Francouvertes

Francouvertes 2020 – Soir 1 | Le grand retour du grunge… et du punk expérimental

Les Francouvertes, c’est l’événement le plus pertinent, intéressant et, honnêtement, amusant pour les amateurs en soif de nouveautés et de découvertes. Et voilà que la 24e édition a pris son envol hier soir avec trois des vingt-et-un participants sur scène au Lion d’Or. Il n’y a pas à dire, Mélodie Spear, Guillaume Bordel et Embo/phlébite ont tous mis la barre sacrément haute pour le reste du concours-vitrine.

Si bien que l’exercice de faire le traditionnel palmarès semblait cruel à faire. Vrai qu’un projet méritait amplement de se retrouver au sommet, mais personne n’a donné de prestation digne d’une troisième place.

J’aime mes ex

Avant d’envoyer les trois candidats sur scène, c’est Olivier Bélisle, participant de la 17e édition, qui vient présenter quelques chansons en formule guitare-voix-sifflements. C’est que la série J’aime mes ex, où d’anciens candidats viennent réchauffer la salle en interprétant en toute simplicité des nouvelles créations, est de retour cette année, au grand plaisir d’absolument tout le monde. Si certaines personnes étaient fébriles en coulisses, Olivier Bélisle était très décontracté, se permettant de faire quelques blagues entre ses cinq chansons.

*Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Mélodie Spear

C’est dans le 418 qu’on est allé repêcher la première candidate des Francouvertes 2020. Accompagnée de musiciennes de talent, Mélodie Spear se démarque par son énergie. Sa première pièce, Ana, est une épopée grunge. Lorsque ses comparses embarquent avec elle au refrain, on sent le Lion d’Or trembler.

Tout au long de sa performance, les styles se mêlent. Parfois punk, parfois rap, parfois bien pop irrévérencieuse, Mélodie se promène entre les univers. Elle se promène aussi en dehors de la scène à l’occasion, et se permet une courte pause pour chanter le début de Bohemian Rhapsody. Quand la chanteuse et guitariste se laisse porter par sa musique, ça donne des résultats franchement intéressants. Là où le bât blesse, c’est quand elle étire ses soliloques entre ses pièces ou joue la comédie. Ses chansons sont fortes, il ne lui reste qu’à leur faire entièrement confiance.

*Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Immédiatement après sa performance, Mélodie Spear (oui, c’est son vrai nom) a plutôt chaud, mais semble avoir eu beaucoup de plaisir. « J’ai toujours été une personne qui ne peut pas courir après un autobus et avoir l’air normale après. J’ai l’air d’avoir fait un petit marathon. » Pas de doute, elle aura tout donné.

Guillaume Bordel

Les années 90 sont décidément à la mode en cette première soirée. Après la tornade rousse de Mélodie Spear, c’est un Guillaume Bordel un peu plus posé qui s’est présenté sur scène. En guise d’introduction, une voix robotique créée via Google, nommée Line ou Linda, accueille le public dans la Bordel Cité. Comme c’est son habitude, l’auteur-compositeur-interprète est arrivé avec un t-shirt blanc rempli de dessins enfantins. Le costume n’est toutefois qu’un subterfuge. Sous celui-ci, qu’il garroche joyeusement dans la foule après une ou deux chansons, se cache un autre t-shirt blanc, celui-ci de La Voix.

La voix de Guillaume n’a peut-être pas ce qu’il faut pour faire retourner la chaise d’un des juges de la célèbre émission, mais le projet a d’autres outils pour séduire le public. Son rock bien ficelé, augmenté par quatre autres musiciens, a de quoi plaire. Sa pièce Loner se démarque d’abord du lot. C’est toutefois sa dernière chanson très noise qui surprend le plus. Attrapé lui aussi après son numéro, il avoue avoir écouté beaucoup d’Alice in Chains et un brin de Nirvana pour en arriver là.

*Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Si Guillaume était très angoissé avant le début de la soirée, ni le public, ni le jury ne s’en est rendu compte. « Dès que l’audio d’intro s’est terminé, j’ai joué deux notes sur ma guit et ma tête est tombée en mode Je trippe ma vie. J’ai vraiment eu du fun. Je pensais être nerveux tout le long! »

Embo/phlébite

Après ce déluge grunge, c’était au tour d’Embo/phlébite de tenter de gagner l’approbation du Lion d’Or. La performance terminée, on a demandé à Raphaël Léveillé, meneur du groupe, comment il décrirait ce qui venait de se passer sur scène. « Câline, euh… un spectacle proche de… ayoye! C’est l’exercice le plus difficile! »

Honnêtement, oui. Oui, c’est difficile de bien décrire ce que fait Embo/phlébite. Ce n’est pas comme s’il existait de véritables précédents pour ce qu’offre la formation. On sent que c’est un projet qui ne connait pas de limites. Tantôt, on cite un jeune garçon qui trouve que les siestes chez Caro sont aussi longues que des nuits. Tantôt, l’artiste N Nao, qui collabore aussi fréquemment avec Laurence-Anne, fait des manipulations sonores sur sa voix d’ange. Tantôt, tous les musiciens, sauf Raphaël, font tourner des corrugaphones. Ou des « whirly tubes », comme les appelle ce même Raphaël; une sorte de tubes de plastique ondulés.

*Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Et tout ça, c’est dans un enrobage violemment punk.

Il faut dire que la batterie de Gabriel Lapierre, aussi connu pour son travail avec Crabe, aide à créer une ambiance défoulante au projet. Embo/phlébite, c’est un ensemble de virages serrés, de surprises, d’expérimentations et de pur plaisir. On sent que les membres du groupe, qui incluent aussi Nicolas Gaudreault et Agate Dupéré, forment une belle famille, juste assez dysfonctionnelle, mais ô combien unie. Et même si on se roule profondément dans le champ-gauche, le public a semblé plus qu’enthousiaste à cette offre musicale.

Verdict

Sans grande surprise, c’est Embo/phlébite qui décroche la première place provisoire du palmarès. Guillaume Bordel mérite la 2e place alors que Mélodie Spear se classe 3e. Ce décompte sera évidemment chamboulé dès la semaine prochaine, alors qu’Ariane Roy, MoKa et Aramis viendront offrir une soirée plus pop lundi le 24 février aux Francouvertes.

 

Palmarès

  1. Embo/phlébite
  2. Guillaume Bordel
  3. Mélodie Spear

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