Bust A Move à la TOHU | Entrevue avec Natasha Jean-Bart : Histoire, attentes et nouveautés des danseurs de rue

Ce week-end des danseurs de rue du monde entier envahiront la TOHU pour s’affronter lors de la 10e édition du concours Bust a Move. Un rendez-vous international où l’adresse, l’improvisation et l’ardeur seront mises en avant. L’opportunité pour Sors-tu.ca de discuter du concours avec Natasha Jean-Bart, danseuse de rue montréalaise renommée ayant déjà fait partie du jury les années précédentes.

Un concours important

2015 marque la 10e édition du concours Bust a Move, pendant lequel plus de 250 danseurs s’affronteront, ainsi que les Kids, des enfants de 7 à 13 ans. Un concours qui a beaucoup évolué depuis ses débuts et aussi depuis la naissance de la danse de rue à Montréal. « Il y a 20 ans à Montréal, c’était très difficile de percer dans le hip-hop. […] Tu regardes ça et tu te dis « Waouh ! », il y a des gens de partout au monde qui viennent. C’est une fierté québécoise. »

Comme le précise Natasha Jean-Bart, Bust a Move est un concours de qualité, dont on entend beaucoup parler, ce qui lui donne un statut important parmi les concours de street dance nord-américains. Elle ajoute même : « On a vraiment poussé à monter des écoles purement streetdance, à apprendre purement les fondations de la source, et je pense que c’est ça qui fait notre force en tant que Canadiens. »

 

Qualités attendues 

Qui dit concours de qualité dit hautes exigences de la part du jury. Et pour cette édition, Alexandre « Spicey » Landé, la fondatrice de Bust a Move, a fait appel aux plus grands pour occuper les places de jurés. Parmi eux, Buddha Stretch (qui a travaillé avec Mariah Carey et Will Smith) ou encore Popin Pete (il a travaillé avec Michael Jackson). « Spicey a voulu ramener les 1er qui se sont investis dans Bust a Move. […] Le jury c’est le top du top. »

bustamove-1

Photo de Marie-Lyssa Dorméus

Face aux fondateurs de la danse de rue, les candidats du concours devront faire preuve de beaucoup de qualités que Natasha énumère. « Ce qui est important c’est la musicalité : être connecté avec la musique, l’ambiance. Le caractère du danseur aussi. » Mais surtout Natasha explique que l’improvisation tient une grande place dans la danse de rue, au point que le surplus de technique pourrait s’avérer être un gage pour la victoire. « Si c’est trop prémédité, on perd le feeling. »

Toutefois, ce qui compte le plus selon la danseuse est de connaître les fondamentaux de l’une des multiples danses de rue que l’on pratique. « Mais qu’est ce qui est fondamental dans la danse ? C’est la source, c’est l’histoire pour créer cette danse. Pourquoi tu fais une pointe ? Pourquoi tu fais un lock ? C’est quoi l’histoire ? Pourquoi il a fait ça le créateur ? Quand tu connais ça, la danse elle est 150% plus forte qu’avant. » Le jury très professionnel ne passera certainement pas à côté de ses connaissances et qualités, et les danseurs auront donc en priorité à montrer leur savoir.

 

Jeune génération

Natasha Jean-Bart fait partie des pionnières de la danse de rue au Canada. A 44 ans, elle a acquis énormément d’expérience, et voit la jeune génération s’affronter à Bust a Move, à la fois avec enthousiasme et avec un point de vue critique.

Il y a deux décennies, il n’était pas aussi simple de se lancer dans la danse de rue au Québec, quand Internet n’existait pas encore. « A Montréal, on ne parlait pas anglais. Alors il fallait voyager, il y a 20 ans de ça, pour aller chercher l’information des pionniers de la danse de rue. »

Aujourd’hui, tous les danseurs ont accès aux vidéos sur Youtube, et le savoir vient d’une facilité qui laisse parfois Natasha sceptique. « Les jeunes danseurs vont aux compétitions pour gagner un prix, pour être reconnus. Et nous, on allait aux compétitions, bien sûr pour chercher ça, mais aussi pour chercher le savoir, pour rencontrer les gens, pour rencontrer les pionniers. […] Maintenant, c’est plus du fastfood, c’est trop facile. »

La danseuse n’est toutefois pas totalement critique face à la nouvelle génération, et apprécie toujours le contact avec elle afin d’apprendre et de découvrir le potentiel des jeunes danseurs.

 

Compétition ardue

Pour la 10e édition du concours, la compétition sera renforcée du fait que, cette année, les danseurs s’affronteront seulement un à un, il n’y aura plus de battle en duo. Il y aura donc 250 danseurs venus du monde entier pour l’événement.

Photo de Marie-Lyssa Dorméus

Photo de Marie-Lyssa Dorméus

L’occasion de poser une question à Natasha sur la place des femmes dans la danse de rue et les compétitions de ce genre s’est également pointé. En effet, elle était une des premières filles à se lancer dans la street dance il y 20 ans, dans un milieu jusqu’à lors exclusivement masculin. « Au début c’était difficile car on n’était pas nécessairement acceptées. Moi oui, parce que j’étais tellement forte que je pouvais égaliser un homme. […] Il n’y avait pas de filles au-dessus de moi, je ne pouvais pas dire « Ah je veux être comme elle », je regardais des hommes, les créateurs et je voulais être comme eux. Chez la jeune génération, il y a beaucoup de femmes, qui me regardent moi, Spicey. Elles ont beaucoup de chance, et c’est pour ça qu’elles sont plus acceptées. Par contre c’est plus dur de rentrer dans ce monde parce qu’il y a plus de filles, et il faut vraiment que tu sois très douée. »

 Le concours Bust a Move a lieu ces vendredi 1er et samedi 2 mai à la Tohu. Toutes les informations sont ici.  Les billets sont disponibles par ici.

 

Vos commentaires