Entrevue avec TEKE::TEKE | S’éloigner de l’origine pour créer son propre univers

Le groupe de rock psychédélique montréalais TEKE::TEKE fait paraître aujourd’hui son deuxième album, du nom d’Hagata. Si la formation se voulait au départ une réactualisation d’un mouvement musical japonais des années 60 et 70, l’eleki, loin semble l’époque où TEKE::TEKE ne se contente que de reprendre des morceaux déjà écrits. Leur répertoire et leurs créations se distinguent à travers ce projet, développant de plus en plus leur univers musical propre. Entrevue avec trois membres du septuor.

« Pour ce deuxième album, on a encore fait plus de chemin que dans le premier, où on était un peu plus proche [du moment où] on a commencé la formation, avec l’influence de Takeshi Terauchi, établit Hidetaka Yoneyama, guitariste de TEKE::TEKE. Mais là, on s’en va beaucoup plus dans quelque chose de plus personnel, je dirais. […] Il y a davantage de magie de studio dans le deuxième album », continue-t-il.

Les artistes semblent s’accorder tout au long de l’entrevue : plus que jamais, chaque membre du septuor s’avère important dans la composition, élément moins présent durant la conception de leur EP ou premier album, Shirushi.

« On sait qu’on est plus confiants, on est plus confortables à [composer] ensemble, parce qu’on sait que, par exemple, telle personne va apporter tel genre de sonorité ou de texture, partage Yoneyama. On était très surpris, justement, à chaque fois du résultat final! »

Dans ce sens-là, on s’éloigne un peu du eleki encore, pour expérimenter plus notre propre son, renchérit Serge Nakkauchi Pelletier, guitariste et fondateur de la formation. Il n’y a personne individuellement qui serait arrivé à ce résultat-là.

L’eleki est un mouvement né vers la fin des années 60 au Japon, traduisant la fascination de la jeunesse pour le surf rock et la volonté de désormais jouer de la musique, de la guitare électrique plus précisément, et non simplement de la danser.

Depuis leur formation, en 2017, le groupe offre des titres aux influences japonaises comme des compositions davantage axées sur le psychédélisme et les expérimentations, à rappeler certains segments de musiques de film tant le caractère s’avère épique.

La composition de la sonorité des morceaux représente un aspect majeur de leurs projets, utilisant, encore une fois dans cette nouvelle parution, des instruments peu habituels.

Outre la guitare, la batterie, les claviers ou la basse, des instruments tels que taishōgoto (instrument traditionnel japonais), la gaida (cornemuse balkanique) ou le shinobue (flûte traversière japonaise) sont entre autres entendus sur les pistes d’Hagata, tout comme des effets audacieux et expérimentaux d’instruments plus conventionnels.

À fasciner les oreilles des plus curieux!

 

Une attention particulière à l’image

Comme pour les EP et singles, la pochette d’Hagata est signée Maya Kuroki, chanteuse du groupe.

« C’est toujours un texte en japonais [que l’on peut voir], et peu de gens le comprennent. Je voulais m’occuper de l’image pour ajouter, pour expliquer les nuances de ce monde-là qu’on essaie de créer », confie Maya Kuroki.

« [La pochette est] vraiment connectée au titre aussi, qui enveloppe un peu tous les thèmes de l’album », additionne Serge Nakkauchi Pelletier.

Si TEKE::TEKE est avant tout un groupe montréalais, plusieurs membres du septuor entretiennent une relation spéciale avec le Japon. Une occasion parfaite pour soulever la question de l’industrie au pays du soleil levant, en fin d’entrevue.

« C’est vraiment spécial, parce que même pour certains groupes japonais que j’écoute, tu sens que la musique, elle est honnête, ils font quelque chose d’un peu plus abrasif, plus punk. Mais tranquillement, tu ne le vois plus, ils deviennent peu à peu mainstream, leur son devient très poli, déplore Serge Nakkauchi Pelletier. On sent qu’il y a quelque chose derrière, c’est comme une machine commerciale qui transforme ça en un produit qui se vend », confie-t-il.

Les dix titres du deuxième album de TEKE::TEKE, Hagata, sont désormais disponibles sur toutes les plateformes d’écoute.

 

En spectacle

La formation psychédélique sera en tournée au Canada et au Royaume-Uni jusqu’en septembre prochain, à noter les performances au Festival International de Jazz de Montréal le 7 juillet et au Festival d’été de Québec, une semaine plus tard.

« On joue tous les deux ans au Festival de Jazz, ça correspond souvent à la sortie soit d’un EP, soit d’un album à chaque fois », informe Hidetaka Yoneyama, alors que TEKE::TEKE s’attaquera à son troisième passage dans le plus grand festival jazz de la province.

* Teke:Teke au FIJM en 2021. Photo par Nadia Davoli.

 

D’une certaine manière, étonnamment, le Japon ne figure pas sur la route du groupe à court terme : « J’ai toujours eu le sentiment qu’on allait d’abord jouer partout ailleurs, et que peut-être un jour, on allait avoir la chance de jouer au Japon. Mais on est probablement plus exotiques pour les gens d’ici ou d’ailleurs que pour ceux au Japon », conclut Serge Nakkauchi Pelletier.

Dans une formule davantage intimiste, des membres du septuor seront également présents au magasin de vinyle L’Oblique ce vendredi pour le lancement de leur album, de 17 à 19h.

La programmation complète des prochains concerts de TEKE::TEKE se trouve par ici!

 

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