Kinky Boots (Broadway)

Kinky Boots à la Salle Wilfrid-Pelletier | Changer le monde avec des bottes

La Salle Wilfrid-Pelletier est prise d’assaut par des paillettes et des talons hauts avec l’arrivée de la comédie musicale Kinky Boots présentée du 3 au 8 janvier. Avec une histoire sur l’ouverture d’esprit et une trame sonore écrite par Cyndi Lauper, la table est mise pour un spectacle renversant à ne pas manquer.

Des drag queens, une manufacture de chaussures et des bottes hallucinantes, dur de croire que ce soit une histoire inspirée de faits vécus, mais pourtant, il y a bel et bien eu une usine de chaussures en Angleterre qui a choisi de changer complètement de clientèle pour assurer sa pérennité. Kinky Boots raconte l’histoire de Charlie Price héritier de la manufacture de son père qu’il ne voulait pas vraiment, qui fait la rencontre de Lola, une drag queen. Celle-ci l’inspirera à créer des talons aiguilles plus robustes et surtout plus étincelants. Le duo admettra qu’ils ont plus en commun qu’ils ne le pensent.

Étant visiblement différente, Lola connaîtra son lot d’injures et de préjugés, mais démontrera à tout un chacun qu’avec un peu d’ouverture d’esprit, tout le monde en ressort grandi. Elle saura même remettre à sa place Don (Aaron Walpole), un employé machiste qui en apprendra beaucoup sur sa propre masculinité grâce à elle.

Quand trop c’est trop

C’est normal dans le style de la comédie musicale de miser sur le gros: des grandes expressions, un jeu moins naturel, l’exagération. Toutefois, quand le reste de l’ensemble s’est entendu sur un certain ton et qu’en plus on ajoute la flamboyance du drag, ça semble un peu jurer qu’un personnage qui est supposé représenter le boy-next-door joue trop gros. Charlie Price interprété par Curt Hansen gagnerait peut-être à calmer un peu son jeu, surtout sur ses numéros où il est seul sur scène, comme sur Soul of a Man. Il est bon, il chante bien, il incarne bien Charlie, il n’a donc pas besoin de le jouer si gros.

De son côté, J. Harrison Ghee rayonne en Lola. Sur le premier numéro, il nous semblait quelque peu inconfortable dans ses talons pour la chorégraphie de Land Of Lola, mais il nous a rapidement prouvé le contraire plus le spectacle avançait. Il maîtrise parfaitement son attitude, sa démarche et sa réplique. À chaque apparition, les applaudissements fusaient. Le moment le plus marquant de sa performance où Lola nous a tous émus profondément est sur le numéro Hold Me in Your Heart, où elle pardonne Charlie Price de lui avoir tenu des propos déchirants. La salle était d’une écoute impressionnante et elle a applaudi à tout rompre à la dernière note.

Un choeur en talon haut

Lola est accompagnée de ses Angels, six drag queens amenant un peu plus de diversité aux employés de l’usine. Elles étaient magnifiques, créaient un choeur hallucinant de basses et d’altos pour soutenir la superbe voix de Lola et dansaient de manière impressionnante dans leurs talons aiguilles. À un moment du spectacle, l’une d’entre elles est même arrivée sur scène en bikini à paillettes et, sans mes lunettes, ma myopie m’y aurait fait voir que du feu. Elles se mêlaient parfaitement au reste de l’ensemble, lui-même devenant plus flamboyant petit à petit.

Une autre qui a retenu notre attention par son interprétation remarquable de The History of Wrong Guys, c’est Rose Hemingway dans le rôle de Lauren. Ce numéro racontant ses mauvaises expériences avec les mauvais garçons nous est tous on ne peut plus familier. Le jeu est drôle, la voix nasillarde à point: on se revoit toutes à un moment ou un autre dans ses souliers… ou plutôt ses bottes.

À part peut-être l’accent anglais forcé, la comédie musicale Kinky Boots frappe dans le mille. C’était un réel plaisir à voir avec une histoire crédible, une trame sonore entraînante et un message incontournable. Avec toutes les horreurs qui se passent dans le monde, prendre le temps d’accepter les gens pour qui ils sont fait toute la différence. Après tout, c’est beau la différence. Kinky Boots est présenté à la Salle Wilfrid-Pelletier jusqu’au 8 janvier, et vous ne voulez pas manquer ça. Là-dessus, je m’en vais m’acheter des nouvelles bottes.

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