Ballet BC

Le retour attendu du Ballet BC à Montréal | 3 femmes chorégraphes d’exception

Fort de son corpus impressionnant de 18 danseurs, le Ballet BC de Vancouver que le public montréalais a découvert avec ravissement il y a deux ans, revient dans le cadre de Danse Danse avec un programme triple confirmant l’envergure mondiale de trois femmes chorégraphes d’exception : Emily Molnar, Crystal Pite et Sharon Eyal.

La soirée au Théâtre Maisonneuve de la Place des arts commence avec 16 + a room que chorégraphie Emily Molnar, l’actuelle directrice artistique de la compagnie. Également danseuse soliste ayant travaillé avec William Forsythe au Frankfurt Ballett, aussi bien qu’au Ballet national du Canada, Emily Molnar propose un vocabulaire dansant bien à elle. Sans autre décor que les effets d’éclairages, la pièce se joue en demi-teintes et en fines couches par ses danseurs aux costumes sombres.

Grands jetés de jambes et vastes ouvertures des bras et des épaules décrivent bien l’articulation de son travail inspiré par les textes des poétesses Jeannette Winterson et Emily Dickinson. Un brin froide par moments, l’exécution des danseurs est appuyée par une trame sonore rappelant le bruit que fait un hélicoptère en plein vol. L’image forte de ces 16 danseurs, se tenant debout parfois sans bouger sur cet immense plateau, est des plus évocatrices.

Mais la chorégraphie la plus chaudement applaudie de la soirée revient à Crystal Pite avec son Solo Echo qui n’en est pas un. Aussi bien interprète qui a travaillé tant avec le réputé Nederlands Dans Theater que chez les Ballets Jazz de Montréal, Crystal Pite vit une histoire d’amour avec le public montréalais qui la place sur un pinacle. Et pour cause, Solo Echo atteint le sublime avec l’inventivité de ses mouvements qui explorent l’élasticité des corps des danseurs aussi bien que leur retenue. Deux sonates de Brahms interprétées par le grand virtuose du violoncelle Yo-Yo Ma viennent ajouter du merveilleux à l’ensemble. Comme une douce mélopée induite dans les corps agglutinés des danseurs.

En fin de programme, celle qu’on appelle l’impétueuse Sharon Eyal nous présente Bill qu’elle avait créée pour la Batsheva Dance Company d’Israël avec son fidèle complice Gai Behar. Cette fois, les danseurs sont vêtus de justaucorps moulants de couleur chair dégageant une forte aura de sensualité ou, pourrait-on dire, de raffinement sensuel. La scène est balayée par les éclairages aux couleurs vives donnant à la composition un accent tribal et festif. Plutôt que devant des danseurs qui souffrent et suent, nous sommes placés devant des danseurs qui ont manifestement du plaisir à séduire le public.

Le seul reproche que l’on pourrait faire à ce spectacle éblouissant de Danse Danse vient des deux entractes de 20 minutes entre les performances. Cela fait 40 minutes d’entracte pour 67 minutes de show, alors que simplement deux pauses nous auraient mieux permis de rester concentrés sur la grande beauté de l’élan artistique du Ballet BC.


* Ballet BC sera présenté au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts jusqu’à ce samedi 8 avril. Détails par ici.

** Photo entête (16 + a room) © Michael Slobodian.

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