crédit photo: Angela Ricciardi
Alice Phoebe Lou

Alice Phoebe Lou à La Tulipe | En solo, mais ensemble

Mercredi soir, La Tulipe est tombée en amour. Avec l’indie folk d’Alice Phoebe Lou, bien sûr, mais aussi avec celles et ceux qui se sont déplacé·es pour écouter l’autrice-compositrice-interprète sud-africaine cracher le contenu de son cœur sur scène. À en juger par ce qui flottait dans l’air sur le parterre, personne n’aura regretté sa soirée. Et surtout pas la principale intéressée.

C’est un spectacle des plus spéciaux et sans vraiment de précédent qu’a livré Alice Phoebe Lou ce 12 octobre, sous une énorme boule disco et vêtue d’une petite robe scintillante. Extrêmement bavarde, elle nous explique dès les premières chansons qu’elle a concocté pour son arrêt à Montréal un programme fourre-tout qui comprend d’anciens morceaux, des plus récents et des nouveaux, dont un toujours sans titre. Ses quatre opus y ont passé : Child’s Play et Glow (parus à neuf mois d’intervalle), mais aussi les excellents Paper Castles et Orbit.

Plusieurs des chansons n’avaient même jamais connu la scène encore, ce qui a donné lieu à une foule de moments charmants lors desquels l’artiste trébuchait sur ses propres mots et accords. « J’ai Googlé mes paroles avant de monter sur scène », a-t-elle lancé dans un anglais enrobé du joli accent sud-africain. Hilare, la foule semblait touchée par cette honnêteté qui dévoile inévitablement une humilité et un désir de transparence avec son public montréalais.

Une femme et sa guitare

Le ramassis intemporel des morceaux joués aurait été suffisant pour faire de ce spectacle une perle, mais Alice Phoebe Lou avait plus d’un tour dans son sac. Le meilleur : affronter la scène seule. Habituellement accompagnée de son band (pas disponible ce soir-là) pour rythmer ses chansons aux arrangements complexes, la presque-trentenaire s’est donné l’énorme défi de tout faire solo pour La Tulipe.

C’est un risque à prendre, évidemment, mais dans ce cas-ci, le pari est relevé haut la main. Les pièces sont plus pures, ramenées à l’essentiel, c’est-à-dire aux paroles réfléchies et engagées de son artisane. Les mots sont soudainement plus clairs et significatifs. On obtient l’accès total au monde d’Alice, qui est souvent porteur d’espoir – elle arbore un féminisme mordant, discute de spiritualité, de croissance personnelle, de joie dans la solitude. Des thèmes plus difficiles teintent aussi ses chansons, comme le rapport au corps et la nostalgie. De ce répertoire crûment vrai émerge un safe space universel auquel plusieurs peuvent s’identifier, et c’est ce qui fait entre autres la beauté de l’art d’Alice Phoebe Lou.

Généreuse de sa pensée

Derrière ses guitares ou son clavier, l’artiste dégage toujours cette bonté et cette nonchalance qui ont fait de cette soirée un moment qui dépasse les frontières de la musique. Et pourtant, elle compte son lot de morceaux à succès que tous et toutes ont chanté en cœur, doucement, pour respecter l’intimité de ce qui était proposé. Et il faut parler de cette voix d’équilibriste sans faux pas, tant dans les moments doux que dans ceux qui dévoilent une force et une texture impressionnantes.

Alice s’est éclipsée de scène aussi calmement qu’elle y était arrivée, mais sous les applaudissements insatiables d’une foule compacte, enthousiaste et visiblement émue. Il ne reste maintenant qu’à attendre que l’artiste remette le cap sur Montréal.

Mettre l’eau à la bouche

La première partie était assurée par la chanteuse indie pop Laurence-Anne, choix judicieux. Bien que les mondes des deux artistes diffèrent sur plusieurs plans, on y retrouve ce même lâcher-prise, cette même folie, mais surtout cette même féminité féroce et magnifique.

Laurence-Anne, accompagnée de ses deux musiciennes aux synthétiseurs (Sheenah Ko) et au saxophone (Ariel Comtois), a commencé son programme avec des versions plus acoustiques de morceaux tirés de son dernier album, Musivision. C’est à mi-parcours qu’on a reconnu la Laurence-Anne habituelle, celle qui se déhanche et se déchaîne sur fond d’éclairages de club et de synthétiseurs électrisants. Laurence-Anne ne perce pas pour rien : son univers mystérieux à plusieurs étages mérite amplement d’être visité.

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