Critique | Retour sur le lancement de l’album homonyme de Betty Bonifassi

Lundi soir 20h, le Cabaret du Mile-End est rempli à craquer pour le lancement du premier album solo de Betty Bonifassi. Un moment tout aussi attendu par la foule que par l’artiste même. Elle présente un hommage à la force de résilience et à la dignité des esclaves : un concept très puissant dont les rythmes modernes font hommage au passé.

La chanteuse originaire de Nice, qui s’est fait connaître avec Beast, DJ Champion et les Triplettes de Belleville, s’avance sur scène toute vêtue de noir. Entourée de ses hommes, elle est visiblement très émue d’offrir son nouveau concept musical : la lumière s’ouvre sur des « work songs » des années 30, ces chants d’Africains déracinés répertoriés par Alan Lomax.

Sur un écran derrière la scène sont projetées des images d’hommes et de femmes noires, tantôt labourant la terre, tantôt dansant en smoking. Le noir et blanc et les effets graphiques apportent une ambiance intemporelle dans le cabaret.

Betty entame d’abord la chanson Prettiest Train a capella. La foule, déjà captivée par cette voix envoûtante, embarque tout naturellement dans les airs de blues et compose le rythme, frappant des mains et des pieds. Puis, s’enchaîne No More My Lawrd, beaucoup plus rock : l’assistance est conquise dès les premières notes. Quant à la chanteuse, elle rayonne à l’idée de partager son projet, enfin, un concept donnant un nouveau souffle à une musique traditionnelle léguée par des afro-américains.

Pendant près d’une heure, Betty Bonifassi enchaîne des airs de blues, soul et d’électro-rock, parsemés de quelques textures des années 90. S’entourant entre autres des musiciens Jean-François Lemieux et Alex McMahon, elle offre en ce nouvel album solo des titres très accrocheurs.

Les œuvres, à la fois évocatrices de douleur et d’espoir, sont livrées dans une prestation intense, touchante et vibrante. Il y a aussi  un petit quelque chose d’universel dans cette musique, comme si les airs nous étaient déjà familiers, particulièrement avec Grizzly Bear, titre fortement apprécié par le public.

Quant aux fans du groupe Beast, ils se retrouveront certainement dans les sons très électro de cet album mais, comme nous le livrait la chanteuse tout récemment, ce n’est pas du tout le même univers. « Beast était « dark » et triste. Cette fois, on a la main lourde (dans les rythmes) pour garder un effet enraciné. Il y a quelque chose plus près de l’espoir dans cet album. »

 

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