Critique théâtre | Le tour du monde en 80 jours au Théâtre du Nouveau Monde

Le Théâtre du Nouveau Monde met fin à sa saison 2014-2015 avec Le tour du monde en 80 jours, inspiré du roman éponyme de Jules Verne.

Un beau défi pour Hugo Bélanger de réadapter sur les planches ce classique de Jules Verne. C’est jeudi soir dernier que la première médiatique avait lieu, devant un public particulièrement ricaneur, d’ailleurs. Et pourtant, la pièce qui se veut une comédie visiblement légère, manque parfois de profondeur, ou plutôt, de conviction.

Le tour du monde en 80 jours relate l’histoire de Philéas Fogg (Benoit Gouin), un gentleman anglais prévisible, dont les agissements sont calculés, réglés au quart de tour. Il ne laisse rien au hasard (qui n’existe pas!), mais suite à un pari spontané il décide de partir faire le tour du monde en 80 jours, accompagné de son nouveau serviteur, Passepartout (Stéphane Breton). Au même moment, la banque d’Angleterre est dérobée et l’inspecteur Fix (Carl Béchard), convaincu que le bandit est Fogg, les suivra à la trace dans son périple.

Il n’y a pas à dire: la production est colorée, ingénieusement montée côté scénique et dynamique. Plusieurs bons coups sont à relever, notamment la scène de l’éléphant qui remporte la palme côté inventivité, et celle du train dont la chorégraphie des acteurs est particulièrement bien construite.

Sur le plan du jeu, Benoit Gouin, dans le rôle principal du rigide et droit Philéas Fogg est plus ou moins juste et manque d’aplomb par moments. Il faut dire que son personnage est tout en contraste avec le déluré Passepartout, interprété pour sa part avec brio par un Stéphane Breton amusant et convaincant. Quant aux quatre comédiens de soutien, leur travail est colossal et joliment relevé. S’échangeant des dizaines de rôles tout au long de la pièce, ils relèvent le défi haut la main.

Des réserves

Mais si à première vue la pièce semble une réussite, on y garde tout de même de petites réserves. L’art de la comédie est difficile à maîtriser et on peut vite tomber dans la maladresse.

On nous promettait un véritable voyage, à la découverte des diverses cultures du monde, mais on avait parfois l’impression d’être plutôt dans la caricature que dans l’exploration. Les clins d’oeil aux diverses cultures manquent de subtilité et sont plus souvent qu’autrement stéréotypés. Comme si on ne les prenait pas vraiment au sérieux et qu’on venait les grossir, dans le simple but de faire rire.

Certaines scènes sont délibérément moqueuses, comme celle où les comédiens entonnent d’une seule voix la chanson qui annonce la fin de leur périple et qui se veut un pastiche des fameuses comédies musicales à la Broadway. Un numéro qui peut être drôle pris à part, mais qui s’intègre maladroitement à la pièce, qui survient de manière inusitée et dont on serait porté à questionner la pertinence.

Quant au personnage de la princesse Aouda, interprétée par Tania Kontoyanni, il se veut visiblement la voix de la sagesse au fil des aventures, mais son ton presque moralisateur agace à la longue. Le propos traverse peut-être mal les années et peine à servir les réflexions culturelles d’aujourd’hui qui sont plus profondes que celles abordées par le texte de Jules Verne.

Une pièce qui, au final, ne marquera pas les mémoires de manière indélébile, mais qui s’impose comme un divertissement de choix pour accueillir l’été avec légèreté.

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