Marillion

Critique | Le Marillion Weekend à L’Olympia de Montréal

D’ores et déjà une tradition, après 2009 et 2011, le groupe britannique Marillion est revenu de nouveau installer ses pénates à Montréal pour une autre fin de semaine chargée à bloc de musique et de festivités entourant le groupe, qui fête cette année ses trente ans sur disque. L’Olympia se transforme pour l’occasion en maison du rock, ou plutôt une église où se déroule la grande messe Marillion-ienne traditionnelle.

Vendredi 22 mars
Samedi 23 mars
Dimanche 24 mars

Vendredi 22 mars : Radiation

Un concert de Marillion dans la métropole, ça donne à chaque fois l’occasion d’assister à une succession de grands moments; des ovations qui s’étirent pendant de nombreuses minutes, des applaudissements et des cris à profusion, le public qui chante à plusieurs reprises, et des sourires. Une multitude de sourires partout où l’on pose le regard, à tout moment de la soirée.

Après avoir inclus une pièce de 15 minutes en hommage à Montréal sur son plus récent album, il était tout à fait logique que la bande ouvre avec ce morceau, intitulé simplement Montreal. Sous un tonnerre d’applaudissements chaleureux, Steve Hogarth (chant, piano, guitare) a entonné cet hymne qui a fait le bonheur des gens présents. Les infatigables Steve Rothery (guitare), Pete Trewavas (basse), Mark Kelly (claviers) et Ian Mosley (batterie) l’ont accompagné tout au long de la soirée avec un aplomb, un professionnalisme et une fougue qui ferait pâlir de bien plus jeunes formations.

La soirée était consacrée à l’album Radiation, de 1998, qui fut interprété dans son entièreté. Cet album figure parmi les mal-aimés de la discographie du groupe et pour cause. Ses chansons manquent de tonus, les mélodies ne sont pas toujours à la hauteur, etc. Et même une performance énergique et enjouée ne peut tout racheter. Now She’ll Never Know demeure ennuyante, et A Few Words For The Dead est une finale bien décevante.

Par contre, le groupe remporte toujours beaucoup de succès lorsqu’il interprète Three Minute Boy sur scène (ils l’avaient fait il y a deux ans). Steve Hogarth a pris le temps de la dédicacer à « ce gamin blond, quel est son nom déjà… ah oui! Justin Beaver! (« castor ») », ce qui a bien fait rire l’audience. La chanson, qui traite d’un succès éphémère, demeure populaire auprès des amateurs et ceux-ci ont même forcé la formation à l’allonger en chantant à répétition la mélodie. Le groupe a improvisé tout en beauté et a semblé énormément s’amuser. Ce sont des petits moments comme celui-ci qui font d’un concert de Marillion une expérience magique. « Nous savions que vous seriez incroyables », Steve Hogarth a dit au public. « Comment allons-nous faire pour surpasser ça maintenant? »

Bien que le chanteur ait qualifié la chanson de « misérable », Born To Run a offert une occasion pour le guitariste Steve Rothery de prouver, une fois de plus, qu’il fait partie des plus grands de son espèce. Son jeu fut, durant tout le concert, impeccable. De même que les autres musiciens, qui étaient tous en mode rock énergique, avec, en rappel, des pièces qui bougent telles que Hooks in You et Cover My Eyes.

La formation a fait plaisir aux nostalgiques du temps où l’Écossais Fish était leur chanteur avec Slàinte Mhath, Lavender et Heart of Lothian, qui ont toutes trois été chantées à tue-tête par le public.

Au rappel, la pièce qui fête ses trente ans cette année, tirée de l’album du même titre, Script For a Jester’s Tears. Un moment majestueux d’osmose entre le groupe et la foule. Et pour terminer, Happiness is The Road, comme le vendredi soir du Weekend Marillion de 2011 et cette fois encore, le groupe a quitté la scène, tout sourire, alors que le public répétait le refrain.

On a déjà hâte au lendemain!

 

Mystery

La formation montréalaise Mystery, dont le chanteur Benoît David fut, pendant un temps, le chanteur officiel de Yes (entre 2008 et 2011), est venue réchauffer la salle en début de soirée.

Certains spectateurs autour de nous montraient de la méfiance envers David, qui ne fit pas le bonheur de tous les admirateurs de Yes lors de son passage dans le groupe, sa voix n’étant pas toujours à la hauteur. Mais les chansons de Mystery sont mieux adaptées à son registre, et sa voix prend son envol sur les chansons avec tout ce qu’il faut de précision et d’émotion.

Avec des pièces comme Pride ou Sailing on a Wing, Mystery n’a rien à envier aux grands du mouvement progressif. Le leader du groupe, Michel St-Père, est un guitariste hors pair et le nouveau batteur, Jean-Sébastien Goyette, est une force de la nature à surveiller!

Grille des chansons Marillion (vendredi)

Montreal
Costa Del Slough
Under the Sun
The Answering Machine
Three Minute Boy
Now She’ll Never Know
These Chains
Born to Run
Cathedral Wall
A Few Words for the Dead

Rappel 1:
Genie
Somewhere Else
Hooks in You
Cover My Eyes (Pain and Heaven)
Slàinte Mhath
Lavender
Heart of Lothian
King

Rappel 2:
Script for a Jester’s Tear
Happiness Is the Road

Samedi 23 mars

Un autre soir, un autre album complet… Cette fois, Marillion nous a fait revenir 19 ans en arrière en interprétant intégralement et sans interruption son album-culte Brave. Puisque le groupe n’a pas eu l’opportunité à l’époque de venir présenter ce disque en tournée en Amérique du Nord, il s’est repris ce soir en reproduisant fidèlement le spectacle l’origine, allant des jeux d’éclairages aux accessoires de scène et, au fond de celle-ci, des projections. On y voyait un film expérimental, qui met en images l’histoire racontée sur l’album-concept qu’est Brave.

Tandis que la veille le matériel choisi n’était pas tout à fait à la hauteur, ici le groupe s’attaquait à l’un des plus gros morceaux de sa discographie. Et quelle pièce de musique rock, c’est! Aucun moment mort, l’interprétation fut à la hauteur des attentes.

Steve Hogarth est très en voix et a conservé au fil des ans le même timbre. Il reproduit à merveille les hautes notes. Son jeu scénique est très théâtral. Il a changé à quelques reprises de costumes, dont notamment une chemise en or pour l’excellente Paper Lies. Il joue chaque mot, chaque émotion. Avec un sourire dans le coin de l’œil, il prend plaisir à flirter avec le public, à le séduire, à faire le gamin avec lui.

Steve Rothery a fait aller sa magie sur sa guitare pour le magnifique solo de Runaway Girl, d’inspiration Floyd-ienne, ainsi que plusieurs autres pièces. Mark Kelly a resplendi aux claviers entres autres sur Hard as Love. Et autre moment théâtral : Steve Hogarth s’est fait sortir de scène à la fin de cette chanson par deux hommes cagoulés qui l’ont arraché du micro.

D’autres bons moments: l’envoûtante Hollow Man, où le clavier de Hogarth arborait des chandelles, et la pièce Brave où il était entouré de bougies sur pieds.

Et la finale du disque, en deux parties. Premièrement The Great Escape, chantée en chœur par toute la salle ainsi que Hogarth, performance intense de tout le groupe suivie d’une ovation extatique qui a duré de nombreuses minutes. Et enfin la chanson Made Again, finale lumineuse après un album rempli de noirceur, qui a clôt en beauté cette première partie.

Au rappel, on a encore une fois fait le tour de la carrière du groupe, des années 80 (Warm Wet Circles, That Time Of The Night), aux années 2000 (Trap The Spark, The Damage) en passant par les années 90 (la saisissante Out of This World).

Et enfin, Season’s End et The Space…  sont venues clore ce deuxième spectacle qui a, une fois de plus, vu l’Olympia se transformer en lieu de communion pour une foule de personnes totalement passionnées. Comme l’a dit Steve Hogarth: «La relation que cette formation vit avec son public, c’est unique dans le monde. Et nous en sommes conscients. Merci! »

Merci à vous, Marillion!

 

Jacob Moon

Nous avons malheureusement manqué Pete Trewavas en première partie. Pour ce qui est de Jacob Moon, originaire de Hamilton en Ontario, ses airs de jeune surfeur blond font craindre le pire, mais dès qu’il commence à gratter sa guitare et à utiliser ses pédales à « loops », une magie s’opère qui fait que tout le monde se tait et écoute. Son amour pour le rock progressif se traduit dans des reprises plus qu’agréables et intéressantes de Let Down par Radiohead, Subdivisions par Rush (pendant laquelle il fait répéter le titre par Neil Peart sur un enregistrement), et Kayleigh et Lavender de Marillion.

Ses pièces originales sont également accrocheuses, son jeu assumé et sa voix très solide. Un artiste à surveiller.

Grille de chansons – Marillion – samedi:

Bridge
Living With the Big Lie
Runaway
Goodbye to All That
Hard as Love
Hollow Man
Alone Again in the Lap of Luxury
Paper Lies
Brave
The Great Escape
Made Again

Deuxième partie
Rich
The Damage
Trap the Spark
Warm Wet Circles
That Time of the Night (The Short Straw)
Drilling Holes
Out of This World

Rappel
Seasons End
The Space…

Dimanche 24 mars

Tandis que les deux soirs précédents revêtaient une certaine forme de rigidité, du fait que Marillion y interprétait des albums complets dans l’ordre et sans interruption, ce dimanche fut un peu plus décontracté. En revanche, ce fut le soir des plus longs morceaux, des pièces intenses, et le groupe a donné tout ce qu’il avait dans le ventre.

Après une interprétation fort réussie de Gaza, durant laquelle Steve Hogarth arborait un chandail avec un signe de paix, le chanteur s’est exprimé ainsi: « Cette chanson n’est pas contre Israël. Elle est contre ce foutu (« fucking ») monde entier. »

Et la soirée était lancée!

Le public de fervents amateurs en a eu pour son argent, avec les populaires Waiting To Happen et surtout This Strange Engine. Pendant la chanson, chacun des musiciens a joué brillamment et a pu faire preuve de l’étendue de ses talents, et la foule les a d’ailleurs salués par une ovation monstre.

La soirée était composée des chansons du plus récent album, Sounds That Can’t Be Made, au complet, mais dans le désordre et entremêlées de pièces de toutes époques. Donc on a pu entendre la romantique Pour My Love suivie de l’intense Neverland, sur laquelle Steve Hogarth fut tout à fait magistral au chant, se vidant de toute son énergie (il fut longtemps ovationné à la fin).

Des problèmes de clavier du côté de Hogarth ne l’ont pas empêché de jouer Invisible Ink, qui fut suivie de Power et par Sounds That Can’t Be Made. Les nouvelles chansons se mélangent bien au reste, quoiqu’elles ne sont pas d’égale qualité.

Un premier rappel eut lieu avec la rockeuse King Of Sunset Town et la ballade (un peu longuette) Sky Above The Rain. Ensuite, bien qu’il l’ait jouée vendredi soir en ouverture de weekend, Marillion s’est installé pour refaire la chanson Montreal, en hommage à la ville et à son public. Un moment de la soirée fort réussi et apprécié, pendant lequel le chanteur portait un chandail noir arborant le fleur de lys.

Pour la dernière chanson, Hogarth est apparu sur scène avec le traditionnel chandail du Canadien (à son nom), et le groupe s’est lancé dans une interprétation décousue de Garden Party, de l’époque Fish, que Hogarth a un peu escamotée, mais qui fut réchappée par la foule en liesse.

Alors que toute la bande saluait son public, le chanteur a lancé: « Nous reviendrons très bientôt! »

Et bien vos fans vous attendront. À la prochaine, Marillion!

 

Sound of Contact

Nous n’avons malheureusement pu voir la performance de Lucie Lynch.

Pour ce qui est de Sound of Contact, il s’agît d’une formation créée par Simon Collins, fils d’un certain Phil, qui fait dans un rock progressif un peu générique, mais pas dénué d’intérêt. Collins rappelle un peu son père, par sa gestuelle et sa voix, mais sa présence scénique est moins imposante, et lorsqu’il s’est installé à la batterie, il ne faisait pas le poids de la comparaison avec son aîné. Ceci dit, la bande de musicien est compétente et fut en mesure de faire réagir positivement le public présent.

 

Grille de chansons – dimanche

Gaza
Waiting To Happen
Lucky Man
This Strange Engine
Pour My Love
Neverland
Invisible Ink
Power
Sounds That Can’t be Made

Rappel 1
King of Sunset Town
Sky Above The Rain

Rappel 2
Montreal

Rappel 3
Garden Party

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