Klô Pelgag au Club Soda | Le fruit de son travail

Ce samedi, Klô Pelgag mettait fin à deux ans de tournée pour son premier album L’Alchimie des monstres, paru en septembre 2013. Dès notre arrivée au Club Soda, qui affichait complet depuis quelques semaines, une carte d’invitation à sa société secrète nous était remise, ce qui nous indiquait déjà que l’auteure-compositrice nous réservait bien d’autres surprises. Pour son ultime spectacle (de ce chapitre de sa carrière, rassurez-vous), Klô nous a fait vivre plusieurs moments de folie. 

 

Réchauffer l’absurde

C’est Stéphane Robitaille qui assurait la première partie avec sa guitare : « Vous pensiez que Klô Pelgag, c’était une fille, hein? ». Accompagné de son contrebassiste Luke Dawson,  ils nous interprètent des chansons de son album Fuck You mon amour, qui mélange one nights, régie des logements, changements climatiques et misère, ce qui réchauffait bien la salle niveau absurdité.

C’est Robert Nelson, l’homme aux cheveux d’Alaclair Ensemble, qui prend le relais en chest dans un panier d’épicerie. Accompagné d’une musique épique, il se met à engloutir banane, kiwi, fruit du dragon. Il lève chaque fruit en l’air pour faire réagir la foule, de plus en plus impressionnée de le voir entreprendre le défi de croquer directement une orange, un ananas ou un melon d’eau. On applaudit ensuite le gars de la moppe qui vient ramasser les dégâts. C’est là qu’on a compris qu’on ne devait pas se poser trop de questions.

 

Salade de fruits

S’ensuit Le Silence Épouventail, sans Klô Pelgag. C’est un personnage qui apparait, vêtu du costume de squelette qu’on connait si bien et d’une tête géante de Klô, qui joue sur le piano à queue enseveli de fruits et de lumières. Avec une mise en scène fruitée signée BAZ, ça a dû coûter cher en bananes.

La vraie de vrai Klô arrive ensuite sur Comme des rames en version enjouée. Elle portait également le squelette, aux côtés de ses cinq musiciens de tournée, déguisés en fruits. Le résultat complet ? Squelette au piano, raisin au violoncelle, avocat au violon, banane au violon alto, orange à la contrebasse, et melon d’eau aux percussions. Plus tard s’ajouteront kiwi, pomme grenade et fraise aux claviers, saxophone et guitare électrique.

Klô nous avoue dès le départ que la soirée serait émouvante pour elle et ses huit acolytes. Ça respirait quand même le bonheur sur scène, évidence quand on se retrouve en pleine salade de fruits. Le décor frôle la fantaisie. Sur Corbeaux, une lune géante apparait, où y est projeté l’ombre de Klô. Sur Le soleil incontinent, la lune se transforme en coucher de soleil, pour laisser place à trois bananes gonflables. 

C’était un univers qui suscitait l’imaginaire également du côté performance. Qu’on la retrouve au piano, à la guitare ou mains nues du haut de sa trampoline, elle nous garde attentifs avec des variations inattendues dans sa voix, la musique et le rythme, comme pendant une version presque reggae du Dermatologue, qu’elle nous décrit comme une chanson cochonne.

Le Défi Têtes Rasées de LEUCAN

C’est sur Valse de Melody, une reprise de Serge Gainsbourg, que Klô s’installe sur une chaise pour laisser la fraise prendre le rôle de chef d’orchestre. On devine qu’elle s’apprête à se faire raser les cheveux. Coup de théâtre : c’est le même personnage avec une tête de Klô géante qui revient avec les ciseaux. C’était comme si elle s’auto-coupait les cheveux : du génie.

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Cette dernière lui tresse les longs cheveux, et la foule applaudit en guise de félicitations quand vient le temps de les couper. Klô prend ensuite plaisir à suivre la machine à tondre avec son micro. Comme elle nous l’avait mentionné en entrevue, elle entreprenait le défi pour la cause, mais également pour se détacher de l’image de beauté imposée aux artistes. Encore une fois, on applaudit le gars de la moppe qui ramasse le tout. 

Elle quitte la scène subitement pendant que deux personnages avec grosses têtes lançaient des fruits à la foule. Elle est de retour dans un costume indescriptible mais rouge, qui recouvrait sa tête avec un (genre) de scaphandre. C’est un costume de Lan Ghoa, qu’elle compte garder pour le prochain album. Ce changement de costume marquait sa transition vers un autre univers, celui du trou noir qu’est le travail de création de son deuxième album.

 

Finir ses fruits

Assez silencieuse lors de la précédente partie du spectacle, elle nous revient bavarde, et nous raconte ses anecdotes habituelles qu’on aime tellement. Elle confie notamment qu’être chauve, ça la rapprochera des gens comme Martin Matte.

Tout se termine avec La Fièvre des fleurs. La foule qui chantait déjà les refrains de toutes les chansons l’accompagne du début à la fin : c’est définitivement la chanson qui nous marque le plus du premier ouvrage. Elle quitte la scène sous des tonnerres d’applaudissements : « Merci d’avoir fait de cette salle une salle pleine ».

C’est le rappel qui nous a laissé sans mots : un duo avec Antoine Corriveau pour la chanson Les yeux du coeur, une reprise de Gerry Boulet. Deux musiciens passent de fruits à monstres de poils. L’un d’eux se fait éclater la tête par le violon de la banane. Celle-ci se met à faire du crowdsurfing, sous des canons à confettis qui projetaient…DE L’ARGENT CANADIAN TIRE, sous un party de stroboscopes.

C’était une ultime soirée qui impressionnait, digne de l’univers qu’on lui connait. C’était rempli de talent, de moments dramatiques ou naïfs, et de belles histoires à emporter. Les neuf musiciens étaient beaux à entendre, il fallait y être. Klô Pelgag, c’est notre sentiment préféré.

 

Grille de chansons

1. Le silence épouvantail
2. Comme des rames
3. Tunnel
4. Corbeaux
5. Le soleil incontinent
6. Le dermatologue
7. Nouvelle chanson
8. Nicaragua
9. Nouvelle chanson
10. Valse de Melody (Reprise de Serge Gainsbourg)
11. Taxidermie
12. Rayon X
13. Nouvelle chanson
14. Pégase (Reprise de Thomas Fersen)
15. La fièvre des fleurs

Rappel

Les yeux du coeur (Reprise de Gerry Boulet)