Émile Bourgault et Louis-Julien Durso au Verre Bouteille | Cette charmante jeunesse

Le Verre Bouteille accueillait non pas un, mais deux musiciens ce mercredi 18 octobre, se partageant équitablement la lumière des projecteurs dans le courant de la soirée. L’innocence, l’audace, la fougue de Bourgault et Durso ne peut qu’apparaître comme un exemple remarquable de cette relève qui pousse encore et encore pour percer dans cette jungle que l’on appelle l’industrie musicale.

Le Verre Bouteille tient ce penchant charmant, convivial : pleine à craquer, la salle héberge ce mercredi des vieux cégépiens comme de jeunes universitaires, mais pas que.

On aperçoit des personnes plus âgées en regardant aux alentours de soi, plutôt un signe encourageant.

En tant que public, il est nécessaire de continuer dans cette voie, tous âges, toute éducation, toutes préférences. Le portefeuille de Drake s’en remettra si M. Tout-le-Monde n’achète pas sa place à 300$ dans la fosse du Centre Bell. À moyenne échelle, on ne peut pas réellement affirmer la même chose pour des concerts comme celui tenu par Émile Bourgault et Louis-Julien Durso.

 

Célébrer l’amitié

Le mot d’ordre de cette soirée : nouveauté. Et non seulement ce synonyme de jeunesse, littéralement, de l’inédit. Durso et Bourgault s’apprêtent chacun à sortir leur premier album prochainement, respectivement en novembre et dans le courant du printemps 2024. Un moyen parfait pour rôder leurs nouvelles créations, libres et sans peur du jugement.

Des originaux, mais pas uniquement : en entrée de jeu, une reprise du titre de Mario Pelchat, Je suis un chanteur, donne le ton de la soirée, de la dynamique entre les deux musiciens. D’autres versions de classiques de la chanson en français seront interprétées par Bourgault et Durso, citant notamment Mon frère, de Jean-Pierre Ferland, ou Le sud, d’un artiste de l’autre côté de l’océan, Nino Ferrer.

Se passant le tabouret du piano entre les morceaux, on dénote rapidement ce qui caractérise l’attrait principal de cette soirée au Verre Bouteille. L’amitié, telle qu’annoncée, et non pas une amitié paillettes qui fait frémir les amateurs de people, une réelle et authentique amitié.

Des petits baisers envoyés dans les airs, des regards complices après un bon coup, des gorgées de vin par-ci, par-là.

« C’est fabuleux ce qu’on vit », lance Émile Bourgault après une étreinte avec son compagnon.

Comme quoi, deux frères ne sont pas forcément toujours liés par le sang.

 

Au grand café

Le concert est qualifié d’emblée « d’un grand salon » par Louis-Julien Durso, le propos est saisi plus la soirée avec les deux musiciens avance. Une performance au Verre Bouteille comme telle réserve des surprises pour le meilleur, parfois pour le pire. Un membre du public dérangeant la prestation, divers invités de tous les horizons de la chanson, des problèmes dans la diffusion des micros. Si la soirée ne se révèle pas parfaite, la sincérité de la musique, des artistes offre un aspect plus séduisant que certains concerts pop millimétrés, où l’erreur n’a pas le droit d’exister. Quoi qu’il en soit, le talent est là, et un avenir radieux se dessine pour les deux chansonniers si le travail continue.

« S’il n’est pas venu le temps des cathédrales, il est venu le temps de vous raconter comment Louis et moi on s’est rencontr… », lance Émile, rapidement coupé par la foule. À la manière d’une star qui se fait réclamer son succès de la première heure, malgré deux EP seulement parus sur les plateformes.

« On la jouera pas », réplique Durso.

Sans être un grand endroit, un Verre Bouteille se transforme rapidement en un Club Soda ou un National. Une poignée de projets plus tard on vous offre un MTelus, et sans s’en rendre compte, vous voilà en train de jouer devant des milliers de personnes à la Place des Festivals.

Parlez-en à Philippe Brach, parlez-en à Marie-Pierre Arthur, à Yann Perreau, tous passés par le mythique bar sur la rue Mont-Royal.

Et qui sait, peut-être que les personnes présentes en ce mercredi soir d’octobre pourront lancer avec fierté à leurs amis dans 10 ans : « Quoi, Émile Bourgault/Louis-Julien Durso, tu viens juste de le découvrir? Je le suis depuis 2023, moi. »

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