crédit photo: Pierre Langlois
Marcus Lowry

Marcus Lowry à l’Ursa | Intimiste et chaleureux

C’est dans l’agréable ambiance de la petite salle de l’Ursa sur l’avenue du Parc que l’on retrouvait mercredi soir la folk touchante de Marcus Lowry. Il nous a joué les titres de son album Time, Time, Time qui a été un coup de cœur personnel en 2023. Avec ses musiciens, il a su toucher un public attentif et ravi. La soirée avait particulièrement bien commencé avec la folk inventive de Nan Macmillan et Evan Dibbs dans un duo complémentaire et riche.

J’avais hâte de retrouver enfin sur scène l’excellent album Time, Time, Time de Marcus Lowry qui m’a accompagné ces derniers mois, un disque à la fois réconfortant et chaleureux. Si l’album contient beaucoup de parties avec un quintette de cordes, la formation est plus réduite ce soir. Lowry est accompagné solidement par Émilou Johnson à la contrebasse, Vincent Delorme à l’alto et l’essentiel Joe Grass est à la pedal steel guitar principalement et quelques excursions à la guitare acoustique. Il est à noter que Joe Grass a produit l’album de Lowry.

La scène est petite et la promiscuité entre musiciens est de rigueur à l’Ursa, peut-être une des sources de la convivialité et de l’émulation du lieu. C’est décontracté mais concentré. Marcus Lowry est assis au devant et joue appliqué de la guitare acoustique tout en chantant, la plupart du temps les yeux fermés. Si Lowry n’a pas la voix la plus impressionnante du Québec, elle reste très touchante et maîtrisée, ce qui ajoute au côté intimiste et senti des titres avec un petit côté Nick Drake

Joe Grass est toujours aussi présent musicalement et sait se mettre au service de la musique sans accaparer tout l’espace. Il nous sort quelqu’une de ses astuces habituelles et particulières, comme le jeu d’archet sur la pedal steel guitar ou l’utilisation d’une petite can de spray-net comme barre ainsi que le e-bow, un substitue électronique d’archet (pensez à la ligne de guitare continue sur le Heroes de Bowie). C’est toujours fait avec bons goûts et sans ostentation.

Il y aura également un duo entre Lowry et Grass avec les deux guitares débranchées qui jouent une reprise découverte la semaine passée, aux influences Simon and Garfunkel. Et aussi une reprise du titre Chelsea SmileBelle Grand Fille vient ajouter sa voix à l’ensemble.

La contrebasse d’Émilou Johnson, souvent jouée à l’archet, rythme le tout solidement et l’alto de Vincent Delorme sait se rendre complémentaire à l’ensemble.

Joe Grass dénonce les arrangements livrés tardivement de Lowry et qui tiennent les musiciens vigilants et ravie Lowry notamment sur le dernier titre Going ‘Round Again, une longue version aux arrangements particulièrement fournis et réussis. « That sounds so good! », échappera-t-il. On est entièrement d’accord.

Marcus Lowry a su présenter ses morceaux avec des arrangements différents et bonifiés de son album et c’est un concert aux charmes indéniables qui a capté l’intérêt du public avec une folk élégante et intimiste loin de certaines prestations conventionnelles voire linéaires dans le genre.

Pour prolonger l’expérience, retrouvez l’album Time, Time, Time de Marcus Lowry :

 

Deux noms à retenir : Nan Macmillan et Evan Dibbs

Ce sont deux jeunes musiciens venus de Brooklyn qui ouvrent la soirée. Dans le cadre d’une tournée commune, Nan Macmillan et Evan Dibbs joignent leur force pour présenter leur titre aux accents folk et Americana. Nan Macmillan alterne entre la guitare acoustique et l’électrique alors qu’Evan Dibbs passe de l’électrique au banjo et les voix principales se succèdent suivant les titres.

Tous deux sont agréablement surpris par l’écoute attentive qui leur est reservée. Avec des titres très travaillés et de beaux textes, il serait difficile de ne pas faire autrement.

C’est la voix de Nan Macmillan qui impressionne en premier, très chaleureuse et douce, sans trop d’effet mais avec une belle assurance et de subtiles nuances avec des textes bien écrits. Son jeu de guitare paraît semble plus simple qu’il ne l’est vraiment, tout comme celui d’Evan Dibbs. Tout semble couler de source en apparence mais les harmonies sont recherchées.

Si les guitares se marient très bien, c’est également le cas pour les voix où tout est fluide et se joignent pour plus de beauté. Evan Dibbs est vocalement plus sobre et me rappelle le regretté Neal Casal dans ses albums solo. Dibbs propose un jeu de guitare et de banjo sophistiqué. Il a un album dans les tiroirs dont la genèse semble avoir été compliquée et qui devrait sortir un jour, bientôt, en 2024? En tout cas, ça nous a donné le goût,

Nan Macmillan et Evan Dibbs sont une très belle découverte, tout en douceur et en beauté simple. Les répertoires de chacun sont mélangés et cela forme un beau mélange cohérent et très bien assorti, avec une connivence évidente pour un résultat à l’avenant. On ne se privera pas de les suivre dans leurs jeunes carrières qui font déjà preuve d’une belle maturité.

Nan Macmillan vient de sortir l’album From Both Eyes ce 8 mars :

On peut également retrouver World Before Us, le dernier effort solo d’Evan Dibbs en ligne:

 

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