Les Baronettes

Bluesfest d’Ottawa 2015 – Jour 2 | Le baiser de Charles Bradley

Il y a des moments plus difficiles que d’autres pour l’objectivité d’un critique. Comme lorsque le chanteur termine son spectacle en étreignant la foule… avant d’empoigner le journaliste par le bras, de l’embrasser sur la joue et de lui dire intensément : « I LOVE you, Brother! », en le saisissant par les oreilles, les yeux dans les yeux.

Oui, c’est ce qui est arrivé hier soir. Charles Bradley m’a embrassé (sans savoir qu’il sautait la proverbiale clôture journalistique, on s’entend).

Pas si étonnant pour un être aussi débordant de love, qui prône autant l’amour charnel avec un grand A que l’amour fraternel. S’il ne répète pas « I love you! » cent fois lors d’un spectacle, il le ne dit pas du tout.

Charles Bradley & His Extraordinaires - photo par Greg Matthews

Le coup du baiser sur la joue ne nous était pas exclusif non plus : il a passé une bonne quinzaine de minutes à distribuer les câlins à ses fans une fois le concert terminé, multipliant les opportunités d’égo-portraits, et embrassant généreusement une main, un front, trente joues, tel un preacher en série qui guérit les maux de l’âme à grands coups d’amour, comme disait Gerry.

Mais une fois embrassé, le critique est aussi embarrassé et bien mal placé pour prétendre à une critique équilibrée. Alors au diable : c’était un sapré bon show !

Charles Bradley & His Extraordinaires - photo par Greg Matthews

Farce à part, le « Screaming Eagle of Soul » n’était pas dans sa meilleure forme vocale. Visiblement enrhumé ou du moins embêté par un vilain chat dans la gorge qui refusait de partir, le chanteur soul de 67 ans ne poussait pas la note avant autant d’intensité que lors de nos dernières rencontres avec lui.

Ça ne l’a pas empêché de donner tout un spectacle, se déhanchant lascivement et glatissant généreusement. Comme d’habitude, il était vêtu d’un costume excentrique, d’abord dans un costume mauve plutôt coquet, puis (après un long changement de vêtements) avec un peignoir muni d’une illustration d’un pharaon, ainsi qu’une ceinture à sangle métallique et d’un justaucorps brillant.

Il puisait évidemment dans ses deux très bons albums soul/R&B, en plus d’ajouter une reprise plutôt touchante, Heart of Gold du maître canadien Neil Young.

Cover night ?

Parlant de reprises, c’était un thème récurrent tout au long de la soirée.

Parce qu’à part Charles Bradley, la soirée #2 du Bluesfest n’était pas exactement la plus excitante, à moins d’embrasser le petit côté redneck au fond de soi, ce qui semblait être le cas pour environ 75% de la foule. Avec le chanteur country rock américain Jason Aldean en tête d’affiche, c’est pas très surprenant.

Mais bon, si on souhaite éviter le country à l’Américaine, le butinage d’une scène à l’autre devenait la seule option. Plusieurs artistes locaux étaient à l’honneur, à gauche et à droite. Et ce n’était pas le festival des compositions originales :

  • le groupe funk-rap BlakDenim s’est essayé de reprendre Skyfall d’Adele sans grand succès
  • Hoodie Allen y est allé d’un medley de chansons « marquantes » du tournant du nouveau millénaire, avec notamment My Own Worst Enemy de Lit (!?)
  • la jeune chanteuse Tara Holloway a terminé sa prestation avec Kiss From A Rose de Seal
  • le sympathique groupe indie-surf Thrifty Kids. a aussi offert une reprise d’une chanson très connue à notre arrivée, mais on ne l’a pas reconnue. Était-ce Call Me Maybe de Carly Rae Jepsen ?

Au moins, le légendaire chansonnier surréaliste britannique Robyn Hitchcock, lui, l’a joué à l’envers : il a plutôt interprété l’une de ses propres chansons en soulignant à quel point il avait été honoré que Suzanne Vega et les Grateful Dead la reprennent. Il s’agissait de Chinese Bones. Très belle chanson d’ailleurs.

 

Bref, c’était ce genre de soirée qui ne serait certainement pas passé à l’histoire. N’eût été d’un baiser inoubliable…

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