Une mort accidentelle au Théâtre de la Manufacture | Un cynisme assumé pour commencer l’année

Pour amorcer la nouvelle année, le Théâtre de la Manufacture présente jusqu’au 25 Février Une mort accidentelle (Ma dernière enquête) de François Archambault, mis en scène par Maxime Denommée. C’est l’histoire d’un certain Philippe Désormeaux (Pierre-Yves Cardinal), chanteur vedette du moment, en couple avec la célèbre Lucie D’Amour (Marie-Pier Labrecque). Lors d’une altercation, Philippe cause accidentellement la mort de sa future épouse, et pour se faire innocenter, il invente tout un mensonge avec l’aide de ses parents…


En lisant cette présentation, on pourrait s’attendre à une comédie dramatique de bas étage dont l’idée semblait se confirmer dès la première scène, un brin brutale. Et pourtant, en relief de ce scénario gentillet se dégage une intéressante mise en abîme des idées philosophiques sous-entendues.

La pièce soulève ainsi la question du paraître et de l’influence des réseaux sociaux, dont l’ironie se voit dans le sujet aussi profond et sombre de la mort d’un être aimé. Autour du mensonge grandissant d’un jeune homme en quête de succès, c’est toute une pression sociale et médiatique qui prend le pas sur une réalité finalement transfigurée. La question de l’éthique apparaît alors comme le cœur même de la pièce, alors que la cérémonie funéraire devient une véritable scène de spectacle et la conférence de presse à la fois une campagne électorale et la promotion d’un nouvel album…

Petit à petit se dévoile un « cynisme désespéré et désespérant » (Jean-Marc Dalpé, auteur en résidence à La Manufacture) en traitant des thèmes aussi sérieux qu’actuels au deuxième degrés (minimum), et en mettant en scène des personnages caricaturés grossièrement. On notera d’ailleurs l’importance du matériau sonore, conçu par Eric Forget, dans l’accroissement de l’absurdité, en proposant notamment une musique très douce sur une action dramatique violente, ou du death metal – style avec lequel il faut toutefois être assez familier pour saisir les codes et les subtilités.

A travers ce mixe de thèmes traités au sein d’un même décor, Maxime Denommée confirme l’idée selon laquelle le théâtre favorise la curiosité, l’interrogation et propose un regard toujours plus riche et actuel sur notre société.


* Une mort accidentelle est présentée du 17 janvier au 25 février 2017 à La Licorne. Des supplémentaires ont été ajoutées, les samedi 21 janvier, 28 janvier, 4 février et 11 février à 20h00. Détails et billets par ici.

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