Tartuffe (de Denis Marleau) au TMN | Molière à la Révolution tranquille

Le classique de Molière, Tartuffe, est présenté au Théâtre du Nouveau-Monde du 29 septembre au 22 octobre 2016, et met en vedette Benoît Brière, Emmanuel Schwartz, Anne-Marie Cadieux et Violette Chauveau. On a droit a un Tartuffe revisité dans les années 70, ce qui résulte en costumes funky et musique du temps, un contexte minutieusement bien choisi par son metteur en scène Denis Marleau.



Le Théâtre du Nouveau-Monde se fait une mission de présenter les classiques d’hier et de demain, et Molière est sans contredis un incontournable. À voir la distribution et le titre du spectacle lui-même, l’envie d’aller voir Tartuffe est évidente.

Le rideau se lève sur un complexe familial à paliers en béton dans un décor parfaitement adapté à l’époque et les comédiens sont vêtus de robes yéyé, en cols roulés et complets bruns. L’attention dans la scénographie est remarquable.

Dès qu’on ouvre la bouche, la plume de Molière, en vers, est articulée et l’illusion des années est un peu brisée. On nous place dans un Québec dans un contexte de Révolution tranquille, mais on nous parle en bon français. Le contexte est toutefois absolument bien pensé, les années 1970 marquant la fin de la Révolution tranquille et la victoire de la laïcisation. Après tout, on parle d’une pièce où la prémisse parle d’un faux dévot qui dupe un père de famille et cette famille qui souhaite voir l’imposteur quitter le domicile familial. Dehors la religion!

Bien sûr, l’époque de Molière et celle de la Révolution tranquille sont loin d’avoir connu les mêmes réalités. On doit oublier que le mariage arrangé de Mariane (Rachel Graton) à Tartuffe (Emmanuel Schwartz) par Orgon (Benoît Brière) n’aurait sans doute pas passé en 1969, ou qu’un prince qui gouverne ne soit plus d’actualité.

Photo par Yves Renaud

Photo par Yves Renaud

Voler la vedette

La distribution était parfaitement choisie. Le duo Schwartz et Brière en Tartuffe et Orgon était dynamique et se donnait la réplique sans hésitation. Schwartz a donné vie à un faux dévot aux mimiques hilarantes, à l’hypocrisie réussie qui prenait une puissance hallucinante vers la fin, au moment de sa revanche. Une face à rentrer dedans, dans un crescendo parfaitement exécuté.

Du côté féminin, c’est Dorine (Violette Chauveau) qui a volé le spectacle. La dame de compagnie avait la rétorque facile et rapide, et la retournait de manière naturelle. On ne peut tout de même pas oublier Anne-Marie Cadieux en Elmire qui brille dans la deuxième moitié du spectacle. La scène de fausse séduction pour démasquer Tartuffe était d’un niveau burlesque sublime. Le genre de scène dont on se souvient longtemps.

Photo par Yves Renaud

Photo par Yves Renaud

Les hauts et les bas

Cette deuxième moitié de spectacle était dynamique et captivante, alors que la première, par moments, battait un peu de l’aile. On parle tout de même d’un spectacle de 2 heures 35 minutes avec entracte, il faut donc s’attendre à des longueurs. On les a principalement vues dans la première partie du spectacle. Elle cachait tout de même des scènes bonbons, comme l’aveu amoureux de Tartuffe à Elmire, le désespoir de Mariane face à son potentiel mariage à Tartuffe, ou encore l’insolence de Dorine.

Le rythme grimpait et tombait en montagne russe, mais on pouvait au moins se réjouir de voir les hauts très hauts et les bas pas si bas. C’est un spectacle où on a le temps de reprendre son souffle, une qualité et un défaut. Un deux heures bien agrippé nous aurait éviter de regarder notre montre.

Tartuffe au Théâtre du Nouveau-Monde reste un incontournable grâce à distribution et sa scénographie. C’est un classique de Molière très bien exécuté, auquel on aurait peut-être retiré quelques scènes pour maintenir le rythme, mais qui joue sur les mécaniques comiques de manière remarquable. Ne manquez pas ce rendez-vous avec Molière dans un contexte moderne, au TNM jusqu’au 22 octobre.

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