crédit photo: Pierre Langlois
Orchestre Symphonique de Montréal

La 90ième saison de l’OSM célébrée au son de la 7ième de Mahler dirigée par Maestro Payare

Mardi soir, l’OSM soulignait ses 90 ans en conviant les spectateurs dans les foyers de la Maison symphonique afin de découvrir des archives et artéfacts inédits, alors qu’une exposition célébrant les 90 ans d’histoire de l’Orchestre symphonique de Montréal y était présentée. La soirée anniversaire se poursuivait ensuite avec un concert intitulé Rafael Payare dirige la Symphonie no 7 de Mahler!

Mais avant toute chose, le Concerto pour violon no.1 opus 35 de Szymanowski était la pièce qui débutait le concert. Pour ce concerto inspiré d’un poème de Tadeusz Miciński, Nuit de Mai, la scène était peuplée d’une quantité considérable de musiciens ce qui est plutôt inhabituel.

Également, le piano et les cloches furent très présents dans cette pièce qui était pourtant un concerto pour violon. On a pu retrouver la soliste qui a fait son entrée dans les aigues. Celle-ci semblait bien s’accorder, c’est le cas de le dire, avec le premier violon de l’OSM lorsqu’ils partageaient certaines mélodies.

Bien honnêtement, cette pièce singulière et évanescente, dans laquelle aucune mélodie ne reste en tête, n’a pas su vraiment me toucher. Ce n’était pas désagréable mais le résultat en salle était peu vibrant malgré les efforts déployés par la soliste. En effet, le jeu très investi de Simone Lamsma était quand même délicat et intéressant à voir. Payare, dont la direction s’est avérée plutôt discrète pour cette portion du concert, s’est assuré de ne pas assourdir la soliste avec un trop lourd accompagnement orchestral. Celui-ci malgré le nombre impressionnant de convives était à sa juste place.

La virtuosité de la soliste était certainement audible dans les éléments lyriques. Elle eut l’air un instant de « jammer » avec l’orchestre dans les bribes plus syncopées du concerto.

Enfin, on a pu voir l’étendue du talent de Simone Lamsma dans une cadence d’une grande justesse vers la fin du concerto.

Spectaculaire Mahler

La deuxième partie du spectacle fut consacrée à la 7ième symphonie de Mahler. Quelle oeuvre, a-t-on envie de dire après tout ça!

C’est franchement difficile à décrire puisqu’il s’agit à mon sens de cinq tableaux impressionnistes desquels on pourrait résumer : fallait y être !

Mais bon, si je décris mon expérience, commençons par le premier mouvement,  Langsam. L’ayant beaucoup écouté avant d’y aller, j’ai trouvé la version Payare plutôt rapide, avec bien du pep dans le soulier. Une direction précise et affirmée.

Les cuivres ouvrent le bal dans ce mouvement et mène pas mal la parade. C’est un mouvement qui a quelque chose de grotesque, si j’ose dire, avec ces nombreuses marches joyeusement lugubres.  Les percussions bien présentes et enthousiasmées par le tempo de Payare ont rendu ce mouvement très intéressant. Mention pour le gracieux solo du premier violon en ce premier mouvement. Celui-ci a vraiment fait bonne figure chaque fois qu’il avait l’occasion de le faire, nommons le, Andrew Wan.

La harpe a également ajouté un peu de féérie et de magie à ce mouvement suivi des violoncelles.  De la très belle musique que Maestro Payare a su mettre en valeur.  Ce mouvement très mélodieux s’est terminé en course effrénée au son triomphant des percussions.

Le second mouvement Nachtmusik, qui inspirerait le clair-obscur, était à mon sens le moins intéressant des cinq mouvements de cette symphonie. Les cors français entament savamment ce mouvement puis s’entrelacent champs et contre-champ des diverses sections de l’orchestre. Les contrebasses dans cette partie ont fait bonne figure.

Cependant, j’ai été plutôt incommodée par les cloches à vache. Je me suis demandé si on avait pas échappé de la vaisselle! BREF, des bouts plutôt harmonieux côtoyaient des moments douteux incarnés par des percussions dérangeantes.  Ce phénomène est très étrange car je n’avais jamais entendu ces éléments distincts dans les enregistrements que j’ai entendus. Comme quoi ces fichiers compressés qu’on entend n’ont rien à voir avec les versions orchestrales que nous offre ce type de concerts.

Le Scherzo, la fameuse danse macabre que j’affectionne tout particulièrement dans cette symphonie est le plus agréable des mouvements à mon avis. Il s’agit d’une valse semie épeurante. Payare l’a fait débuter vraiment en sourdine, ce que j’ai trouvé particulier initialement.

Cependant le contraste s’avère  donc plus grand avec certains segments du mouvement.  C’est le festival des ­­«pizz», pincements de corde et des «glissandi» , sorte de glissements sur les cordes.  Encore une fois, le premier violon s’est vraiment distingué dans son solo. Très exigeant pour les cordes, ils étaient tous sur le bout de leur chaise à suivre Payare du bout de la baguette.

Le quatrième mouvement, Nachtmusik, qui fut d’ailleurs composé en même temps que l’autre est beaucoup plus harmonieux et agréable. Il met en vedette la guitare et la mandoline. N’est-ce pas étonnant dans une symphonie?

Toujours est-il que malgré toutes mes écoutes de l’oeuvre, je n’avais vraiment pas réalisé. Encore une preuve que l’écoute de musique sur les plateformes numériques escamote quelques petits éléments qui ne sont pas de l’ordre du détail quand même! Bref, c’est pas la même pièce version live, disons ça comme ça.  Abordé avec un tempo plus lent que ce que j’ai entendu jusqu’à maintenant, c’était un plaisir d’entendre tout ce qui s’y passait. Magnifique musique de nuit dont les airs romantiques m’ont fait oublier la cloche à vache du deuxième mouvement.

Le Rondo final en majeur, quoique de sonorité triomphale, était plutôt déroutant. Bruyant, initialement, il était plein de ruptures. La structure complexe rend gloire à l’originalité de l’oeuvre. Les moments paisibles côtoient des dissonances inquiétantes et l’augmentation brusque du tempo bouscule parfois l’auditoire. Les gens étaient cependant plutôt attentifs aux faits et gestes de Payare visiblement enthousiaste devant une telle partition à transmettre. Après ce marathon, Maestro Payare s’est évidemment mérité une longue ovation. Cela promet pour cette 90ième saison.

* Photo par Antoine Saito

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