Mac DeMarco

Mac Demarco et Connan Mockasin au Théâtre Rialto : un bordel sans nom

Non mais quel bordel…

Ça a commencé vers 20h45.  Les portes ouvraient pourtant à 20h, mais devant le Théâtre Rialto, une imposante file d’attente s’étirait sur plusieurs dizaines de mètres. Ça avançait au compte-goutte, pendant qu’à l’intérieur du restaurant Il Rialto – il fallait entrer par là, au lieu de l’entrée principale habituelle du Rialto – on tentait de battre un record Guinness de la pire gestion de vestiaire de l’Histoire.

Quarante-cinq minutes d’attente au froid, à l’extérieur, puis une dizaine d’autres minutes à l’intérieur, tout ça pour remettre son manteau, avant de passer par un étrange chemin-labyrinthe : monte en haut, tourne à droite, à gauche, à droite, descend, monte, droite, gauche, et hop, on aboutit au balcon du Rialto, où l’excentrique Connan Hosford et son band s’adonnent déjà à jouer sa pop psychédélique hallucinée.

Autant le dernier passage de Connan Mockasin à Montréal, en mai dernier, était un joyeux fouillis désordonné, autant cette fois-ci, c’était le moment le plus discipliné de la soirée. Les cinq musiciens jammaient allègrement les Forever Dolphin Love et I’m the Man, That Will Find You en multipliant les messages d’amour au public.

L’étrangeté de cette musique un peu cheesy mais déphasée est une fois de plus très bien rendue sur scène.

Question de terminer sur une bonne note, le Mockasin Band y va d’un I Wanna Roll With You bien senti, avec support vocal d’un duo de choristes et de la foule. Très beau moment. On en aurait pris plus

Photo par Shanti Loiselle.

Photo par Shanti Loiselle.

 

Désobéissance civile

D’ailleurs, la logique aurait voulu que Connan Mockasin conclut la soirée, avec Demarco en première partie… Mais pas à Montréal.

Pourquoi pas à Montréal ?  Parce qu’ici, Mac Demarco fait figure de demi-dieu à salopette camouflage.

Sitôt arrivé sur scène avec son air de mécano attardé, il est accueilli à tout rompre, et pour une grande partie de la foule, c’est suffisant pour que les fils se touchent.

Demarco et sa bande lancent Salad Days, puis The Stars Keep On Calling My Name, gentiment. Quelques aventureux montent sur scène, à tour de rôle, pour embrasser le chanteur, avant de se lancer dans la foule.

« It’s been a while since we’ve been in Montreal. Glad to know you’re still crazy », de dire Demarco. Ce n’était rien pour l’instant.

Photo par Shanti Loiselle.

Photo par Shanti Loiselle.

Blue Boy, Cooking Up Something Good et Passing Out Pieces s’enchaînent alors que les musiciens alternent des guitares aux claviers. Puis Let Her Go, un peu speedée, pendant que quelques fans investissaient la scène, s’assoyant en indien en bordure. Au-devant de la scène, quelques jeunes personnes en profitent, elles, pour dévoiler à tout vent leurs attributs mammaires. On sent que c’est sur le point de déraper.

 

Invasion en règle

Puis, pendant Ode To Viceroy, c’est parti : une dizaine, puis une vingtaine, puis une cinquantaine de fans envahissent la scène, laissant à peine assez d’espace aux musiciens pour jouer. Le guitariste perd carrément le son, probablement en raison d’un câble débranché par un fan, alors que d’autres morveux se prennent en selfie avec Demarco, impuissant devant cette étrange démonstration d’amour(-propre). Il semblait semi-amusé, semi-c’est-assez…

Photo tirée de Facebook (par Angel Tea).

Photo tirée de Facebook (par Angel Tea).

La sécurité du Rialto est évidemment intervenu, question de « nettoyer » la scène, un moment qui nous a paru aussi long que l’entrée au vestiaire plus tôt en soirée.

Après de longues minutes d’attente, le band poursuivait avec, ironiquement, une chanson intitulée Go Home, mais on entendait pratiquement rien, comme si le son de salle était coupé, et qu’il ne restait que les moniteurs.

Plus tard, un hurluberlu s’est présenté au micro avec une guitare acoustique, en criant qu’il aimait David Bowie. On ignore complètement d’où il sortait celui-là, avec sa guitare, mais une chose est sure, la sécurité n’y est pas allé de main morte pour l’expulser comme un sac à vidange. C’est pas une soirée open mic, mon cher (soupir)

Les choses sont presque revenues à la normale, sauf qu’on y retrouvait toujours quelques fans assis un peu partout sur scène, pendant que les musiciens pouvaient enfin faire ce qu’ils font de mieux : jouer les chansons de Demarco.

On pouvait enfin savourer Freaking Out the Neighborhood, et Chamber of Reflection.  « On va en faire UNE dernière, ok? », de lancer Demarco, avec le ton d’un parent sans autorité sur sa troupe de mômes enfants-roi.  On conclut le tout avec Still Together et son refrain à la The Lion Sleeps Tonight, chanté en choeur par un Rialto gonflé à bloc.

Photo par Shanti Loiselle.

Photo par Shanti Loiselle.

S’ensuivait possiblement le PIRE rappel de tous les temps. Une blague interminable de 20 minutes, où les musiciens s’adonnent à jouer le thème de Top Gun sur différents tempos, encore et encore et encore, le tout aboutissant sur une version semi-improvisée d’Enter Sandman, puis ensuite… du thème de Top Gun à nouveau !

Cette fois-ci, on en aurait pris MOINS…

Heureusement, la tactique a permis de désengorger le vestiaire pour le retour à la maison.

Il faut toutefois retourner par où on est passé :  droite, gauche, descend, monte, gauche, droite, descend et hop, on aboutit au vestiaire.

Un petit drôle décide de poser ses doigts sur le clavier du vieux piano du Rialto, en bordure du vestiaire, afin de jouer l’air… de Top Gun. Personne l’a trouvé drôle…

Photos en vrac

Grille de chansons
(Mac Demarco)

Salad Days
The Stars Keep On Calling My Name
Blue Boy
Cooking Up Something Good
Passing Out Pieces
Let Her Go
Ode to Viceroy
Brother
I’m a Man
Rock’n’roll Nightclub
Jammin’ (semi-improvisé, avec un fan qui chantait)
Freaking Out the Neighborhood
Chamber of Reflection
Still Together

Rappel
Thème de Top Gun / Enter Sandman

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