Olivier Bélisle

Entrevue et lancement avec Olivier Bélisle | Broderie sans fausse note

Le Quai des Brumes était bien rempli pour le lancement de Broderie, en formule 5@7. Les musiciens de l’album étaient tous sur scène. Loin d’une représentation minimaliste, on a eu droit à un show complet, bien vivant et joyeux, assuré par Olivier Bélisle et ses compagnons ultra-motivés. Après le concert, Sors-tu est allé parler avec Olivier Bélisle de ce lancement très réussi, et du bel album qui sortira ce vendredi 13 mars.

Un lancement qu’on attendait

Au début du 5@7, l’ambiance est à l’image du Quai des Brumes un dimanche : décontractée et chaleureuse. Il y a peu de monde, certaines tables sont encore libres et on se dit que le lancement de Broderie sera plutôt tranquille. Mais lorsque Olivier Bélisle et ses musiciens arrivent, vers 18h, ils doivent désormais se frayer un passage au milieu d’une foule compacte qui grignote l’espace où les artistes vont se produire. Le lancement de Broderie a l’air attendu de longue date, et la popularité d’Olivier Bélisle est au plus haut. « Les gens étaient au rendez-vous, plus que ce que je pensais encore. Il y avait toute sorte de monde, du monde que je ne connaissais pas, du monde que je connaissais, c’était de toute beauté. »

Le groupe commence à dérouler l’album, chanson après chanson, dans une atmosphère douce ponctuée de « chuuuuut » lorsque le public fait trop bruit et que certains n’entendent plus les paroles. Une écoute qui a ému Olivier Bélisle.

C’est probablement mon salon le Quai des Brumes, ça fait vingt ans que je viens ici. C’est quand même le fun d’aller chercher le monde mais dans un bar, tu sais pas s’ils vont écouter, et puis en fait ils t’écoutent. J’ai jamais eu un public de même de ma vie. C’est sûr que ce sont des amis, c’est un lancement, mais bon, le monde qui chante la toune à la fin de même ? J’ai jamais entendu ça.

* Photo par Camille Gladu-Drouin.

Un mélange unique et harmonieux

Ce qui caractérise le travail d’Olivier Bélisle, c’est avant tout sa poésie. Les textes de ses chansons sont continuellement entre le drôle et le touchant, à coups de métaphores inattendues et de chutes originales. L’ironie mordante de certains textes tranche avec la douceur de la mélodie qui les accompagne. La formule musicale d’Olivier Bélisle est très convaincante : avec un accompagnement original composé de deux trombones, d’un cajón, parfois d’un piano et d’une guitare acoustique, les couplets plus folk succèdent à des ponts joyeux. La fanfare désuète donne furieusement envie de taper du pied et de bouger la tête.

Pendant ce temps, Olivier Bélisle ferme les yeux et semble profiter de l’instant qu’il est en train de vivre : « C’est de la chanson à texte. Aller chercher le monde c’est pas facile, je ne suis pas humoriste, je dis pas grand-chose entre les tounes. Mais tu sais à un moment, t’as des palpitations cardiaques puis tu préfères dérouler l’album. On a eu beaucoup de respect du son, le monde nous a vraiment écoutés. »

Sa voix est juste, harmonieuse, et l’ambiance feutrée du pourtant bondé Quai des Brumes nous permet de déguster chaque parole comme une confiserie surette. L’acidité de son langage cru est un plaisir enrobé du sucre de cette voix qui nous berce.

 

Broderie, un album complet

L’album est construit de manière très intelligente, avec une alternance entre des tounes plus drôles et d’autres plus mélancoliques. Après une chanson bien piquante, Gala, Olivier Bélisle lance un « Marie-Ève Dion, je t’aime » adressé à sa femme, et entame Marie, dont le clip est sorti il y a deux mois pour annoncer le reste de l’album. Les yeux se ferment et les têtes balancent doucement tandis que résonne : « Ici on s’aime tout bas / De tous bords tous côtés / Ici Marie on se marie / Et la lumière peut ben aller se cacher / Tant que je t’ai à mes côtés / Que notre cœur se bat. »

 

Puis Olivier Bélisle enchaîne avec Coconut et Le Spag, dans un joyeux spleen qui nous enchante.

La construction de l’album a pris tout le temps dont elle avait besoin. « Ça fait 4 ans que je gosse là-dessus. Il y a des tounes, ça fait 15 ans que je les aies. Broderie, c’est vraiment fait main. On a fait ça enregistré dans des chambres à coucher dans un chalet, dans un vrai studio, puis on a traîné ça et on a gardé les meilleurs moments. »

« Avant d’être le disque, Broderie c’était une toune [la première de l’album, ndlr]. Ensuite on a mis toutes les chansons ensemble. La toune Broderie, c’est une remise en forme, une espèce de « Eh on va s’asseoir deux secondes, on va s’installer puis prendre le temps, souffler deux secondes et se dire que c’est pas obligé d’être compliqué. » »

Programme chargé

La suite pour Olivier Bélisle, c’est « pas mal de belles affaires qui s’en viennent, je peux pas en parler là mais y’a de belles choses qui arrivent… »

Broderie a pris son temps pour sortir, mais la machine est maintenant lancée. Le chanteur se dit content de la tournure des évènements. Il a joué il y a quelques semaines aux Francouvertes pour le programme J’aime mes ex et a été ravi de revoir le Lion d’Or : « C’est une des plus belles salles de Montréal. Je pense que c’est pas mal ça qu’on vise : des salles où le monde écoute. »

Si la suite se profile comme le lancement de Broderie, on ne doute pas qu’Olivier Bélisle passera une superbe année 2020.

L’album Broderies sera disponible en formats numérique et physique ce vendredi 13 mars 2020.

 

 


* Cet article a été produit en collaboration avec L-A be.

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