Le Blues d'la métropole

Critique spectacle – Le Blues d’la métropole: Une machine à voyager dans le temps

Samedi 3 avril 2010 – Théâtre St-Denis 1 (Montréal)

Une machine à voyager dans le temps a été installée au Théâtre St-Denis 1, à Montréal. En un peu plus de deux heures, ce spectacle-nostalgie nous transporte dans des ruelles du quartier Villeray en 1976 et crée un univers que les plus de trente ans se rappeleront avec tendresse.

Il s’agit en fait du «jukebox musical» Le Blues d’la métropole, comédie musicale battant au rythme du répertoire de Beau Dommage, relatant des histoires d’amourettes et d’amitié au temps de l’amour libre.

Car il faut en avertir soigneusement les fans de Beau Dommage : il ne s’agit pas d’une biographie du groupe, ni même d’un hommage en soi.  Les membres de Beau Dommage n’y sont pas associés, ni représentés.


Une fiction au rythme des chansons de Beau Dommage

Le Blues d’la métropole est plutôt une production théâtrale qui nous propose une fiction montée de toute pièce en utilisant 29 chansons de Beau Dommage pour créer une trame narrative étonnamment très claire et fluide. Une sorte de Mamma Mia! « made in Québec », quoi.

Sept comédiens-chanteurs campent  donc des personnages un peu typés que le simple fait d’habiter le même voisinage relie : du hippie nomade à la starlette ambitieuse, en passant par le ti-cul de service, le père voeuf et le fils névrosé.

Le casting est tout ce qu’il y a de plus Broadway au Québec : Pascale Montreuil (Pied de Poule), Carl Poliquin (Les Misérables, Rent) et Éric Paulhus (Les Misérables, Le Mariage de Figaro) ont tous une expérience notoire dans ce genre de productions, alors que Marylène Cousineau, Sophie Tremblay et David Larin n’ont rien à leur envier.

S’ajoutent à cette jeune bande l’unique gros nom de l’affiche, Normand D’Amour, que l’on associe au théâtre mais très peu aux productions musicales. L’acteur chevronné se tire très bien d’affaire, même si son exécution dans les tours de chant paraît moins naturelle.

La mise en scène, signée Serge Denoncourt, est habile, imaginative et réglée au quart de tour, et permet au récit de voyager d’un lieu à l’autre sans anicroche.

Les décors polyvalents de Guillaume Lord y sont aussi pour beaucoup. La forêt de boulots en tuyaux descendus du plafond lors de Picbois et le décor hivernal rétro-kitsch du Chinatown donnent notamment lieu à des moments magiques.

La qualité et la pertinence des chorégraphies, par contre, sont plutôt ondoyantes. La volonté d’imposer une esthétique urbaine aux quelques numéros de danse qui accompagnent les tours de chant ou articulent les transitions fonctionnent une fois sur deux, tout au plus.

L'inexpérience du jeune chorégraphe Nico Archambault – connu pour avoir remporté la populaire émission So You Think You Can Dance – y est sans doute pour quelque chose.

Ce n’est toutefois rien de suffisamment dérangeant pour gâcher le plaisir que procure ce spectacle nostalgique douillet, fait sur mesure pour égayer et émouvoir la génération qui a vu son adolescence défiler au son des Ginette, Picbois et autres Tous les palmiers.



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