The Cult

Bluesfest d’Ottawa 2016 – Jour 3 | The Cult, Preoccupations (aka Viet Cong), Earl Sweatshirt et l’Escouade Buzzkill

Samedi pluvieux à Ottawa, mais une foule considérable s’est tout de même réunie sur les Plaines Lebreton… pour le spectacle des Lumineers. Consultez notre critique (avec photos) par ici. Mais il y avait aussi, ailleurs sur le site, du bon rock à consommer, ainsi qu’une découverte hip-hop locale à surveiller et un rappeur connu blasé à voir…


Mis à part The Lumineers, c’est vraiment au spectacle de The Cult qu’on a pu voir la plus grande foule hier soir. Il faut dire qu’à l’instar de Billy Idol deux jours plus tôt, The Cult nous arrive d’Angleterre, compte sur une poignée de hits hard rock qui jouent en boucle sur CHEZ 106.1, et le groupe joue la carte de la nostalgie avec un plaisir contagieux.

Le chanteur Ian Astbury et le guitariste Billy Duffy sont les deux seuls membres originaux encore à bord, et force est d’admettre que leur dynamique et leur envie de profiter de chaque instant avec le public en met plein la vue. La voix d’Astbury n’est plus ce qu’elle était mais elle tient le coup, et le jeu de guitare de Duffy est sans tache.

Avec une finale marquée par les She Sells Sanctuary, Fire Woman, G O A T et Love Removal Machine, The Cult a atteint la cible en tout juste une heure et comblé le public, même s’il était difficile de se faufiler et de bien voir ce qu’il se passait tant les parapluies étaient nombreux.

De Viet Cong à Preoccupations

De l’autre côté du Musée de la Guerre, à la scène Blacksheep Inn, le groupe Viet Cong (récemment rebaptisé Preoccupations) concluait la soirée devant à peine une centaine d’irréductibles. Comme le veux l’adage, ce n’est pas la quantité qui compte mais la qualité. Et la centaine d’irréductibles s’avérait très réceptive, créant un moshpit quasi complet devant la scène sous la pluie battante.

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Il faut dire que le groupe post-punk de Calgary a servi une sapré bonne leçon de rock’n’roll moderne avec quelques titres de son excellent premier album Viet Cong, paru en 2015, et plusieurs nouvelles pièces qui paraîtront sur leur deuxième album, qui s’intitulera (sans surprise) Preoccupations, à venir d’ici la fin de l’année.

À tendance un peu plus « progressive », ces nouvelles chansons rentrent au poste avec une dégaine ahurissante, et comporte quelques détours et ruptures de tons (et de rythmes) assez impressionnants. On sent les gars plus soudés que jamais. Matt Flegel assure la basse et le chant « Wolf-Paradesque » avec brio, Mike Wallace demeure une force de frappe à la batterie, Scott « Monty » Munro fait résonner la 12-cordes électrique et Danny Christiansen complète avec une autre guitare endiablée (qui a connu quelques pépins techniques hier).

La dernière pièce, Death, est un classique de fin de show. À plus de 15 minutes, avec une finale à la Swans, elle crée véritablement un genre de maelstrom époustouflant qui emporte tout sur son passage et donne des frissons.

À (re)voir le 11 octobre prochain au Théâtre Corona, à Montréal. Le nouveau disque sera peut-être disponible d’ici là.

 

Doublé hip-hop et chasse au vilain pot

Plus tôt en soirée, on a eu droit à une autre découverte locale : le rappeur Yusso.

Sympathique, fluide, doté de bonnes rimes, de bons rythmes et de quelques hooks diablement efficaces (le single Don’t Know Yusso, notamment), il se fait engageant avec la foule et puise visiblement ses inspirations de l’âge d’or du hip-hop des années 1980 et 1990, des musiques d’Outkast et de la modernité d’un Kendrick Lamar.

Bien entouré, il a fait monter sur scène quelques-uns de ses acolytes, dont Aron The Alien, avec qui il tisse une belle complicité. On dit « sur scène », mais en fait, le rappeur et ses compères ont passé presque tout le show en bas de la scène, à se mêler à la foule, brisant la distance inutile. Vers la fin du concert, Yusso a même prêté le micro à un jeune rappeur en herbe qui souhaitait partager quelques lignes de son crû avec le public.

Fier représentant de la Capitale nationale, Yusso scande sans cesse son « area code » (6-1-3), et rappelle régulièrement que le hip-hop n’a pas besoin d’être hostile pour être efficace. Ses propos incitent davantage à la réflexion qu’à la haine ou le trouble.

En voilà un autre qu’on aimerait voir rayonner au-delà la région Ottawa/Gatineau.

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Vers 19h, c’était au tour de Earl Sweatshirt, sous la pluie battante. Si c’est le public qui aurait dû s’en trouver alourdi, c’est plutôt Sweatshirt qui semblait l’être. Blasé, lent, peu invitant, il marchait en rond avec toute la fluidité d’un vieillard fatigué, testant du nouveau matériel avec peu de conviction.

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Heureusement, la foule (pas si nombreuse) n’en faisait pas grand cas. C’était d’ailleurs ce qu’il y avait de plus divertissant à faire pendant le set d’Earl Sweatshirt : bouncer avec la jeunesse fébrile, observer un mosh-pit de jeunes dudes en manque de sensation forte qui en sont venus aux poings, ou encore se payer la tronche de l’escouade anti-drogue à gilets rouges, qui circulait parmi les festivaliers pour expulser les pauvres jeunots pris en flagrant délit de OMG-fumer-un-joint.

C’est d’ailleurs un des aspects tannants du Bluesfest d’Ottawa, cette escouade de la moralité arriérée, qui année après année, bouscule les festivaliers du haut de leur arrogance pour arrêter les coupables d’un délit qui sera probablement légalisé en moins d’un an à travers le pays. Ironiquement, c’est Justin Trudeau qui procédera à cette légalisation, en direct du Parlement qui se trouve à 4 coins de rue du site du Bluesfest.

Il est noble de la part d’un festival de vouloir s’assurer que ses festivaliers ne se pètent pas la face au point de sortir en civière. Mais il serait peut-être temps de faire comprendre à l’Escouade Buzzkill que les drogues de synthèse sont un fléau inquiétant, pas les petits joints inoffensifs…

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Grille de chansons (The Cult)

Wild Flower
Rain
Hinterland
Lil’ Devil
Rise
Deeply Ordered Chaos
Sweet Soul Sister
Fire Woman
She Sells Sanctuary
G O A T
Love Removal Machine

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