Ludovico Einaudi

Ludovico Einaudi – Elements (****) | De la simplicité à la luxuriance aller-retour

Ludovico Einaudi - Elements Ludovico Einaudi Elements

Le compositeur italien Ludovico Einaudi poursuit son exploration musicale inspirée de la nature avec Elements : un disque brillant, étourdissant de beauté, qui passe de la mystérieuse discrétion aux élans luxuriants.

Véritable succès d’estime à l’international, son précédent In A Time Lapse, paru en 2013, puisait déjà son inspiration de la nature afin d’en créer une oeuvre musicale dramatique et chargée émotionnellement.

En ce sens, Elements poursuit dans cette veine, même si on y propose une approche plus cérébrale. L’artiste cite ses inspirations : « les mythes de la création, le tableau périodique, la géométrie d’Euclide, et les écrits de Kandinsky; la matière des sons et des couleurs, les pousses d’herbes dans les champs, la forme des paysages ».

L’auditeur qui ne possède pas ces clés de compréhension n’y verra que du feu : la beauté de la musique fait le travail sans problème. Mais lorsqu’on garde en tête ces axes de pensées, les images que les différentes pièces d’Elements nous suscitent prennent une nouvelle forme. L’album devient alors une sorte de trame sonore de la vie sur Terre, dans ses expressions les plus simples et les plus complexes. On y comprend une fascination pour l’infiniment petit et l’imposante force de la nature.

Chaque pièce a pour charpente des mélodies de piano généralement assez simples, souvent répétitives, autours desquels montent en épingle des arrangements époustouflants, comme une magnifique tempête qui emporte tout sur son passage, puis replace doucement chaque élément à sa place.

Au sens propre comme au figuré, Whirling Winds en est peut-être le meilleur exemple : l’élégante mélodie, comme un délicat ballet de notes à la rythmique élastique, devient un genre de grande danse enivrante entre le piano et les cordes.

Les outils pour y parvenir dénotent une ouverture d’Einaudi envers les approches contemporaines, même s’il s’agit ultimement de compositions classiques : s’ajoutent au piano des cordes, des percussions, de la guitare et des instruments électroniques.

Petricor débute l’album sur une note convaincante, avec le violoniste sud-africain Daniel Hope au côté de la troupe officieuse d’Einaudi. Du côté de Twice, la rythmique cliquette comme les aiguilles de l’horloge (ou comme un métronome), créant une tension derrière les accords gracieux du Steinway.

L’album se conclut de manière poignante sur la courte et nostalgique Song For Gavin, qui se contente du piano, sans arrangements autres, et nous rappelle le talent brut de mélodiste du grand compositeur.

Tout simplement sublime.

À écouter : Elements, Petricor, Whirling Winds, Twice.

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