crédit photo: Jesse Di Meo
Judas Priest

Judas Priest à la Place Bell | L’artillerie lourde

Les légendes du heavy metal anglais fêtaient leurs 50 ans (52 avec le décalage pandémique) sur cette tournée et avaient sorti le grand jeu pour l’occasion. Gros décor de scène et effets de lumière, menés par un incroyable Rob Halford dans une setlist intéressante et variée faisant la part belle à l’album Painkiller. Un rappel monumental, malheureusement sans apparition de Glenn Tipton comme sur le reste de la tournée. Retour sur un lundi soir lourd en métal et en décibels.

 

Queensrÿche en entrée de jeu

C’était les Américains de Queensrÿche qui avaient l’honneur d’ouvrir le bal, autre survivant des bataillons heavy metal du début des années 80. Le quintet mené par l’excellente voix heavy de Todd La Torre puise dans ses classiques, envoyant Warning en deuxième. Si on ne peut pas nier l’efficacité du groupe avec des riffs de qualité, deux guitaristes remarquables, leur prestation s’essouffle un peu vers la fin. Notamment à cause d’un son très moderne en général et presque trop fort et aggressif.  Le tout est séquencé avec des effets, quelques samples, et joué au métronome, un spectacle réglé au millimètre faisant un peu manquer de vie et de dynamique au tout. Queensrÿche s’en sort avec les honneurs, mais sans transcender.

 

Place à Judas Priest

La Place Bell est maintenant très bien remplie, alors que les abords de la salle semblaient plutôt tranquilles, et qu’on se demandait si un groupe comme Judas Priest un lundi soir post-pandémique sur la Rive Nord allait pouvoir attirer assez de monde. Force est de constater que le heavy metal est toujours relativement fort et pas encore mort.

Les lumières s’éteignent et un immense logo Judas Priest illuminé descend du plafond, planant au dessus de la scène : le ton est donné, niveau scénique, les anglais n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère. Dans un décor style usine désaffectée avec cheminées et barils fumants, les musiciens marchent sur scène sous une énorme ovation, et ouvrent le bal avec One Shot a Glory, suivi du récent Lightning Strike : un début un peu à contrepied avec des titres moins phares ou classiques.

Il faut attendre le troisième morceau pour rentrer dans le vif du sujet et enfin faire chauffer l’acier anglais des années 80, avec You’ve Got Another Thing Coming suivi de Freewheel Burning et l’irrésistible Turbo Lover.

Si on en prend plein la vue avec aussi un excellent lightshow, le son n’est pas incroyable.  Surtout au début du concert où l’emphase est très forte sur la voix de Halford, avec de forts effets par moments, les guitares étant au second plan, et même la batterie. Le tout sera mieux balancé au milieu du spectacle, et c’est peut-être une question de perspective en étant plus sur le côté de la scène, mais dans une salle toute neuve comme la Place Bell et un groupe de cette ampleur, on est en droit d’attendre un peu mieux.

 

Monsieur Halford & Co

Du côté des six cordes, Ritchie Faulkner nous régale, prenant la majorité des solos, faisant bien hommage à l’esprit de K.K Downing avec sa chevelure blonde et ses guitares en V. De l’autre côté de la scène, le guitariste live Andy Sneap fait très bien son travail, mais reste discret avec un peu moins de présence. Collé devant la batterie avec le même move depuis 1970, Ian Hill tient la basse d’une main de fer et assure la couche de métal pour solidifier le tout.

Mais l’essentiel, c’est bien d’avoir sous les yeux cette légende vivante qui fêtera 71 ans cet été : Rob Halford. A

rpentant la scène sans relâche, l’homme à la barbe blanche dégage une prestance indéniable, d’une assurance et d’un charisme lui faisant tenir les milliers de personnes au bout de ses doigts gantés de cuir. On ne peut qu’être impressionné par sa performance vocale et son timbre de voix reconnaissable entre milles.

Même s’il se repose forcément dans certains endroits en faisant chanter le public et en parlant certains pré-refrains au lieu de les chanter, mais qui en ferait autant après 52 ans de carrière? Tout en ayant la classe, changeant de vestes à clous, à franges ou à patches tous les deux morceaux, en débarquant sur scène en moto, fouet à la main, pendant le rappel?

Priest nous sort enfin un morceau du premier album pour fêter ce cinquantenaire de musique avec le plus hard rock Rocka Rolla, qui fait sensation dans la salle. La tension semble baisser un peu avec la suite, et des morceaux variés dans les époques, pas forcément des grands classiques, mais du mid-tempo qui enflamme parfois moins la foule.

Briser la loi: un final explosif

Scott Travis prend le micro derrière sa batterie pour nous demander quel morceau on voudrait entendre, avant d’enchaîner avec l’intro de batterie à double pédale la plus célèbre du heavy metal et de marteler le classique Painkiller, qui voit un Rob Halford courbé en deux assurer le chant plus agressif de ce morceau explosif qui fait lever toutes les tribunes.

Mais c’est le rappel qui enfoncera le clou métallique avec Hellion Eletric Eye, et un des riffs les plus efficaces et classique de la NWOTHM. Et puis les lumières s’éteignent, un bruit de moto se fait entendre, et Monsieur Halford d’arriver sur scène en moto, casquette de police, lunettes de soleil et fouet en cuir à la main pour lancer Hellbent For Leather. Baromètre de badassitude: explosé.

Sans pause, le groupe enchaîne le classique des classiques Breaking The Law, qui verra finalement le parterre assis et bien rangé briser la loi, puisque certains spectateurs un peu trop enthousiastes au goût de la sécurité se font sortir brutalement de la salle, mettant un peu d’action dans leur vie. Se mettre contre la barrière avant et headbanguer devant son groupe de metal préféré en se laissant transcender par la musique, apparemment c’est interdit aujourd’hui. Il faut rester debout derrière la ligne jaune et filmer avec son téléphone.

Mais Priest n’en a pas fini et délivre sa cartouche finale: Living After Midnight, et l’apparition d’un…taureau gonflable géant? Apparemment un hommage au « Bull Ring » de leur ville natale de Birmingham, une référence qu’il n’est pas facile d’avoir, l’effet de surprise est donc réussi.

Lancer de baguettes et médiators, Judas Priest tire sa révérence et salue la foule conquise. Cependant, une déception plane pour beaucoup : la présence du guitariste original Glenn Tipton. Atteint de la maladie de Parkinson depuis 2018, le musicien était néanmoins présent sur cette tournée pour jouer les 4 dernières chansons, et il semblerait qu’il ait joué sur la majorité des dates aux USA, mais pas au Canada. Dommage, nous privant aussi du classique Metal Gods joué avec Tipton.

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