Awolnation

Bluesfest d’Ottawa 2016 – Jour 6 | Soirée électrique avec Jazz Cartier, Awolnation, PUP, Lindsey Stirling et plus

Un violent orage électrique s’est invité comme tête d’affiche du sixième jour du Bluesfest d’Ottawa, semant un petit brin de chaos et des retards de près d’une heure dans l’horaire de fin de soirée. Qu’à cela ne tienne, le rappeur Jazz Cartier, le groupe Awolnation, la violoniste Lindsey Stirling et la formation punk PUP ont eux aussi rivaliser d’intensité afin d’offrir aux festivaliers une soirée clairement électrisante.


Une fois de plus, les retardataires ont eu tort en ce deuxième jeudi du Bluesfest d’Ottawa. Il fallait être là à 18h, parce que sur la scène Monster Energy, près de la Rivière des Outaouais, se produisait le groupe torontois PUP, quelques heures à peine après que ceux-ci aient appris que leur plus récent album The Dream Is Over s’était hissé parmi les 10 finalistes à la courte liste du prix Polaris.

C’est bien mérité pour ce jeune groupe qui fait dans un punk rock un peu garage, un peu emo, aux sonorités parfois proches des meilleures années de Weezer, mais beaucoup plus enragé. The Dream Is Over est un album bien particulier, parce qu’il permet non seulement de constater l’inventivité mélodique de PUP – dans un créneau punk qui, avouons-le, ne regorge pas d’originalité chez les autres bands qui l’occupent ces temps-ci – mais aussi d’explorer des thématiques plutôt inusitées dans les textes. On y traite notamment des frustrations de la vie de tournée (notamment sur le brûlot Familiar Patterns), du fantasme d’assassiner ses compères de bands (If This Tour Doesn’t Kill You, I Will) voire de s’en prendre à soi-même (My Life Is Over and I Couldn’t Be Happier).  C’est du emo 2016 comme on l’aime, un peu à la manière de ce que propose Cloud Nothings.

Constat du Bluesfest : sur scène, c’est encore plus explosif. Pas de niaisage, pas d’hésitation : ça envoie directement dans les gencives sans gants blancs. L’énergie brute déployée par le groupe est d’ailleurs soutenue par une dynamique étonnante entre les membres (qui ne semblent pas tant vouloir s’entretuer finalement).

Le groupe a joué plusieurs des chansons de son plus récent disque, ainsi que son succès Reservoir, pendant que la foule créait un joyeux mosh-pit devant eux. Après 50 minutes bien tassées, les fans ont exigé un rappel (inusité pour un groupe jouant à 18h!), ce que le groupe a accepté de faire, tout en se demandant si c’était permis de faire un rappel ainsi en début de soirée. Qu’à cela ne tienne, ils ont repris El Scorcho de Weezer, ce qui donne du poids à notre comparaison deux paragraphes plus haut : Weezer est bel et bien une influence de PUP.

Très TRÈS solide performance, peut-être la meilleure du festival à date.

À voir au Bassin Peel (!), à Montréal, le jeudi 1er décembre.

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Le contraste avec le groupe suivant était assez spécial : The Monkees était en prestation sur la scène principale à 19h. Oui oui, les Monkees. Le groupe créé pour une émission de télé des années 1960.

S’ils étaient de jeunes tannants à l’époque, ils sont devenus – vous l’aurez deviné – de vieux tannants. Malgré la mort du chanteur principal Davy Jones en 2012, deux des trois autres membres originaux poursuivent l’aventure : Micky Dolenz (71 ans) prenant les rênes au chant, et Peter Tork (74 ans) à la guitare et aux pitreries. De plus jeunes musiciens les accompagnent pour compléter le tout.

Admettons-le d’emblée : c’est une entreprise de nostalgie à 125%. Derrière les musiciens, des séquences vidéo tirées des émissions originales de 1966 à 1968 sont projetées, rappelant le bon vieux temps où les Monkees étaient des teen idols qui, mine de rien, ont déjà vendu autant d’albums que les Beatles et les Rolling Stones !

Cette époque est bien sur révolue, et il en reste qu’une poignée de hits pour baby-boomers, dont Last Train to Clarksville, Pleasant Valley Sunday, Daydream Believer et I’m a Believer, maintes fois reprise (notamment par Smash Mouth pour la scène finale de Shrek).

Du gros plaisir, mi-quétaine, mi-amusant.

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Rebelle et Lindsey Stirling

On repasse aux choses sérieuses avec une découverte locale nommée Rebelle. Anciennement connu sous le nom de The Strain, le groupe de Wakefield, en Outaouais, propose un indie rock légèrement teinté d’électro, qui a du mordant et des mélodies accrocheuses. Pas vilain.

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S’ensuivait Lindsey Stirling, la violoniste virtuose et excentrique, qui propose quelque chose comme un spectacle de ballet jazz avec mises en scène loufoques et jeu de violon impressionnant sur une horrible musique pop rappelant les pires années d’Enigma et autres Era. La jeune violoniste californienne revenait tout juste de 9 mois d’absence sur scène, elle qui préparait un nouvel album intitulé Brave Enough, prévu pour le 19 août prochain.

Elle entamait la semaine dernière une tournée nord-américaine de près de 50 dates, qui la mènera notamment au Théâtre St-Denis, à Montréal, le 19 octobre prochain. Si l’idée d’une version 2016 (et féminine) d’Ashley McIsaac vous séduit, c’est pour vous !

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Awolnation et Jazz Cartier

Revenons une fois de plus aux choses sérieuses, alors que Aaron Bruno et son projet Awolnation revenait à Ottawa pour une prestation haute en couleur. Du moins, c’était bien parti, avec Hollow Moon (Bad Wolf), Not Your Fault et Jailbreak, notamment, alors que la foule embarquait vivement dans la proposition de ce groupe, fait sur mesure pour les festivals (ils viennent d’ailleurs au Bluesfest à peu près à chaque deux ans).

Et c’est là que le ciel s’est noircit, forçant l’annulation de la prestation après à peine une demi-heure.

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De l’autre côté du Musée de la guerre, à la scène Blacksheep, le rappeur torontois Jazz Cartier devait remplacer Freddie Gibbs, qui a dû annuler tous ses spectacles récemment en raison d’un mandat d’extradition à son endroit vers l’Autriche (où il est accusé de viols).

À quelques semaines de pré-avis, les organisateurs du Bluesfest se sont tournés vers Jazz Cartier, qui a eu la malchance d’être inséré dans la case horaire de 21h30… heure précise où l’orage que l’on appréhendait s’est concrétisé. Voyant venir le coup, le Bluesfest a rapidement émis un message sur l’écran géant, annonçant que le spectacle allait être retardé, et ce, avant même qu’une seule goutte de pluie ne tombe sur les spectateurs.

La foule, visiblement agitée et enivrée par l’alcool et Dieu sait quels autres stupéfiants, n’acceptait pas très bien ce verdict, scandant à tout rompre « We Want Jazz! », puis « Fuck Donald Trump » (?!) et finalement « Fuck Sam Hunt », en l’honneur de l’artiste country qui devait se produire sur la scène principale en même temps que le set de Jazz Cartier.  (La prestation de Sam Hunt fut aussi retardée, évidemment).

Les esprits s’échauffaient jusqu’à ce que Dame Nature démontre toute sa puissance avec un spectacle torrentiel assez spectaculaire merci. Les agents de sécurité ont poussé les milliers de festivaliers, qui n’avaient pas l’intention de quitter le site du festival, à l’intérieur du Musée de la Guerre dans un chaos relativement bien maîtrisé.

Cinquante minutes plus tard – et c’est long, cinquante minutes, entassés dans le lobby d’un musée – soit vers 22h30 (alors que le Bluesfest impose un couvre-feu à 23h), les spectacles ont repris, et Jazz Cartier a profité de ses 30 minutes pour balancer ses Stick & Move, Red Alert, Lil Wayne, I Know, Better When You Lie et Dead Or Alive.

Si certains cowboys avaient délaissés Sam Hunt d’un côté du site, il n’en était rien pour la foule de Jazz Cartier, qui n’allait pas abandonner si rapidement. Non seulement y’avait-il autant de monde devant la scène Blacksheep après l’orange qu’avant celui-ci, mais la foule redoublait d’ardeur pour bouncer à double intensité.

Le Bluesfest d’Ottawa se poursuit vendredi soir avec les Red Hot Chili Peppers, Coleman Hell et The Yips, notamment.

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