crédit photo: Sebastian Sevillano
Gab Bouchard

Gab Bouchard à L’Esco | Les Graffignes au microscope

Dans le cadre du 24e anniversaire de L’Escogriffe, l’établissement présente un éventail de spectacles dans le courant du mois de mars. La grosse pioche de la série : Gab Bouchard le fougueux, le talentueux, en pleine ascension ces dernières années.

L’Esco est rempli et serré, L’Esco a chaud. Peut-être un peu moins qu’en septembre dernier quand il avait accueilli le retour enflammé des cinq gars derrière Karkwa, mais le bar semble toujours obligé de composer malgré lui avec les aléas d’une ferveur comme telle.

Après une introduction brumeuse et psychédélique, Gab Bouchard et ses musiciens gagnent la petite scène de L’Esco et entament sans tarder le succès Dépotoir, tiré de son dernier album, Grafignes, paru il y a un an et demi. Tiens, du Gab Bouchard diffusé dans les puissantes enceintes de L’Esco, mais provenant réellement de ses doigts et de sa voix, pas d’une playlist jouée dans l’endroit pendant un habituel et classique vendredi dansant. Les personnes présentes, en plus d’avoir déboursé un prix plus qu’abordable au vu de la stature de l’artiste, peuvent réellement dire qu’ils sont des « p’tits chanceux ».

Un constat après quelques chansons : nous avons affaire à des chanceux, oui, mais encore plus à des passionnés. Les personnes dans l’établissement, surtout celles présentes dans les premières rangées, chantent religieusement les paroles des chansons de l’artiste. Des passionnés, des connaisseurs, des Boucharfties (les Swifties de Gab Bouchard, vous l’aurez compris…).

Après Remède, Gab Bouchard s’adresse rapidement à la foule dans l’une de ses rares interventions, confessant que jouer à L’Esco, c’est l’un de ses fantasmes depuis longtemps. Voir Gab Bouchard à L’Esco l’est sûrement aussi pour bon nombre de personnes présentes dans le public de cette fameuse caverne rue Saint-Denis, tant l’intimité de l’endroit semble à des années-lumière de la grandeur du MTelus. Gab Bouchard avait interprété devant l’ancien Métropolis sold-out une vingtaine de titres en novembre dernier. Faisons les maths, en fait : 200 personnes à L’Esco, contre 2300 au MTelus. C’est plus de 11 fois moins pour la caverne du Plateau.

Du Gab Bouchard, on dirait que ça s’écoute mieux en hiver, quand le soleil se couche encore avant 18h. Parler de pilules, de peine d’amour, d’alcool et de suicide, ça ne te frappe pas de la même manière sur la grande scène des Francos quand il fait 25°C à 20h, éclairé à souhait. Tu reçois mieux ces paroles et le désespoir de Gab Bouchard, autour duquel il a façonné son univers ces dernières années, quand il fait froid et lorsque le moral est au plus bas. Quand tu ne vois (littéralement) pas de lumière autour une majeure partie de la journée, quand tu t’épuises à remettre le même manteau jour après jour dans l’épuisante morosité grandissante.

Arrêtons par contre tout de suite ce petit épisode pessimiste, nous sommes déjà au milieu du mois de mars. Les beaux jours arrivent, ces éclats de fraîcheur printanière commencent déjà à se faire ressentir. « Demain ça ira peut-être mieux », chante Gab Bouchard dans le même esprit sur Neige.

Gab Bouchard sait secouer le sol et attendrir les cœurs, les mélodies puisent dans le folk, la pop, le rock et le country. Les musiciens sont bons, ils se permettent de longs segments instrumentaux dépeignant une réelle technique de chacun. Le public a droit à un vrai spectacle bien ficelé et professionnel. Gab Bouchard puise dans ses deux albums, Triste pareil et Grafignes, plutôt homogènes dans les instrumentations et les thèmes abordés. Homogènes, mais très riches, la carrière promise à ce Saguenéen dans le milieu de sa vingtaine est belle et fructueuse.

Après une heure, Gab Bouchard et ses musiciens quittent la scène de L’Esco. Quelques secondes s’écoulent, avant que des vagues d’« olé olé » chaudement lancées par le public rappellent la bande pour trois derniers morceaux : Roses, Tu m’connais trop bien, évidemment, et Trou d’eau. Un signe de peace apparaît sur les doigts de Bouchard pendant qu’il quitte pour de bon la scène, l’artiste donne rendez-vous à son public pour une prochaine fois.

On sera là.

Grille de chansons

  1. Dépotoir
  2. Remède
  3. Étoiles
  4. Tête vide
  5. C’est cool
  6. Grafignes
  7. Neige
  8. Une valse pour toi
  9. Pas grave
  10. Toutes les filles sont belles
  11. Même si

Rappel

  1. Roses
  2. Tu m’connais trop bien
  3. Trou d’eau

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