Mitski

Mitski au Club Soda | Excentrique et passionnée

Il ne fait pas de doutes : Mitski est arrivée déterminée à donner au public compact du Club Soda un spectacle haut en couleur. Loin de se contenter de simplement jouer les pièces de son dernier album Be the Cowboy, la chanteuse s’est lancée dans une performance qui a su le garder en haleine durant une bonne heure.


D’immobile à investie

Assignée devant trois écrans verticaux qui projetaient des paysages et des designs abstraits, Mitski a d’abord commencé le spectacle complètement immobile sur Remember My Name. Au rythme des chansons suivantes, ses bras, puis ses jambes, ont commencé à s’activer. C’est ainsi que quelques chansons plus tard, elle se met à chanter en parcourant la scène d’un bout à l’autre d’un pas décidé. Les chansons sont plutôt courtes et sont enchaînées rapidement : il faudra presqu’une demi-heure avant que Mitski ne s’adresse à la foule, avec un français aussi approximatif qu’apprécié du public. Rendue à ce moment-là toutefois, la New-Yorkaise aux origines japonaises devient inarrêtable.

En effet, pour le reste du spectacle, Mitski danse autant qu’elle chante. On la voit souvent bouger à 90°, agiter ses bras de façon parallèle et se déplacer de façon méticuleuse. Ses simagrées ne sont pas sans rappeler celles que fait St. Vincent sur scène depuis quelques années. La grande différence toutefois est que cette dernière intègre ces mouvements à un univers surréaliste, où elle joue les dominatrices ou les super-héroïnes. Mitski Miyawaki semble plutôt incarner l’anxiété, le malaise de la vie de tous les jours. Au lieu d’un costume de latex, elle porte une chemise blanche et une longue jupe noire, un accoutrement qui pourrait passer pour celui d’une employée de bureau.

Un crescendo d’une heure

Qu’elle soit pliée en deux, couchée sur le sol ou bien campée au centre de la scène, Mitski livre une bonne vingtaine de chansons tirées de ses trois derniers albums avec l’aide de ses quatre musiciens. La foule semble d’ailleurs friande de son vieux matériel. First Love/Late Spring et Townie de Bury Me At Makeout Creek inspirent le Club Soda au complet à crier les paroles à l’unisson. Your Best American Girl, qui avait séduit la critique en 2016, a également eu droit à un accueil fort chaleureux.

Avec autant de chansons en si peu de temps, le public a peine à reprendre son souffle. Mitski aura toutefois réussi à garder le sien assez longtemps pour envoyer Drunk Walk Home dans la stratosphère. Son personnage sur le bord du burnout succombe alors à tous ses fantasmes en même temps. Mitski se déchaîne devant un public aussi impressionné que stupéfait. Il ne s’agit toutefois pas de la fin du spectacle : trois ballades, dont Two Slow Dancers viennent fermer le bal en beauté et en douceur alors que la foule garde un silence respectueux.

Rares sont les artistes aussi investis et généreux que Mitski en spectacle. Celle qui semble candide et joviale en entrevue devient une véritable machine sur scène, avec un univers bien à elle. Il n’en reste qu’au public de bien vouloir y entrer, à ses risques et périls. Dimanche soir, il ne s’est pas fait prier pour y sauter à pieds joints.

The Overcoats

C’est le duo électro-pop américain The Overcoats qui avait la lourde tâche d’ouvrir les festivités. Si Hana Elion et JJ Mitchell ont mis un peu de temps avant de se mettre en marche, les deux filles ont fini par prendre pied et laisser une bonne impression.

Un peu à la manière de Milk & Bone, les deux artistes chantent chaque chanson d’une même voix. Une seule musicienne, installée derrière une batterie électronique, les accompagne sur scène. Visuellement, le résultat laisse un peu perplexe : il y a en effet quelque chose de déconcertant lorsqu’on entend des bruits profonds de gros tambours être activés par des coups retenus sur un instrument synthétique. Le duo semble toutefois avoir choisi de garder son meilleur matériel pour la fin de son court passage. Une nouvelle chanson, prévue pour un éventuel second album, réveille enfin la foule. C’est qu’après autant de chansons faites un peu sur le même ton, c’est assez rafraîchissant d’entendre les deux filles crier un peu avec énergie. S’il ne faisait pas de doute que la chimie passait très bien entre les deux chanteuses dès le départ, il aura fallu plus de temps avec que le courant passe avec le public.

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