Ibeyi

Ibeyi au Théâtre Corona | Quand tout se complète à merveille

Les deux jumelles franco-cubano-vénézuéliennes formant le duo Ibeyi étaient de passage à Montréal pour présenter leur nouvel album Ash, faisant lever une foule de prime abord assez tranquille grâce à leur complémentarité d’énergie effarante.

Le duo Ibeyi est monté sur scène, exposant dès son entrée sa dualité si complémentaire. Naomi Diaz, qui s’affaire surtout aux percussions, le cajón et le tambour batá, toute de rouge vêtue avec une attitude énergique surmonté d’un soupçon d’arrogance. Lisa-Kaindé Diaz quant à elle semble plus posée, terre à terre. Elle est la première voix du duo et a agi à titre de porte-parole lors du concert, narrant des récits çà et là pour mettre en contexte les différents morceaux.

Après une arrivée sur scène remarquée, Lisa-Kaindé fait part d’une chanson qu’elle a écrite pour sa sœur, I Wanna Be Like You. « Je l’ai écrite pour Naomi, parce que je voudrais être comme elle, danser comme elle, être cool comme elle », dit Lisa, mi-amusée, mi-sérieuse. Naomi a accompagné le tout en tant que seconde voix avec le cajón et la foule a commencé à s’agiter. Le duo chante en anglais et en français, mais incorpore également de l’espagnol et du yoruba, langue nigériane qui a été transportée à Cuba avec l’arrivée des esclaves sur l’île caribéenne. Ibeyi veut d’ailleurs dire «jumelles» en yoruba.

Les franco-cubano-vénézuéliennes arborent une énergie pleine de fougue, sans toutefois en faire trop. Leur musique est modeste et loin d’être surchargée, instrumentalement parlant, utilisant souvent qu’un seul élément percussif, leurs voix et le piano. La simplicité des rythmes s’agence avec la force inégalée de leurs voix, qui se complètent extrêmement bien.

Elles ont enchaîné avec plusieurs morceaux de leur nouvel album incluant la pièce Transmission/Michaelion et Valé, une berceuse composée pour leur nièce, puis Deathless, entre autres. La plupart des chansons avaient droit à une introduction en bonne et due forme, puisqu’une histoire est associée à chacune d’entre elles.

Plusieurs fois au cours de la soirée, Lisa-Kaindé a fait mention de la force des femmes et de l’importance de ne pas se laisser faire, incorporant la chanson My Man Is Big Enough For My Arms à son discours. Elle a d’ailleurs félicité la ville de Montréal pour l’élection d’une première mairesse.

Les jumelles non-identiques ont joué leur première chanson en espagnol, aux accents plus reggaeton, soulevant la foule petit à petit. L’ambiance, bien qu’admirative, restait un peu trop calme en comparaison à l’énergie dégagée par les musiciennes. Le spectacle s’est clos sur un rappel de deux morceaux, Waves et River, leur premier succès vidéo au concept extrêmement simple, mais intrigant. Elles ont remercié à maintes reprises le public montréalais pour un chaleureux second accueil, depuis leur venue à M pour Montréal.

Leur lien familial fort crée certainement une synergie hors du commun sur scène, mais c’est surtout leurs différences et leur façon de se compléter qui épate, entre fougue, voix mielleuse et force tout en quiétude.

La première partie : theMIND

La soirée a début avec le chanteur coloré theMIND, connu pour ses collaborations avec entre autres Noname et Mick Jenkins. Issu de Chicago, il arbore cette touche jazz ajoutée au rap de la ville venteuse de la dernière année, laissant couler les notes langoureusement et avec passion.

Accompagné d’une guitare et d’un synthétiseur, les chansons étaient interprétées avec un micro et un plug-in permettant d’altérer la voix, donnant une dimension quasi-orchestrale à sa performance. La foule s’est vu amusée par l’écran derrière l’artiste où étaient projetées sans prétention des animations en 8-bit du chanteur, immergé dans des moments plus ludiques les uns que les autres.

Il a interprété quelques morceaux de son projet Summer Camp dont Mercury Rising, me laissant sur ma faim, mais semblant satisfaire le public qui pour la plupart ne semblaient pas le connaître. Avant de quitter la scène, il a clamé haut et fort son amour pour Montréal. Malheureusement, la foule n’a pas levé malgré l’enthousiasme et la présence chaleureuse du chanteur. Tant pis pour elle!

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