Festival FME

FME 2013 | Hommage à la qualité d’écoute du FME

À chaque année, il y a un paradoxe qui saute aux yeux après quelques jours au FME. D’une part, le festival abitibien propose une programmation riche, qui incite au butinage : quinze minutes par-ci, puis on traverse par-là pour une demi-heure et ainsi de suite, du souper aux petites heures du matin. Mais en dépit de cette frivolité encouragée, la grande force du FME passe par le soin accordé aux spectacles, et à la qualité d’écoute qui en résulte.

Photo par Marc-André Mongrain.

Photo par Marc-André Mongrain.

Vous ne trouverez pas un festivalier à Rouyn qui ne se plaindra pas de la chaleur intense à l’intérieur des salles. Particulièrement à l’Agora des Arts : une ancienne église convertie en sauna vapeur / salle de spectacle. Sauf que les saunas vapeur, ça ne sent pas la sueur.

Et pourtant, on y retourne tête première. Pourquoi ?  Parce que les spectacles qui y sont présentés sont magiques. La sono est exceptionnelle. Le lieu incite au recueillement (c’est une ancienne église, après tout). Les meilleures conditions sont réunies pour vivre la meilleure expérience de concert possible. La totale.

C’est toujours bondé dans l’Agora des Arts, lors du FME. Mais les organisateurs insistent pour conserver des centaines de chaises sur le parterre, même s’il rentrerait davantage de spectateurs sans ces sièges disposés en rangées.

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Forêt. Photo par Marc-André Mongrain.

Sauf exception d’une poignée de jeunes fans de Groenland et de quelques toqués de Suuns, rares sont les festivaliers qui viennent y danser. À l’Agora des Arts, on écoute attentivement l’histoire que la musique nous raconte, avec un respect total de l’expérience musicale proposée.

Pas surprenant, donc, que Forêt y ait donné son meilleur spectacle à date (ce n’était tout de même que son cinquième en tout, depuis le début de cette aventure) et qu’Émilie Laforest ait exprimé, dix fois plutôt qu’une, à quel point c’était « agréable de jouer ici ».  Elle n’avait pas à le mentionner, on le devinait aisément en les écoutant jouer.

Pas étonnant non plus que les musiciens de Groenland avaient le sourire fendu jusqu’aux oreilles tout au long d’une prestation vraiment entraînante, ou qu’Esmerine (groupe instrumental pas nécessairement très accessible pour le commun des mortels) ait été acclamé avec autant de respect.

The Vasts non plus n’ont jamais semblé si convaincants, en ouverture de la première soirée. Dans ces conditions optimales, le charme opère et les compositions du groupe sont magnifiées. Même chose pour Suuns, qui n’est pas le groupe le plus facile à apprécier lorsque le son et l’attention du public ne sont pas à la hauteur. Mais l’expérience vécue dans la pénombre bleutée de l’Agora des arts aura été marquante.

Photo par M-A.

Success. Photo par Marc-André Mongrain.

C’est aussi cette ouverture des mélomanes réunis à Rouyn qui permet à un groupe comme Success d’arriver sur scène en tant que formation française totalement méconnue en Amérique du Nord, avant de repartir trente minutes plus tard acclamée à tout rompre. Il faut dire que le chanteur Mister Eleganz est un frontman du tonnerre, transformant la musique hautement divertissante (quoi que peu originale) du groupe, en véritable party. « What does it spell ? / SUCCESS ». Mets-en.

Même Chantal Archambault, qui n’était pas au programme, a su en bénéficier. Son spectacle surprise devant le garage Rheault était fort charmant et la foule, très touffue pour un concert annoncé à la dernière minute, vouait visiblement beaucoup d’affection pour la chanteuse native du coin.

 

Voivod au Petit théâtre du Vieux-Noranda. Photo par Marc-André Mongrain.

Voivod au Petit théâtre du Vieux-Noranda. Photo par Marc-André Mongrain.

Blonde Redhead et le gros rock sale

La qualité d’écoute n’était pas nécessairement présente tout au long du festival, par contre. Le concert de Blonde Redhead au Paramount en a d’ailleurs beaucoup souffert. Il faut dire que le groupe se trouve à un drôle de moment dans sa carrière, hésitant entre le rock mordant et les chansons éthérées. Étrangement, le seul « gros nom » venu de l’extérieur ne s’inscrira pas dans les annales du festival…

Les shows de fin de soirée, aussi, n’avaient rien à voir avec une « écoute optimale », mais c’était bien ainsi. Ceux qui ont assisté à l’un des concerts tonitruants (mais franchement vivifiants) d’Indian Handcrafts en témoigneront, tout comme la centaine de fêtards qui bardassaient au Cabaret de la dernière chance lors de la prestation endiablée de Fordamage, dans la nuit de samedi à dimanche.

Le légendaire groupe heavy metal Voivod servait aussi une bonne dose de prends-ça-dans-ta-gueule en conclusion du festival, au Petit théâtre du Vieux-Noranda. Musicalement solide, la prestation fut surtout mémorable en raison du chanteur Denis « Snake » Bélanger, notre Ozzy à nous, qui grogne, gueule, chante et joue les stars du metal avec un plaisir évident, et contagieux.

Au-delà de la programmation sur papier, c’est pour ça que le FME suscite autant d’engouement. À Rouyn-Noranda, il n’y a pas que la nature et la prétendue « meilleure poutine au monde » du Morasse : il y a aussi 4 jours de « mélomanie » comme elle devrait se vivre à l’année longue. De l’intensité, de la qualité, un esprit de découverte et un soin des petits détails.

 

Photos en vrac
par Marc-André Mongrain

Success
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Indian Handcrafts
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Voivod
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Groenland
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Les Abdigradationnistes
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Chantal Archambault
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Esmerine
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The Vasts
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Suuns
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