La Cenerentola

Opéra de Montréal | La Cenerentola, pari réussi !

L’Opéra de Montréal propose cette semaine, à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, son deuxième opéra de la saison, La Cenerentola, de Gioachino Rossini, un opéra rafraichissant et porté avec beaucoup d’humour par le casting choisi. L’opéra raconte l’histoire de Cendrillon avec cependant quelques petites différences par rapport au conte dont on a l’habitude : la belle-mère marâtre est absente et c’est le père de la jeune fille qui prend cette place, la chaussure de verre est remplacée par un bracelet scintillant et la bonne fée est ici un magicien.


 

Des talents de partout

Pour cette production, l’Opéra de Montréal a choisi un casting très international. Le rôle-titre est magnifiquement porté par la mezzo-soprano canadienne Julie Boulianne. Les deux barytons dans les rôles de Dandini (Vito Priante) et de Don Magnifico (Pietro Spagnoli) nous viennent d’Italie, le ténor Juan José de León dans le rôle de Don Ramiro et la basse Kirk Eichelberger sont tous deux américains et Lauren Margison pour Clorinda ainsi que Rose Naggar-Tremblay pour Tisbe, canadiennes, sont issues de l’Atelier lyrique de l’OdM. Le chef d’orchestre, ainsi que toutes les autres personnes s’occupant de la scénographie viennent d’Espagne.

Il est assez rare de voir un opéra avec des voix aussi égales dans leur qualité et dans leur puissance. Julie Boulianne est absolument resplendissante dans son rôle de jeune femme douce, opprimée et innocente. Elle possède un timbre large, grave et profond mais nous fait également découvrir beaucoup de légèreté dans les passages virtuoses qu’elle relève avec beaucoup d’aisance. Elle est encadrée par quatre voix masculines extrêmement convaincantes : rares sont les fois où les voix masculines passent aussi bien dans la Salle Wilfrid-Pelletier. Les deux jeunes recrues canadiennes furent plus pertinentes dans le deuxième acte que dans le premier où leurs deux voix restaient un peu dans l’arrière de la scène.

opera-cenerentola-montreal-2017-155Ce qu’il ressortira cependant de cette production, c’est l’excellent jeu d’acteurs de tous les chanteurs : complices, ils partagent la scène avec facilité et surtout semblent s’amuser autant que nous. Le spectacle prend l’option d’une présentation très colorée dans les costumes, parfois même grotesques et déjantés, mais cela correspond parfaitement aux jeux d’acteurs caricaturaux et particulièrement humoristiques des protagonistes.

Un seul décor sert d’armature à la pièce mais celui-ci est bien utilisé, notamment par les différents jeux de lumières qui contribuent à donner différentes atmosphères. Six danseurs costumés en rat meublent les quelques longueurs dues à la partition de Rossini en arrachant de grands éclats de rire aux spectateurs. Justement, l’opéra est parfois difficile à négocier car il est bâti sur la formule classique qui alterne récitatif et airs. Le premier acte à lui seul dure d’ailleurs plus d’une heure et demi.

Du point de vue musical, l’Orchestre Métropolitain offre encore une fois une solide base aux chanteurs et beaucoup d’enthousiasme. Les choix de tempi très allants sont productifs pour garder le spectateur éveillé mais aboutissent à quelques endroits à de petits décalages, surtout lorsque les sept solistes chantent simultanément. On a alors un peu de mal à discerner les voix des chanteurs mais encore une fois la mise en scène très réussie nous permet de rester bien ancrés dans la production. À d’autres moments au contraire, la mise ensemble est extrêmement précise et nous permet de faire complètement corps avec le spectacle. La Cenerentola est probablement l’une des productions les plus réussies présentées à l’Opéra de Montréal ces dernières années !

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