Festival FME

FME 2020 | Est-ce qu’un festival en temps de Covid-19, ça vaut la peine? (Indice: oui)

Avec quelques mois de retard, la saison des festivals a enfin été lancée avec le Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue. Si on a eu droit à plusieurs initiatives de festivals en ligne ou en formule ciné-parc cet été, le FME était le premier rendez-vous majeur de son genre depuis le début du confinement.

Évidemment, cette édition du FME était très différente de celle des années précédentes. Tant et aussi longtemps que la Covid-19 rôdera, il sera impossible d’assurer un wall of death en toute sécurité ou de frencher des inconnu.es un peu pompette dans un spectacle à deux heures du matin.

Mais après avoir couvert le festival, les mêmes questions reviennent constamment.

 

Est-ce que c’était quand même le fun? Les restrictions, ça gâche le party?

Difficile de savoir si ce sera généralisé aux prochains festivals ou si tout le mérite revient au FME. Mais une chose est sûre. Oui, c’est possible de passer un super moment dans un festival malgré tout.

L’important, pour les festivaliers, c’est d’y aller pour les bonnes raisons. Les festivals, c’est parfait pour découvrir de la musique. Pour quelqu’un qui souhaitait voir certains artistes en spectacle depuis longtemps, le plaisir était au rendez-vous. Mais pour quelqu’un qui aurait simplement voulu se saouler avec du beat en arrière-plan, l’expérience pourrait être décevante. Oui, il y a de l’alcool sur le site, mais le last call se fait juste avant minuit. Et si vous vous attendez à voir de grandes pointures internationales dans votre région, il faudra redoubler de patience.

* Photo par Christian Leduc.

Gérer le fameux deux mètres

La distanciation sociale était la priorité au FME. Chaque lieu de concert avait toutefois des façons différentes de gérer celle-ci. La scène la plus dystopique était celle aménagée à la Plage Kiwanis. Certains y verraient des enclos à bétail. Pour d’autres, c’était un rare endroit où la danse était permise. L’idée était de créer de petits enclos pouvant accueillir jusqu’à six personnes. On a vu quelques familles avec des enfants en bas âge qui étaient au rendez-vous pour le concert de 19 h des Shirley, avant le grand déluge, et ceux-ci étaient aussi présents pour les autres concerts. Pour elles, l’option d’avoir son propre espace pour danser était probablement la plus agréable.

*Photo par Louis Jalbert

Moins post-apocalyptique, la scène installée au Club de golf Noranda faisait face à une panoplie de longs bâtons de bois colorés, autour desquels les groupuscules se rejoignaient. Ceux-ci étaient suffisamment espacés pour assurer une distance de plus de deux mètres entre les participants. Là encore, il était possible de danser. Il faut dire que le terrain de pratique du golf est très grand, ce qui permettait de faire entrer beaucoup de curieux malgré tout. La capacité des salles de spectacle intérieures, toutefois, a été grandement amputée. Au Petit théâtre du Vieux-Noranda par exemple, les chaises étaient installées en grappes : certaines venaient en paquet de deux, trois ou quatre alors que d’autres étaient complètement seules.

Enfin, quelques concerts, comme les shows cachés FME gratuits sur l’avenue Principale et celui d’Anachnid au Parc botanique à Fleur d’eau, étaient moins exigeants. Ici, les responsables se sont fiés au gros bon sens de la foule. C’est un pari un peu plus risqué, c’est bien certain. Il est possible d’imaginer un chaos total au moindre débordement, voire l’annulation de concerts si les festivaliers manquaient de respect. Heureusement, le comportement du public du FME aura été exemplaire du début à la fin. Le Sors-tu n’a pu couvrir tous les concerts, mais nous n’avons vu aucun incident ou rappel à l’ordre durant notre séjour. Il faudra toutefois attendre de voir comment fonctionneront les prochains festivals à cet égard.

Il y a également la question du masque. Rapidement, le rituel d’enfiler et retirer le masque devient une habitude. Il faut porter celui-ci lorsqu’on se déplace sur le site d’un spectacle, mais il est possible de le retirer une fois installé à sa place. Bref, tant qu’on en garde un dans notre poche de manteau, tout devrait bien se passer.

*Photo par Christian Leduc

L’un des désagréments notoires du festival était l’absence de bracelets permettant de voir l’ensemble des spectacles. Par le passé, le festival fonctionnait presque comme un buffet, où les festivaliers avaient le loisir de se balader de spectacle en spectacle et d’improviser son horaire selon son humeur. Cette façon de faire est toutefois impossible dans le contexte actuel, où le nombre de places est généralement ultra limité. Il fallait donc se procurer des billets à l’avance à la pièce. Le FME a tout de même programmé la majorité de ses artistes pour deux représentations, afin de permettre à un maximum de gens de voir leurs artistes favoris. C’est une idée que l’on espère voir appliquée aux prochains festivals dans la province, alors que les billets s’envolent souvent en quelques minutes seulement.

 

Et la musique, elle?

Reste que le plus important, lorsque les lumières s’éteignent dans la salle et que les artistes prennent la scène, c’est qu’on peut enfin voir de la musique en direct, en personne. Oui, on aurait aimé se rentrer dedans, se défouler, se faire des câlins, se laisser aller. Mais même assis, même isolés, la musique retentit aussi fort. Les décibels, ça fait du bien.

Au concert de Corridor, il m’arrivait de fermer les yeux et de me laisser transporter, assise sur ma chaise.

Durant celui de Backxwash, j’ai pu porter toute mon attention sur le charisme et l’énergie de la rappeuse au lieu de mettre celle-ci sur un mosh pit ou pour gérer un body surf.

Durant le concert de KNLO, tout le monde tapait des mains sur commande : certains avaient même apporté des glow sticks pour se mettre dans l’ambiance.

*Photo par Thomas Dufresne

L’organisation du FME a été absolument impeccable, et les festivaliers l’ont traitée avec respect. Oui, il y a des masques. Oui, il faut attendre que les placiers nous installent. Non, le bar n’est plus ouvert passé minuit. Mais au cœur de tous ces ajustements se trouve notre privilège d’avoir accès à de la musique d’excellente qualité.

Cette année, le FME a été une occasion en or de (re)découvrir des artistes locaux hautement talentueux. Des artistes qui ne l’ont pas eu facile du tout dans les derniers mois, eux non plus. En période de pandémie, alors qu’on craint la deuxième vague, ce privilège demeure très fragile.

Donc oui. Allez voir des festivals et des concerts. Ça vaut réellement la peine. Écoutez les consignes, restez responsables et amusez-vous.

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