Kim Churchill

Kim Churchill | Compositeur nomade

C’est autour d’un expresso allongé dans le Mile-End que Sors-tu.ca a eu l’occasion d’avoir une jasette avec Kim Churchill. Le rire contagieux de l’artiste au look surfeur a su débloquer l’atmosphère coincée du lieu, et mener vers une conversation transparente sur sa tournée au Québec, sa perception de la composition nomade et… Taylor Swift.

Fraîchement débarqué d’une tournée en Allemagne, l’artiste qui a déjà trois albums studios en poche fêtait ses 25 ans la semaine dernière à Berlin, alors qu’il jouait au Festival Reeperbahn. « Voyager pendant une tournée, c’est toujours être avec des gens que tu aimes, mais aussi être loin des gens que tu aimes. Alors les anniversaires sont un peu comme n’importe quelle autre journée ». Tout de même, il profite de la bière et des jarrets de porc.

Un Abonné du National Geographic

Kim n’a jamais arrêté de voyager depuis ses 18 ans, alors qu’il joue des spectacles pour éviter d’avoir un logement permanent. Il conseille aux voyageurs de ranger le passeport, la pièce d’identité, les cartes de crédits et l’argent dans des endroits différents, pour éviter de tout perdre en même temps.

Sept ans plus tard, il se retrouve avec une carrière, un peu motivé par une obsession sur Bob Dylan. « Si j’avais pensé à ce que j’étais entrain de faire, je ne l’aurais probablement jamais fait. Il y a trop peu de chances de percer en tant que musicien dans la petite ville d’où je viens ». Composer est ce qu’il voulait faire dans la vie, et il n’y a jamais pensé, c’est juste arrivé naturellement.

Kim Churchill - Montreal - 2015-2

Ce qui rend sa carrière aussi intrigante, c’est sa facilité à composer sur la route. « Composer et voyager, c’est un cycle. Je voyage parce que je joue des chansons pour des gens, et j’écris des chansons sur mes voyages. Quand j’enregistre, je pèse sur le bouton et je joue. J’aime enregistrer le plus rapidement possible quand j’ai une nouvelle idée, car la première version est la plus vulnérable ». C’est sa capacité d’adaptation à différents milieux qui lui permet de composer n’importe où.

Sa créativité se manifeste davantage lorsqu’il est entouré de gens et de nouvelles frontières, mais il s’agit d’un processus gagnant qu’il découvre par essais et erreurs. Alors qu’il se retrouve seul au Mexique pour la première fois, il y compose Only Time Can Take You On en plus de 2 semaines, une chanson sur la solitude. « Ça n’a pas marché. Je pense que n’importe qui ne devrait pas passer trop de temps seul. Ton seul réconfort c’est de savoir que le temps va te permettre d’avancer vers quelque chose d’autre. » Ça valait la peine de voyager jusqu’en Amérique Centrale pour cette chanson.

Silence / Victoire

C’est sur son dernier album Silence/Win, qui a fait parution en 2014, qu’il confirme son genre folk rock. La recette secrète pour une chanson de Kim Churchill, c’est une mélodie qui fonctionne avec les accords, quelque chose d’unique. Composer de façon nomade, c’est de la chance. C’est jouer avec des accords jusqu’à ce que tu trouves quelque chose de différent.

Quand tu tombes dessus, tu le sais immédiatement. Les chansons doivent aussi dire quelque chose. Elles doivent offrir un message aux gens qui les écoutent.

C’est d’ailleurs sur cet album que l’on retrouve la chanson Window To The Sky, chanson titre du vidéoclip réalisé par Jason Rodi (qui coiffe ce texte).

Kim est tout de même très impliqué dans la production artistique, et a une demande particulière. « J’aime les choses qui sont vraies, comme ce que OK Go font. Je ne veux pas faire un vidéoclip comme Taylor Swift, et dépenser un montant d’argent suffisant pour nourrir un pays du tiers-monde pendant dix ans dans un vidéo avec des effets spéciaux. » Il préfère passer des semaines à pratiquer et travailler avec son équipe pour créer quelque chose de plus conceptuel.

Pour Kim, la musique est un secret. Il n’y a que lui qui influence sa création. « C’est tellement une étape vulnérable, et le meilleur art provient de cette vulnérabilité. Si tu la partages avec les autres, tu t’exposes à la critique, et ça se resent dans la chanson ». Son gérant doit même se déplacer en avion pour entendre ses compositions en personne lorsqu’elles sont terminées. C’est ce qui risque d’arriver prochainement, puisque c’est déjà le travail ardu sur son prochain album qui l’attend après ses 7 spectacles au Québec.

Sous l’éclairage

Kim Churchill est d’abord et avant tout un one man show. À lui seul, il maitrise la voix, les percussions, la guitare et l’harmonica. Au delà du talent, ses pieds nus sur la scène sont encore plus intrigants. « J’ai eu une phase ou j’ai joué avec des souliers pendant 3 mois, et je n’ai jamais été aussi déprimé. Pas à cause de ça, je pense que je portais des souliers parce que j’étais déprimé ». Le voyageur en lui admet ressentir une connection avec la qualité de sa performance sur scène lorsqu’il show off ses pieds.

Il préfère l’ambiance des festivals à celle des petites salles de spectacles. Il se remémore avec mélancolie ses premiers festivals, particulièrement le Woodford Folk Festival, en Australie. « C’est sept jours pendant le nouvel an, dans une forêt tropicale, avec 120 000 personnes. Au nouvel An, tu fêtes toute la nuit, et tu marches pendant 45 minutes jusqu’au haut d’une montagne, aussi saoul que tu puisses être à 5h du matin. Il y a une scène qui ressemble à des flames, avec cinq moines tibétains qui chantent pour le lever du soleil. » C’est spécial.

Son festival de rêve, il l’a déjà vécu à Glastonbury l’année dernière, en compagnie de Robert Plant, Jack White et Glass Animals. Il aimerait bien jouer au festival Eux Claires avec Bon Iver, mais qui n’aimerait pas vivre ça?

Ici

L’artiste, signé à Disques Indica, est déjà familier à Montréal. Il y a d’ailleurs enregistré deux albums live dans des greniers, en 2011 et 2013. « Chaque fois que je viens à Montréal, je suis en mesure de remettre certaines choses en place. J’aime la fusion des différentes cultures ici, ça m’inspire. Enregistrer un album live, ça devait être ici, c’est l’environnement idéal. » D’ailleurs, il se réjouit à l’idée d’être de passage pour aller manger dans son restaurant indien fétiche, sur Jean-Talon.

Autre la gourmandise, Kim a vraiment hâte de se retrouver sur les planches du Club Soda pour une deuxième fois. « Plus je joue partout dans le monde, plus je réalise à quel point les foules sont différentes. En Suisse, les gens étaient silencieux à mort, ils ne faisaient qu’écouter. » Il vante l’expérience Canadienne et Australienne, puisqu’il a un penchant pour les êtres fous, ceux qui chantent, rient, crient, et boivent.

En sortant du café, la serveuse le complimente sur ses cheveux «d’artiss ». Pour voir ses p’tites vagues dorées en personne, suffit de se pointer au Club Soda ce mardi 6 octobre, ou encore à Québec (le 8), Maskinongé (le 9) ou Saint-Hyacinthe (le 10). En plus, Trevor Hall sera aussi de la partie; un combo surfeurs 2 pour 1.

Pour ceux qui préféreraient stalker le cuir chevelu des gens sur Les Internets, des superbes prestations acoustiques sont aussi disponibles:

 

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