse la baraque, Deerhoof la démonte

Le Taverne Tour est de retour, proposant cette année plus de 70 artistes qu se produisent dans une vingtaine de lieux du Plateau Mont-Royal du 30 janvier au 1er février. Pour cette première soirée, Sors-tu a opté pour l’une des têtes d’affiche du festival, l’excentrique groupe californien Deerhoof, ainsi que le quatuor party-punk NOBRO. Dur choix parmi la panoplie. Mais à part que les oreilles nous sifflent encore le lendemain, aucun regret.

Premier arrêt, donc : le Ministère. En principe, c’est le lancement d’album d’UUBBUURRUU. Et bien que leur nouvel album homonyme soit parmi nos écoutes les plus jouissives de ce début d’année — fans de rock psyché, portez attention! — la trop rare présence de Deerhoof à la Sala Rossa en même temps nous force à prendre une décision difficile. On se reprendra pour UUBBUURRUU, promis juré.

Sauf qu’en première partie de la soirée, à 21h30, il y avait les filles de NOBRO, d’où le petit saut au Ministère avant la Sala Rossa. C’est comme ça que ça se vit, le Taverne Tour : tous les lieux sont à distance de marche, alors on butine!

Groupe rock limite punk mené par la charismatique Kathryn McCaughey, NOBRO revient tout juste d’une mini-tournée de quatre dates dans l’Ouest du pays… en première partie d’Alexisonfire et The Distillers!  Imaginez la dose d’adrénaline : jouer devant des milliers de spectateurs dans des arénas canadiens bien pleins, tout juste avant l’idole punk Brody Dalle. Le rêve!

Photo par Camille Gladu-Drouin

Moins d’une semaine plus tard, les revoici à Montréal, à jouer dans l’intimité relative du Ministère. Méchant contraste pour elles. Sans surprise, on les sentait gonflées à bloc, et soudées comme un band qui viendrait tout juste de — je sais pas — vivre quelque chose comme une expérience inouie.

Leader qui a le diable au corps, McCaughey en met plein la vue, et plein les oreilles avec son chant survolté et son jeu de basse pas piqué des vers. Les guitares (Karolane Carbonneau) sont mordantes à souhait, la batterie (Sarah Dion) a du snap rien qu’en masse, et la claviériste/percussionniste Lisandre Bourdages nous régale de quelques élans de bongos endiablés! Tasse-toé, Belle et Bum!  Après quelques très bonnes chansons originales, elles terminent leur demi-heure bien tassée avec une version toute personnelle de Kick Out The Jams, classique de MC5.

On apprenait il y a quelques jours qu’un EP intitulé Sick Hustle paraîtra en avril sur l’étiquette canadienne Dine Alone Records, alors que le premier single Marianna (inspiré par une ex-membre du groupe, qui a quitté le navire pour aller s’exiler en campagne) était dévoilé. Elles feront aussi la première partie des Pussy Riots à Toronto en mars… Il n’y a pas à dire, 2020 sera assurément leur année!

Photo par Camille Gladu-Drouin.

 

Deerhoof

Il est temps de traverser de l’autre côté de la Main pour aller voir l’un des groupes les plus musicalement imprévisibles qui soit.

Pour ceux qui ne connaissent pas Deerhoof — et on en a croisé plusieurs hier soir, qui suivaient visiblement les conseils d’amis convertis — c’est un groupe de San Francisco qui roule sa bosse depuis près de 25 ans, mine de rien.

Fait rare dans le monde du rock : pour décrire Deerhoof, il faut pratiquement commencer par le batteur. Greg Saunier est un genre de grand slack punk qui joue du free jazz sur une batterie trop petite pour lui, dans un band de rock expérimental. Ce n’est pas lui le chanteur, mais c’est en quelque sorte le leader du groupe, de par sa gueule, son étrange charisme, et son jeu de batterie expressif, complètement hirsute et spectaculaire. Les autres membres se fient visiblement à lui pour suivre le fil de ce savoureux chaos étrangement accrocheur.

C’est lui qui parle entre les chansons, aussi. Il a fait un bel effort hier en s’adressant à la foule dans un français plus que convenable. Quoi que, comme il le disait lui-même : « Mon… français… est… lent… mais… com… plètement… parfait. » Sympathique.

Photo par Camille Gladu-Drouin.

Les deux guitaristes John Dieterich et Ed Rodriguez s’occupent du côté mélodique de la musique, avec des jams obliques savamment échevelés. Au-devant de tout ça, la chanteuse et bassiste Satomi Matsuzaki ajoute une couche d’étrangeté en offrant un chant simpliste, limite enfantin, avec un calme déconcertant. Vers la fin du show, elle nous montrait aussi ses petits pas de danse cute.

Tous ces éléments improbables forment un tout souvent déroutant, mais étrangement cohérent dans son désordre. C’est assez hallucinant comme exercice.

Évidemment, ce n’est pas de tout repos non plus, et on apprécie pratiquement la courte durée du spectacle, qui se conclut après tout juste une heure. Et c’est très bien ainsi. Pas une minute perdue, mais pas besoin de nous chauffer la cervelle pendant deux heures non plus. Après une heure, ça laisse encore une forte impression, sans se fatiguer.

Photo par Camille Gladu-Drouin.

Le Taverne Tour se poursuit ce soir avec notamment Joseph Edgar, The Flamingos Pink, Alaclair Ensemble, The Sadies, SoCalled, le lancement du nouvel album de Loic April, Zouz, Miels, ainsi que Les Shirley, un trio de rock garage dont deux des trois membres font partie de NOBRO.

Samedi soir, au tour de Mat Vézio, Lil Andy, Les Breastfeeders, Jonathan Personne, Bon Enfant et FUUDGE, parmi tant d’autres.

Rendez-vous au TaverneTour.ca pour en savoir plus sur la programmation!

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