Foirée montréalaise à La Licorne | Le blues des Contes (Urbains)
Alors que la pluie nous rappelait que novembre n’a comme pas eu lieu cette année, Sors-tu.ca a assisté avec enthousiasme et fébrilité au nouveau spectacle-tradition du temps des Fêtes de La Licorne : la Foirée montréalaise du Théâtre Urbi et Orbi.
Le pari était risqué : après 20 ans de Contes urbains, comment donner un p’tit coup de jeunesse à un concept qui a fait ses preuves année après année, rameutant le tout-Montréal-fréquenteux-de-théâtre, qui devait se réveiller assez tôt dans l’automne pour être certain d’avoir une place à l’une des nombreuses veillées orchestrées par Yvan Bienvenue.
Je ne ferai pas de jeu de mots foireux.
Mais je dirai : il y a du bon, il y a du moins bon, il y a du mauvais. On pourrait même se contenter de citer cette ouverture du mot du metteur en scène, Martin Desgagné :
À la veille de vous présenter la première édition des Foirées montréalaises, je me sens comme un p’tit kid, la veille de Noël, qui a travaillé fort pour concocter de ses mains, et de celles de ses complices, un beau gros cadeau plein d’amour pour ses parents, sa famille et ses amis.
L’essentiel y est : plein de bonne volonté, les artisans de la Foirée se sont donnés, ça oui, c’est évident. Exactement comme le dit Desgagné : beaucoup d’efforts et de travail. Traduction libre : c’est l’intention qui compte. Genre : « Merci mon p’tit loulou, c’est vraiment su-per-beau ton bricolage. »
Conter l’arrondissement de Saint-Laurent
Reprenant la dynamique éprouvée des Contes urbains, il s’enchaîne dans cette Foirée montréalaise des histoires, des contes, de la musique, brodant autour du thème de l’arrondissement de Saint-Laurent, pigé au hasard par un abonné lors du lancement de la saison 2015-2016 de La Licorne.
À la manière de la défunte Soirée canadienne, qui visitait chaque semaine une contrée québécoise, les Foirées se promèneront, quant à elles, d’un arrondissement montréalais à l’autre d’édition en édition. On sait au moins qu’on en a pour une couple d’années à explorer et à louanger notre donc ben belle ville. Parce qu’on n’est pas du tout montréalocentristes, ça non.
Hybride, donc, entre les Contes urbains et la Soirée canadienne, la Foirée éparpillée à laquelle nous avons pris part hier, menée par Pascal Contamine, était une intéressante – et honnête – première tentative. Intéressante parce qu’on se doit de saluer l’idée de revamper ce concept quasi culte présenté à La Licorne. Sauf que, ‘mettons, si on reprend le p’tit gars de la citation de t’à l’heure, va falloir qu’il en fasse, des bricolages…
Dans le fameux cadeau, il y avait le contexte historique de l’arrondissement, une entrevue vidéo avec Gilles Pelletier, qui nous parlait des Compagnons de Saint-Laurent, un vox-pop au métro Côte-Vertu, un conteux-podorythmiste-harmoniciste du tonnerre (l’excellent Alain Lamontage, en ouverture), du slam, des adaptations de chansons traditionnelles (de Noël ou pas), des histoires comiques, touchantes, flirtant avec une certaine authenticité… pas toujours authentique, justement.
Si on ne trouve rien à redire à certains « numéros », c’est qu’ils fonctionnaient, contés par des comédiens pas toujours connus, mais de calibre étonnant et détonant (pensons à Mounia Zahzam et à Joachim Tanguay) par rapport aux autres. Des soucis techniques agaçants, des interventions loin d’être fluides entre le maître de cérémonie et les différents conteux, une spontanéité qui sonnait faux, un rythme qu’on cherche, sans jamais le trouver…
Le tout nous a semblé négligé, brouillon, comme un chandail de laine pas tricoté égal, avec des accrocs, des fils tirés, des trous, une tache de moutarde, un boute brûlé. Mais tricoté avec de la crime de bonne laine récupérée de la courtepointe des Contes urbains.
Peut-être qu’il faudrait essayer un autre type de point? Une autre taille d’aiguille à tricoter? Ultimement : une autre laine?
Quoi qu’il en soit, on est repartis pour 20 ans, pis curiosité et tradition oblige, on ira quand même voir chaque année comment la Foirée aura été tricotée.
* Foirée montréalaise sera présenté au Théâtre La Licorne jusqu’au 19 décembre.
Mise en scène : Martin Desgagné
Animateur : Pascal Contamine
Auteurs-interprètes : Dova Lewis, Alain Lamontagne et Franck Sylvestre
Interprètes : Joachim Tanguay et Mounia Zahzam
Auteurs : Simon Boudreault et Nathalie Doummar
Musiciens : Ludovic Bonnier, Claude Fradette et Normand Miron
Direction artistique : Yvan Bienvenue
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