Sam Roberts Band

Entrevue | Sam Roberts et son univers low fantasy

D’emblée, on ne serait pas tenté d’associer Sam Roberts à l’imaginaire fantastique, au merveilleux.  C’est pourtant ce qu’évoque son nouvel album, tant dans son titre que la thématique qui relie toutes les pièces ; le rockeur montréalais y explore la « low fantasy », une notion souvent utilisée en fiction, selon laquelle des éléments irréels se mélangent à notre réalité ordinaire. Entrevue un peu space avec un artiste intense.

Photo par Pierre Bourgault.

Photo par Pierre Bourgault.

 

« Il y a cette possibilité qu’un autre genre d’expérience existe en parallèle, mais nous avons tellement tendance à nous concentrer sur ce qui se passe devant nous que nous nous empêchons d’en prendre conscience », philosophe-t-il dès le début de l’entrevue. « On appelle ça ‘fantasy’, mais ça pourrait très bien être une réalité. »

Photo par Pierre Bourgault.

Photo par Pierre Bourgault.

Va pour l’idée, c’est le genre de concept dont on discute parfois entre amis, autour d’une bière ou sous l’effet d’une herbe stupéfiante. Mais pourquoi en faire l’objet d’un disque rock ? « La musique est une des rares choses, dans cette vie, que l’on n’arrive pas vraiment à expliquer. Peut-être que c’est un pont vers cette autre réalité. Pourquoi écoutons-nous de la musique ?  Pourquoi est-ce si important pour nous ?  Peut-être que ça nous rapproche d’une réalité plus vraie encore que la main devant notre visage. »

L’idée de l’irréel qui se greffe à la réalité quotidienne et ordinaire est aussi bien ancrée dans la vie de tous les jours de Sam Roberts. Il y a aussi cette dualité, cet étrange contraste entre la vie de musiciens bohème, sur la route, en voyage constamment, qui s’agence à une vie de famille bien rangée, organisée, presque routinière. « La musique est une chose très addictive. À tout moment, la musique occupe ton esprit, ça te suit partout. Mais ce matin, par exemple, je devais préparer mes enfants pour l’école, m’assurer que leur lunch soit prêt et qu’ils soient bien vêtus, et ensuite, je m’en suis venu ici pour discuter avec vous de rock’n’roll et de ‘low-fantasy’, c’est quand même dingue. Ça prend du temps pour apprendre à jongler avec les deux, mais je crois avoir acquis l’expérience qu’il fallait pour y parvenir. »

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La variété

Tout ça pour dire que non, l’album du Sam Roberts Band lancé mardi dernier n’est pas une oeuvre concept new age ou prog rock. L’esprit rock’n’roll et le flair pop de la troupe canadienne n’ont jamais été aussi présents, en fait. À la première écoute, l’auditeur n’y voit que du feu.

Mais Lo-Fantasy propose un genre de thématique lexicale qui permet deux degrés de lecture. Il y a le rock’n’roll qui fait taper du pied, et l’exploration dans les textes de cette idée de double-réalité. Rien pour aliéner les fans de la première heure, mais l’auditeur plus curieux a de quoi scruter l’ensemble de l’oeuvre à la recherche d’un sens plus, disons, philosophique.

Y’a de la variété aussi, beaucoup de rythmes, de la texture. Ça va dans un sens, puis dans l’autre ; on sent les musiciens inspirés. « La plupart des albums que j’adore ne se sont jamais contentés d’une seule approche musicale. »  Il cite notamment Revolver des Beatles et Screamadelica de Primal Scream comme inspirations. « Le truc, c’est de tremper dans toutes sortes de sauces mais de t’arranger pour que ce soit homogène et naturel, au final. C’est ce qui fait un bon album, selon moi. Sinon c’est juste une collection de chansons. »

Pour l’occasion, le Sam Roberts Band a travaillé avec Martin Glover, mieux connu sous le sobriquet de Youth. Son apport fut primordial pour l’élaboration des chansons et du son de l’album. « À la fin de chaque journée, Youth nous obligeait à rester en studio et à jouer n’importe quoi, sans mélodies ou paroles prédéterminées. On jouait sans y penser, et certaines caractéristiques de chansons en ressortaient : des couplets plus tranquilles, des refrains qui explosent. Ça sortait naturellement, mais de façon très constante. Beaucoup de matériel qui se retrouve sur l’album a été créé comme ça. »


* En spectacle le samedi 15 février 2014 dans l’intimité du Lion d’Or, à Montréal, ainsi que le 1er mars à l’Impérial de Québec.

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