Nneka

Critique concert: Nneka au Cabaret Mile-End

Le Cabaret Mile-End accueillait hier soir Nneka. L’artiste germano-nigériane a su dépasser les frontières de l’Europe et de l’Afrique afin d’imposer son style soul / reggae / hip hop sur la scène montréalaise.

Petite salle intime, confinée, lumière tamisée et proximité avec l’artiste : Nneka explique avec l’accent anglais le plus ravissant jamais entendu qu’elle est ici pour partager avec le public ses réflexions personnelles, ses pensées, ses peurs, sa haine et son amour. Elle compare le Cabaret Mile-End à un cabinet de thérapie où le public pourra lui-même utiliser ses chansons pour ses propres réflexions.

Elle enchaîne avec le morceau Shining Star de son dernier opus Soul Is Heavy sorti en 2011. Un morceau simple et sans prétention, à son image. Elle continue avec You Used To Shine où elle dévoile ses influences hip hop en adoptant un flow plus dicté et accéléré pendant les couplets. Influences qui sont atténuées par ses accords de guitare qui adoucissent nettement son ton scandé.

Nneka passe à l’essence du concert, à la genèse de son inspiration : le monde qui nous entoure. Avec des morceaux tels que Africans (de son premier album Victim Of Truth sorti en 2005), Lucifer (de son dernier opus Soul Is Heavy), et V.I.P. alias « Vagabond In Power » (qui provient aussi de son album Soul Is Heavy), l’artiste aborde des thèmes qui deviennent récurrents dans ses albums : le capitalisme, la pauvreté, la religion ainsi que la guerre. Nneka est issue d’une union mixte et c’est ce qui fait la richesse de sa musique. Ayant vécue au Nigéria et en Allemagne, elle a le don de transmettre musicalement les enjeux en Afrique qui s’opposent à l’impérialisme occidentale. Nneka est une artiste engagée sans être oppressante. Elle offre humblement un regard sur le monde loin des habituels faits stéréotypants.

Après ce tour du monde géopolitique, Nneka enchaîne avec le morceau Do You Love Me Now tiré de son dernier album. Loin des mièvreries sentimentales, le morceau se révèle être une ode à l’amour authentique et poignante. Tout réside dans la simplicité de son interprétation, en contraste avec le poids des paroles.

Le concert se finit évidemment avec le plus grand succès de Nneka : Heartbeat qui provient de son album No Longer At Ease sorti en 2008.

Nneka est une artiste humble et naturelle. Elle le dit elle-même pendant le concert « I will never be a professional and I don’t want to be one ». Nneka, alias « mère suprême » en Nigérian est à l’Afrique ce que Lauryn Hill est aux États-Unis et par extension à la Jamaïque. Nneka ou comment définir la musique d’équitable.

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