crédit photo: Andres Amaya
Anatole

Anatole au Gesù | Quand le rideau tombe

Anatole, projet pop folk d’Alexandre Martel, annonçait plus tôt en février que l’aventure tirerait à sa fin. Après trois albums, presque dix ans d’extravagances, de déhanchements et de bars sillonnés à travers le Québec. Anatole et son groupe faisaient leurs adieux la semaine dernière à leur cher public montréalais.

C’est toujours un sentiment particulier de voir un artiste sur scène et de se dire que c’est pour la dernière fois. Même en ne le connaissant pas beaucoup de prime à bord, la fin rime souvent avec une forme de tristesse et elle est dure à encaisser sur le moment.

Le Gesù n’est pas rempli à ras bord, mais il est bien habité : on dénombre des musiciens de la scène émergente et alternative montréalaise à travers les rangées, VioleTT Pi, Alex Burger, Rose Perron, des collègues et amis venus dire au revoir à leur Anatole.

Le groupe, statique, débute la performance vers 20h40 avec Toune 5, dans une pénombre ne laissant entrevoir qu’une partie de l’alter ego de Martel, mais surtout son ombre à l’arrière de la scène, grâce à un projecteur dirigé directement vers l’artiste. Anatole est accompagné de cinq mus… en fait non, six artistes enveloppent les compositions de Martel, cinq musiciens accompagnateurs de même que la conception d’éclairage, une partie si importante à ce spectacle final d’Anatole.

* Photo par Andres Amaya.

L’artiste nous avait d’ailleurs vendu en entrevue cet aspect du spectacle avant les deux dernières représentations de Soleil Noir, le nom de sa tournée, et autant dire que le rendu en valait grandement le détour. Que ce soit dans les couleurs, les jeux d’ombres ou la théâtralité apportée par les éclairages, la conception artistique du spectacle détonne (dans le bon sens du terme) avec la présentation calme des morceaux. Sur Toune 1, le différemment timing des éclairages permet aux ombres des six musiciens de se balader, de gigoter, presque d’interagir entre elles sur la toile disposée à l’arrière de la scène. On croirait à un zootrope géant, il faut le voir pour le croire.

Une grande mention aux éclairages, donc, mais aussi à la sonorisation de ce spectacle au Gesù : la balance entre les musiciens est parfaitement équilibrée, et on parvient à discerner chaque note des riches arrangements, malgré la puissance du volume somme toute très basse pour un spectacle amplifié. Tellement basse qu’Anatole se permet un commentaire global sur les membres du public qui chuchotent et dérangent la tenue de la performance, avant de directement remettre à sa place une personne entre deux chansons, que l’artiste trouvait perturbante. Un peu dur, mais Anatole a raison de le faire.

* Photo par Andres Amaya.

Anatole et ses musiciens jouent une bonne portion du paradoxal Alexandre Martel, son troisième et plus récent disque. Paradoxal, parce que l’album est bel et bien un projet d’Anatole, l’alter ego d’Alexandre Martel, qui présente des compositions authentiques et pures en tentant de faire tomber le masque, comme si l’Alexandre Martel derrière l’Anatole d’Alexandre Martel essayait de reprendre sa place. Complexe!

Un adieu à Anatole ne pourrait certainement pas être complet « sans revisiter l’ancien répertoire » de l’artiste, dit-il, évidemment. Anatole et le reste du groupe s’attardent à des succès comme Testament ou La nausée, des succès qui avaient défini le curieux caractère de ce personnage haut en couleur à travers les années. D’ailleurs, l’Anatole d’antan ne se présente pas au public du Gesù ce soir, Martel n’arbore pas de maquillage ni de costume exubérant. On y voit un Anatole à la frontière d’un Alexandre Martel, qui gigote sur sa chaise dans les moments inspirés, voyant qu’il veut laisser parler toute l’excentricité qui l’habite sans aller pour autant au bout de l’idée. L’artiste finit par se lever pour une poignée de morceaux, se permettant des mouvements de hanche par-ci, par-là, mais on est loin de l’Anatole qui fumait sur scène et venait chuchoter à l’oreille de membres du public averti. Il ne sortira pas ce soir, cet Anatole, il ne sortira plus jamais, en fait.

* Photo par Andres Amaya.

« The end »

Anatole clôture sa performance avec Mais ce soir,, une jolie composition aux allures bossa-nova, en duo avec sa conjointe Lou-Adriane Cassidy, avant de dire au revoir sur une reprise de D’où c’que j’viens, une chanson du groupe Bolduc tout croche qui assurait justement la première partie. « Merci à Simon de me laisser la faire. Et merci à vous », énonce Anatole avec un petit tremblement dans la voix.

Le groupe se mérite une ovation debout, mais il n’y aura pas de rappel ce soir.

Le rideau tombe pour de bon.

Anatole jouera à l’Impérial Bell de Québec le 29 février prochain. Vous pouvez encore vous procurer des billets en cliquant ici.

* Photo par Andres Amaya.

Grille de chansons

  1. Toune 5
  2. Toune 3
  3. Toune 9
  4. Toune 1
  5. Testament
  6. La nausée
  7. Toune 8
  8. Medley (Discollins, Baladeur Sony, Donna la folle)
  9. Toune 10
  10. Toune 7
  11. Toune 2
  12. Toune 6
  13. Mais ce soir,
  14. D’où c’que j’viens

Photos en vrac

* Photo par Andres Amaya.

* Photo par Andres Amaya.

* Photo par Andres Amaya.

* Photo par Andres Amaya.

* Photo par Andres Amaya.

* Photo par Andres Amaya.

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