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Critique | Ibeyi au Théâtre Fairmount : Binôme envoûtant

Les soeurs jumelles franco-cubaines d’Ibeyi étaient de passage au Théâtre Fairmount, jeudi soir, afin de nous mettre en chair leur mélange de néo-soul, de rythmes afro-cubains et d’incantations chantées. Première rencontre forcément courte, mais fort charmante, dans un contexte intimiste idéal. 


Elles n’ont qu’un album à leur actif, mais déjà, les têtes se tournent. En exploitant ce qu’elles ont retenu des traditions yoruba, culture nigérienne exportée par les ancêtres esclaves à Cuba, et en les apprêtant à la sauce de la soul moderne dépouillée, les soeurs Lisa-Kaindé Diaz et Naomi Diaz ont trouvé une formule qui charme.

Qui plus est, l’attrait est d’autant plus exotique qu’elles sont jumelles. Tout est dans l’alchimie, la délicatesse et la grâce.

Sur disque – le très bon Ibeyi, paru sur XL Recordings en février dernier – on les perçoit comme un binôme. Mais sur scène, la dynamique s’explique mieux, et est d’autant plus intéressante : Lisa est en charge de l’aspect mélodique, au piano et au chant principal, alors que Naomi bat la cadence aux percussions (cajón et tambours Batá) et aux harmonies.

Lors des chants traditionnels a cappella, elles fusionnent carrément. On les sent d’ailleurs plus investies que sur disque, ce qui est fort appréciable. Mais lors des titres plus rythmés, à la limite plus pop, elles se complètent plutôt que de se confondre.

La première moitié du spectacle de 60 minutes contenait d’ailleurs davantage de pièces en retenue, plus près du son traditionnel qu’elles proposent. Les pièces plus accrocheuses viennent en deuxième moitié : Mama Says, River et Oya, notamment, qui sont certainement les 3 titres les plus solides du lot.

La foule n’a d’autre choix que de succomber au charme de ces deux jeunes femmes qui amorcent tout juste leur vingtaine et se présentent sur scène avec une sincérité désarmante.

Leur rapport à la foule montréalaise est forcément intrigant. La francophonie tisse un lien naturel, mais il y a plus. Contrairement à cette pauvre Flo Morrissey, en première partie, qui n’a jamais su imposer la délicatesse de son chant auprès d’une foule qui avait envie de jaser comme si on se trouvait dans un 5 à 7, la gentillesse des soeurs Diaz a su trouver son chemin jusqu’au coeur des spectateurs.

Il se passait quelque chose, les premiers balbutiements d’une belle relation qui sera certainement nourrie dans les mois et les années à venir.

 

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