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Entrevue avec Adieu Narcisse | La fin d’un chapitre

adieu narcisse est le projet collectif mené par l’auteur-compositeur-interprète Jorie Pedneault. Jusqu’en 2023, le projet était nommé Narcisse, mais il change de nom cette année  pour adieu narcisse en même temps que la sortie d’un nouvel EP baptisé la conclusion existe déjà. Pour parler de ce nouvel EP et des concerts qui auront lieu le 9 décembre à Trois-Rivières et le 19 décembre à Québec, Sors-tu? s’est entretenu en visio-conférence avec Jorie.

 

De Narcisse à Adieu Narcisse

Pour Jorie, le fait de lancer un nouvel EP était l’excuse parfaite pour changer le nom de groupe. « Il y a toujours un grand questionnement sur le nom d’artiste. Je sais pas comment les autres personnes le vivent, mais je pense que facilement on peut avoir le goût de changer. Pis là vu que nous on lançait un nouvel EP [c’était l’occasion rêvée]. »

L’une des motivations derrière ce changement d’identité est le souhait d’être davantage perçu comme un collectif, et non juste comme un chanteur solo. « Avec Narcisse, souvent les gens me demandaient : est-ce que c’est ton prénom? J’avais envie de changer vers quelque chose qui sonne plus comme un nom de band que comme un nom de projet solo, disons ».

Le nom Narcisse est apparu quand le collectif écrivait le morceau du même nom, selon Jorie « La relation qu’on entretient avec nous-même au 21e siècle, à l’ère des réseaux sociaux, c’est quelque chose qui m’intéresse vraiment beaucoup. Sociologiquement parlant, je me dis : on est censé avoir tous les outils pour se connaitre davantage. Et pourtant, on continue de projeter une image de nous-même qui est peut-être pas nécessairement quelque chose qui se rapproche réellement de notre soi profond. »

C’est un phénomène sociologique qui intéresse profondément l’artiste. Il a même pensé à jouer un personnage très narcissique et imbu de lui-même, mais il a finalement changé d’idée, pensant que de trop nombreux artistes étaient déjà réellement narcissiques. « Je me suis dit que pour vrai y a tellement d’artistes qui sont comme ça naturellement que j’ai pas besoin de faire semblant de l’être, ça aurait juste été insupportable pour tout le monde et pour moi-même».

Le chanteur-auteur-compositeur a finalement décidé de voir Narcisse différemment. « Après ça j’ai un peu plus tourné la phrase, je me disais mettons les gens qui apprennent à se connaitre elle/eux même pis qui apprennent à s’aimer genre pour de vrai, c’est pas les gens qui vont être désagréable envers les autres. Pour moi ça a été vraiment ça, je voulais reprendre cette espèce de conception qu’on s’est faite de Narcisse, qui serait un personnage qui pourrait être tombé dans le narcissisme pervers, et on l’a ramené à son essence, qui est finalement « apprends à t’aimer ». Et [s’aimer soi-même] c’est correct, c’est pas grave, t’auras pas l’air égocentrique. C’est juste la base, qu’on oublie souvent, de s’aimer soi-même ».

Un clin d’œil à leur premier album

L’EP la conclusion existe déjà est la fin d’un premier chapitre pour adieu narcisse, le projet n’était pas prémédité. « C’est un peu un EP qui m’a pris par surprise, dans l’optique où c’était pas tellement prévu dans mon année de faire un EP ». L’artiste avait l’impression que la direction que prenait l’EP n’était pas vraiment quelque chose de nouveau, mais qu’elle s’inscrivait dans la continuité de leur premier album. Jorie avait également envie de clôturer ce premier chapitre. « Je me disais : je pense que ça peut être une belle finale pour la fin n’arrive jamais».

Dans l’EP, on retrouve donc de nombreuses références au premier album du groupe, la fin n’arrive jamais. Cette idée provient d’un artiste que Jorie apprécie. « J’m’en cache pas, je suis vraiment très fan de Flavien Berger. Dans sa démarche, à chaque fois qu’il sort un album il sort un contre-album. Fait que pour moi c’était aussi un peu une manière de rendre hommage à cette démarche-là que je trouve vraiment inspirante».

Le processus de création de la fin n’arrive jamais a été très long, explique l’artiste. « Ça a peut-être duré trois ans en tout. Ça a tellement été long qu’à un moment tu te perds un peu, t’as trop la face dedans, tu sais plus trop où t’en es ».

Pour l’EP il n’était donc pas question de recommencer. Jorie explique la vision qu’il avait pour la création de l’EP. « J’étais vraiment en mode on va faire le chemin le plus à l’opposé de ça. On s’est vraiment donné des contraintes de temps qui n’avaient aucun sens. Looking back now je suis : ok, c’était pas nécessairement un cadeau à se faire à soi-même parce que c’était énormément de pression. Mais c’est aussi un projet dont j’ai assumé la réalisation, j’ai vraiment pris le lead sur cette affaire-là, ça a été par moments très insécurisant comme par moments très galvanisant ».

Le résultat final plaît à adieu narcisse, mais le collectif ne s’imposera peut-être pas d’aussi grandes contraintes à l’avenir. « Je suis quand même très content du résultat, je pense que j’ai énormément appris de cette expérience-là en tant qu’artiste. Je ressors avec un bagage, donc pour les prochains albums, je vais essayer de trouver le juste milieu entre prendre trop son temps pis ne pas prendre son temps ».

Sur scène : « ça va être que du plaisir »

Pour adieu narcisse, 2023 à été une grosse année. « C’est une année qui n’était vraiment pas prévue. On est allés deux fois en France, des tournées qui sont un peu arrivées par surprise. On a fait la tournée des festivals au Québec aussi cet été ». Mais pour Jorie, ces performances ont été plus que bénéfiques au collectif. « Donc t’sais on a beaucoup beaucoup joué ensemble, pis je pense qu’on a pris beaucoup de galon à force de se créer une unicité. Asteure on fait juste se regarder pis on sait à quoi qu’on pense les uns les autres ».

L’auteur-compositeur-interprète voit les deux concerts de décembre comme une bonne façon de clôturer cette année chargée. Il est persuadé que le groupe est davantage à l’aise sur scène qu’en début d’année, ce qui permettra à ces deux derniers concerts de 2023 d’être particulièrement plaisants. « Maintenant le stress existe plus, là on tombe vraiment juste dans le plaisir. Fait que je pense que ces deux spectacles-là, particulièrement, vont être une partie de plaisir, parce que c’est pour conclure toute cette année-là », affirme Jorie.

 

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La mise en scène est importante dans les concerts d’adieu narcisse. Jodie raconte que : « la danse puis les mouvements vraiment investis corporellement sont très, très importants pour nous ». Il continue en expliquant que leurs performances sont un peu construites comme des pièces de théâtre. « C’est vraiment de définir c’est quoi la courbe dramatique, le climax, où est-ce que ça explose, où est-ce qu’on a des moments plus refermés sur nous-même ». Le chanteur explique également qu’ils ont « vraiment travaillé ce spectacle-là avec des personnes qui sont à la mise en scène. Durant plusieurs années, on est passés à travers plusieurs yeux différents donc je pense qu’on a quand même beaucoup de bagage à ce niveau-là. Pis maintenant on n’a plus qu’à piger dans nos aliments préférés et ça construit un spectacle [de bonne qualité] ».

Les membres d’adieu narcisse donnent toute leur énergie sur scène et veulent que ça se ressente pour pouvoir la transmettre à leur public. « J’ai envie que les gens dansent, que les gens se sentent investis. Parce que nous on se donne tellement physiquement sur scène qu’on a envie que les gens aient envie de faire la même chose que nous ».

 

Vers des albums plus chantants ?

D’après Jorie, la musique un peu plus parlée, le « spoken word », est un peu moins connue au Québec qu’en France ou dans les autres pays d’Europe. « J’ai l’impression qu’au Québec on a tellement un grand bagage de chansons – c’est vraiment des chansons à texte avec des mélodies fortes – que mettons quand j’arrive avec un spoken word, je sens que la réception au Québec est pas nécessairement plus difficile mais qu’on arrive quand même plus dans des terrains inconnus ».

Jodie a tout de même essayé d’ores et déjà de chanter un peu plus sur l’EP, mais l’artiste reste plus à l’aise en spoken word. Jorie aimerait tout de même faire davantage de chant dans ses prochains projets. « C’est sûr que pour les prochains albums c’est toujours quelque chose que j’ai en tête. Mais après je pense que c’est avec moi-même que j’ai à déconstruire une certaine insécurité par rapport au fait de chanter ».

Ce n’est pas le manque de connaissances du spoken word au Québec qui motive l’artiste à faire un album plus chanté, mais bien ce désir de sortir de sa zone de confort. Pour lui, c’est en grande partie à ça que le projet adieu Narcisse sert. « Je pense que des fois, le spoken word peut devenir une espèce de filet de sécurité. Pis par la démarche d’adieu Narcisse on a toujours été très dans la mise en danger, on enlève les filets de sécurité pis on y va! Fait que je pense que si on suit cette mouvance-là, techniquement, dans les prochains albums, il y aura moins de spoken pis vraiment plus de chant ».

adieu narcisse sera sur la scène du Backstore Frida à Trois-Rivières le 9 décembre, puis sur celle du Studio Telus de Québec le 19 décembre.

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