Bon Enfant

Plage musicale | Quand Bon Enfant, Laurence-Anne et Valence étirent l’été

Entendre les murmures des basses fréquences au loin, à quelques coins de rue, et marcher en leur direction. Croiser quelques mélomanes en route vers la même destination. Arriver sur place, voir la scène et les concessions de bière et de bouffe. Retrouver les amis et prendre de leurs nouvelles pendant le DJ assure l’animation musicale en attendant. Absorber la musique live en compagnie de gens qui dansent, pendant que le soleil se couche et que le vent fait tomber les verres vides sur les tables. Toutes ces petites choses qu’on prenait pour acquis et qui nous ont tant manquées…


 

Comme un petit festival d’été!

Pour ceux et celles qui n’ont pas pu aller au FME il y a deux semaines, c’est vraiment le plus près qu’on puisse passer d’aller dans un festival d’été. La série de spectacles La plage musicale, au Village au Pied-du-courant près du Pont Jacques-Cartier, donne droit à ce genre de feeling à tous les mercredis soirs de septembre, en plus petit, mais plus espacé. On se croirait presque dans « le monde d’avant », même si pas mal tout le monde suivait les consignes pour garder nos distances et éviter la contamination.

 

Hier soir, c’était Valence, Laurence-Anne et Bon Enfant au menu. Beau petit lineup d’une soirée.

Valence, c’est le charmant projet rétro-pop de Vincent Dufour et ses musiciens. Ça vient de Québec, et comme il l’a mentionné à un moment du spectacle en agrippant un combiné de téléphone, il y a eu des rendez-vous manqués avec Montréal à cause de la pandémie. Notamment une participation aux préliminaires des Francouvertes. Ce sera repris le mardi 29 septembre prochain, avec aussi Kanen et thaïs.

Mais hier, c’était déjà partie remise, et on sent que ça leur a fait plaisir.

C’est charmant comme tout, Valence. Sur le très bon EP, en effet, mais aussi live. Surtout live.

Une belle chaleur se dégage des compositions de l’ensemble lors de la courte durée du set, qui se conclut en force avec l’excellente chanson Sophie. On nous a également présenté quelques nouvelles chansons, preuve que le projet va bon train et que ça se poursuit rondement.

On verra ce qu’il adviendra de leur parcours aux Francouvertes dans deux semaines.

Laurence-Anne est un bon exemple de ce que peuvent apporter les Francouvertes, justement. Finaliste en 2017 aux côtés de Lydia Képinski (grande gagnante de cette édition) et Les Louanges (grand gagnant de la vie en général!), Laurence-Anne a continué à perfectionner son art depuis, et vient tout juste de lancer un très très bon EP de trois chansons intitulé Accident, dont il existe également un court-métrage psychédélique sans doute créé sur (et à regarder sur) le mush (à visionner gratuitement par ici). Elle y fait la rencontre d’un bourdon géant blessé, et s’ensuit une histoire d’amour à travers divers mondes parallèles. On pense. En tout cas, c’est joli, et tripatif.

Elle et sa bande ont d’ailleurs joué les trois chansons du EP une après l’autre, et ça rentrait aux toasts, surtout lors de la très entraînante chanson-titre.

« Je pense qu’on n’est pas partis sur le bon accord ! », de constater Laurence-Anne au début d’une des chansons suivantes. « La pandémie nous a brisé », de répondre sa claviériste, visiblement à l’aise avec les imperfections d’un premier spectacle depuis des lunes.

C’était l’esprit de la soirée, d’ailleurs. On s’est tellement ennuyé de la musique, et les musiciens aussi. Ça sentait les retrouvailles, personne n’allait se plaindre du moindre bémol, et il faut dire qu’il y en avait bien peu. Le son était bon, les groupes n’avaient pas l’air rouillés du tout, le fun a pogné en un rien de temps.

Quelques moments plus molos ont fait baisser l’énergie pendant quelques minutes, mais en terminant avec Instant Zéro, ça laissait une excellente dernière impression.

 

Maintenant que nous étions plongés dans la noirceur de la nuit (il était à peine 20h30), Bon Enfant concluait la soirée avec une performance entraînante, menée par la charismatique Daphné Brissette, la fameuse voix éraillée de Canailles, qui semble s’épanouir au sein de Bon Enfant.

Le groupe a lancé un des très bons albums de l’automne 2019, et prévoyait des dizaines de dates de spectacles durant la saison des festivals… qui n’est finalement jamais arrivée.

Dommage, parce qu’à les écouter hier, on se disait que même si leur public est principalement constitué de 25-40 ans branchés, le festivalier boomer moyen qui passerait par hasard devant un show de Bon Enfant aux Francos ou au Festival d’été de Québec y trouverait surement son compte, grâce aux compos somme toute assez pop, aux habiles jeux de guitares, aux rythmiques entraînantes et à la voix Joplin-esque de Brissette, qui a du pep dans le soulier et assure une présence engageante au-devant de la scène.

Ce qui est moins dommage par contre, c’est que Bon Enfant en a profité pour écrire le contenu d’un deuxième album déjà! On a même eu droit à quelques chansons toutes neuves, et ça semblait prédire une continuité dans l’excellence.

On avait une demi-heure de spectacle, mais maintenant, on peut faire une heure en ajoutant des nouvelles chansons au lieu de juste étirer les solos!

Pas que les solos ne soient pas la bienvenue. Mais on va les prendre, ces nouvelles chansons!

Ah oui, et Magie est l’une des meilleures chansons québécoises des douze derniers mois. On s’en est rappelé lorsqu’ils l’ont jouée juste avant le rappel. Et les paroles nous rappellent drôlement ce qu’on vit depuis des mois :

T’es comme en punition
Le temps y passe pas vite
Ça bouge pas tes affaires
Surtout quand y’a pas d’visite

Peur de mourir d’ennui
Tes rêves sont en faillite
Des rencontres qui veulent rien dire
Des feux de paille pis des soupirs

Rien de tout ça hier, en tout cas. Quelle belle soirée!

La série Plage Musicale se poursuit mercredi prochain avec Soran, Naya Ali et Original Gros Bonnet. Ça se termine le 30 septembre avec Matt Holubowski, Jason Bajada et une dénommée Marilyne Léonard.

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