crédit photo: Marc-Etienne Mongrain
Lady Gaga

Critique | Lady Gaga à Montréal

Lady Gaga était de retour au Centre Bell lundi soir pour présenter, plus d’un an et demi après la parution de son troisième album Born This Way et près d’un an après le début de sa tournée, son fameux Born This Way Ball

À quoi s’attendre? Le début de sa tournée a été marqué par des controverses d’ordre religieux. Au goût de certains critiques, la chanteuse avait pris trop de poids et on l’a vue renvoyer son dîner sur scène. Puis on s’est mis à annoncer sa fin, le spectacle n’étant pas toujours présenté à guichet fermé. Comme c’était le cas lundi soir au Centre Bell. Alors, qu’est-ce que le Born This Way Ball réservait à Montréal?

D’abord, la salle affichait un air assez rempli. Les fans attendaient leur idole de pied ferme et ont été somme toute servis après une attente patiente de près de 45 minutes: deux heures et demie de spectacle les attendaient.

Début de spectacle marqué par la fatigue

Disons-le franchement, Lady Gaga ne semblait pas au sommet de sa forme. Dieu merci, ses danseurs se donnaient avec aplomb et réussissaient bien souvent à sauver la mise. Bien qu’on reconnait que chanter, danser et jouer à la fois soit un effort louable, l’énergie ne paraissait pas toujours au rendez-vous, la starlette n’allant jamais vraiment au bout de ses mouvements. La fatigue? Fort probablement, quand on considère que la fin de sa tournée approche (20 mars en Oklahoma).

Côté son, c’était plutôt ordinaire. Les premiers morceaux enterraient carrément sa voix et bien qu’elle assure chanter pour vrai en spectacle (et c’est vrai la majorité du temps), on ne peut passer outre l’usage important de « playback » en support.

Côté prestation, c’était assez inégal. Certains de ses premiers succès (Bad Romance, Just Dance) n’ont pas semblé susciter l’effet escompté, Gaga allant même jusqu’à invectiver des spectateurs assis (« I’m fucking singing Bad Romance why are you sitting? »). Il faut dire que dans le premier tiers de la prestation, seuls les quelques fans dévoués dans ce qui a été surnommé le « Monster Pit » au centre de la scène semblaient avoir de l’énergie à revendre, le reste de la salle étant enthousiaste, mais pas déchaîné.

Pourtant, la donne a changé dès l’interprétation de Bad Kids. Les Hair, Yoü and I, et autres Americano qui ont suivi transpiraient une certaine authenticité et on sentait l’artiste plus détendue. Dans cette deuxième partie plus vivante, Lady Gaga ne nous a bien sûr pas épargné ses éternels discours sur l’égalité, la recherche et l’acceptation de soi et autres messages fédérateurs, mais cela ajoutait une touche plus personnalisée, moins plastique à son spectacle. Ceci ajouté à ses performances plus dépouillées, seule au piano, mettant en valeur la richesse de sa voix, on tenait enfin quelque chose de plus intéressant.

Très graphique dans ses mises en scène, le moment le plus inusité revient à Born This Way, où elle est littéralement sortie d’un énorme vagin gonflable. La grande classe, comme seule Gaga sait la manier! Americano a vu le retour de l’univers de viande et Bad Romance celui de l’oeuf. Le spectacle compte d’ailleurs son lot de références aux moments clés, controverses et autres aspects de la carrière de la jeune chanteuse qui ont fait jaser. On sent toujours une certaine ironie, flirtant à la frontière de la prise au sérieux et de l’auto-dérision. La tête flottante projetée faisant la narration du spectacle est également une belle idée scénique.

Au final, ce dont Gaga aurait besoin, c’est de repos. D’une pause. À force de vouloir repousser ses limites, on finit par les atteindre. Elle donne souvent l’impression d’être une fillette donnant fièrement un spectacle à ses parents et amis, dans son château imaginaire. Mais à force de s’évertuer à prouver qu’elle n’est pas humaine, elle finit par oublier qu’au fond, c’est tout ce qu’elle est.

Photos en vrac

Grille de chansons

  1. Highway Unicorn (Road to Love)
  2. Government Hooker
  3. Born This Way
  4. Black Jesus † Amen Fashion
  5. Bloody Mary
  6. Bad Romance
  7. Judas
  8. Fashion of His Love
  9. Just Dance
  10. LoveGame
  11. Telephone
  12. Heavy Metal Lover
  13. Bad Kids
  14. Hair
  15. Born This Way
  16. Yoü and I
  17. Electric Chapel
  18. Americano
  19. Poker Face
  20. Alejandro
  21. Paparazzi
  22. Scheiße
Rappel
  1. The Edge of Glory
  2. Marry the Night

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