crédit photo: Marie-Claire Denis
Erika Angell

Erika Angell à l’Ausgang Plaza | L’originalité et la beauté de sa voix

C’est avec un plaisir sans cesse renouvelé que l’on suit Erika Angell dans ses projets, tous à saveur particulière avec sa voix en commun. Mardi soir à l’Ausgang Plaza, c’est le lancement de son premier album solo, The Obsession With Her Voice, disponible depuis la semaine dernière. Avec une formation originale, c’est son univers personnel qui nous est livré ce soir.

Le concert fait partie du Festival FIKA(S) (Festival Immersif de Kultur et d’Art Scandinave / Nordique) et Erika Angell est un excellent choix de programmation de par ses origines suédoises. Elle est depuis installée à Montréal pour cause d’amour avec le guitariste montréalais Simon Angell avec qui elle partage la scène dans le groupe Thus Owls.

C’est le poète Kaie Kellough qui ouvre la soirée avec un poème mettant en valeur sa scansion particulière et prenante. Pour mémoire, c’est lui qui a écrit les textes de l’excellent projet FYEAR dont on ne dira jamais assez de bien et dont l’album sort d’ailleurs le 5 avril sur Constellation Records, la même maison de disque qu’Erika Angell.

Erika Angell s’installe derrière ses claviers et ses pédales d’effet sur une petite scène en compagnie de son trio de cordes, Thierry Lavoie-Ladouceur à l’alto, Audréanne Filion et Jean-Christophe Lizotte aux violoncelles et c’est Jonathan Cayer qui écrit les arrangements.

Le premier titre commence avec une rythmique minimaliste sur laquelle Erika Angell pose sa voix parlée qui est traitée à travers divers effets de façon plus ou moins radicale et avec des réglages manipulés continuellement qui permet de rester attractif et mouvant à la fois.

Monte ensuite sur scène l’excellente batteuse Mili Hong. La complicité entre Angell et Hong n’est pas nouvelle, on se rappelle notamment d’un concert dans la cour arrière de l’Ursa entre deux confinements en septembre 2020 où elles avaient livré en duo une performance émouvante.

Le titre suivant est plus mélodique et apparaissent alors les projections sur le fond de scène. Et ces projections de Maxime Corbeil-Perron restent très à propos tout au long des titres joués, accompagné des éclairages travaillés et souvent subtils d’Arnaud Ferris.

C’est ensuite le titre Dress Of Stillness avec sa lancinante ligne de basse aux claviers qui nous emporte définitivement dans le concert avec ses cordes et ses projections quasiment psychédéliques sur la fin.

Il est difficile de catégoriser la musique d’Erika Angell en solo. Il y a quelque chose de la musique électronique et exploratoire d’une Laurie Anderson mais avec un côté plus organique et spontané. Et il est clair que les titres de l’album The Obsession With Her Voice n’ont pas le caractère immédiat et accessible d’un format pop sans surprises. Car oui, ce nouveau répertoire réserve bien des surprises dans la forme et l’interprétation avec la voix très modifiée d’Angell mais qui ne parvient jamais à cacher son timbre et toutes ses qualités.

Il y a aussi la formation de cordes présente sur scène avec ses deux violoncelles et un alto, loin d’être commune. Et ça fonctionne en ajoutant un côté organique aux claviers et effets électroniques. Mais ça n’empêche pas d’emmener les cordes d’explorer d’autres territoires, à travers des dissonances ou bien en frottant les archets sur les cordiers pour une sonorité hors de l’ordinaire.

Très concentré et occupé à agrémenter sa voix d’effets, Angell semble repliée derrière ses claviers. Mais elle se détend au fil des titres et nous livre ses mouvements de bras habituels pour appuyer sa voix et laissé sa musique prendre plus d’ampleur.

C’est un concert hors de l’ordinaire que nous a livré Erika Angell. S’il semble parfois difficile d’y retrouver mes marques, je peux tout de même affirmer que j’avais le sourire aux lèvres à la sortie. Il n’est pas toujours nécessaire d’avoir tous les mots pour comprendre et expliquer une musique à part, les émotions et beaux moments passés ce soir restent une indication que la beauté existe même dans la différence.

L’album The Obsession With Her Voice est disponible sur bandcamp et également sur le site de Constellation Records en dollar canadien et avec un rabais de 20% sur la première commande. Une bonne raison d’ajouter l’album FYEAR dans votre panier avec celui d’Erika Angell…

 

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