Ragnarok

MESSE DES MORTS VIII | PSAUME I: Tempêtes infernales islandaises et norvégiennes

Belle qualité de groupes en ce vendredi soir, avec une claque de Ragnarok pour rappeler ce qu’est le black metal pur et dur, et un spectacle plutôt hallucinant de Mysticum qui magnifie le Théatre Paradoxe où les groupes sur scène utilisent les mêmes croix que sur les murs, mais pas dans le même sens…


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Et nous voici à nouveau dans cet endroit magnifique, le Théâtre Paradoxe, qui voit son nom transcendé dans le plus beau des blasphèmes: l’ancienne Maison de Dieu qui se transforme pendant deux jours en antre du Diable.

C’est Catacombes qui ouvre le bal, projet apparemment né en France. Le trio s’en sort très bien avec ses riffs de guitare aigus et mélodiques, des touches scandinaves non sans rappeler un peu Sargeist, tout en gardant un côté primitif et écorché dans le chant : une bonne découverte.

On passe sur la Côte-Nord avec des habitués du festival, les irrévérents Neige Eternelle et leur désormais célèbre « Allez chier Montréal ! ». Le groupe s’indigne du silence du public, et peut-être qu’il est trop tôt pour eux et leur attitude punk. Mais ça ne les empêche pas de livrer une bonne performance musicale, leur true black glacial rentre au poste : ils auraient certainement mis plus d’ambiance en tête d’affiche de la Génèse, avec plus de bière et de crasse.

La barre monte d’un cran avec Délétère. Bien en place et avec un bon son, la horde de Québec défend avec brio son dernier et remarquable album De Horae Leprae. Des compositions travaillées, deux guitares bien complémentaires et un chanteur hargneux à souhait qui occupe bien la scène : Délétère se répand comme la lèpre et continue à monter dans les valeurs sûres du métal noir québécois. La salle commence à être bien remplie et le groupe remporte un franc succès.

Place à un autre évènement attendu : la performance de Misere Luminis, dont la dernière apparition remonte à plusieurs années. Une collaboration qui réunit les projets Gris et Sombres Forêts dans un album atmosphérique et mélancolique. Les visages des musiciens sont figés par des genres de masques vénitiens dorés, alors qu’un rayon de lumière vient éclairer la pochette de l’album en fond de scène : une simple mais remarquable mise en scène qui nous plonge dans leur univers. Misere Luminis livre une des prestations les plus envoûtantes et atmosphériques du festival, interprétant les pièces de l’album aux touches presque progressives, finissant en force avec trois guitares et deux chanteurs, un beau line up sur scène.

On passe de l’autre côté de l’Atlantique et sur une petite île volcanique pour la première prestation à vie en dehors d’Europe de Svartidaudi. Un des fers de lance du black metal islandais qui vient nous emporter dans sa puissance mystique, chaotique et méditative. Sombre et mouvant dans des dissonances et résonances sorties d’outre-tombe, déterrant leur Flesh Cathedral, Svartidaudi nous hypnotise dans un black metal profond et hanté. Pas de chance pour le guitariste qui casse une corde dès le premier morceau et passe le reste de la chanson à accorder la guitare qu’on lui prête, mais le groupe maintient son cap et livrera une performance remarquable.

La dose de musique atmosphérique étant digérée, il est maintenant temps de rappeler ce qu’est le black metal dans sa grande tradition. Rien de tel que le retour à Montréal des Norvégiens de Ragnarok qui viennent nous mettre une bonne claque de brutalité sans fioritures. Des grosses croix inversées, des corpses paint, des trolls norvégiens massifs qui crachent du sang et balancent des riffs rentre-dedans : Ragnarok est venu nous rappeler une définition du black metal traditionnel. Le groupe nous sort même Pagan Land du premier album. Les grands moments restent l’excellent Murder, et la conclusion avec l’inévitable Blackdoor Miracle et son riff torturé qui vient finir de nous clouer à l’envers.

On reste en Norvège mais on change de registre pour la tête d’affiche puisque c’est Mysticum qui conclue avec son black metal industriel. La grande est scène est vidée et un immense écran projette des images en noir et blanc, une mise en scène travaillée en accord avec un jeu de lumières hallucinant et épileptique. Des projecteurs sont déployés juste pour le groupe et balayent l’immensité des plafonds gothiques de l’église pendant que l’écran affiche des images sataniques et psychédéliques : le LSD version infernal. On aime ou on aime pas, mais on doit reconnaître la puissance du groupe, et surtout le spectacle visuel assez génial, pendant que le trio nous matraque les hymnes de In The Streams Of Inferno. Aggressif et malsain à souhait. Dommage que le batteur soit resté pris à la douane… mais ça reste impressionnant pour du black métal avec boîte à rythme, un des groupes industriels les plus violents qui aient existé, le culte vit encore.

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