Angell Trio au Verre Bouteille | L’expérimentation renouvelée

En ce jeudi soir, au Verre Bouteille, le trio de Simon Angell nous a proposé son jazz moderne, entre improvisation et trame sonore écrite, avec un concert inspiré et original.

C’est après avoir traversé la rue Mont-Royal dévastée par d’interminables travaux que l’on arrive enfin au Verre Bouteille pour aller découvrir le nouveau trio de Simon Angell. C’est lors de la résidence d’Angell à la librairie Résonance en 2024 que le trio s’est formé pour un soir à la base. Même si je n’étaient pas présent ce soir-là, les retours que j’ai eus de ce concert étaient particulièrement enthousiastes. Et, visiblement, le trio a eu aussi du gros fun puisqu’on les retrouve dans l’ambiance chaleureuse du Verre Bouteille.

Simon Angell est un guitariste très actif sur la scène jazz expérimentale, notamment avec le batteur Tommy Crane. Il a également été un membre fondateur du groupe Patrick Watson et est l’autre tête pensante de Thus Owls, avec sa femme, la divine chanteuse Erika Angell. Il est également accompagnateur pour Sagot et Matt Holubowski, entre autres.

Marc-André Landry est à la contrebasse et au clavier et il a joué sur les projets Tsuki Mauro et Demain Déluge. Il accompagne également Tire le coyote, Matt Holubowski et Antoine Corriveau. Vincent Carré est à la batterie et c’est un membre du trio Chances (avec Chloé Lacasse et Geneviève Toupin). Il a travaillé avec Soleil Launière, Pat The White, Chloé Lacasse, Cœur de Pirate et Éric Goulet.

Comme toujours, Simon Angell entre en scène tout souriant avec un enthousiasme toujours renouvelé en présentant ses comparses. Il s’assoit, les pieds ancrés sur ses multiples pédales d’effet. À sa droite, on retrouve Marc-André Landry, et sa contrebasse, et Vincent Carré est derrière sa batterie, avec également une poignée de pédales pour transformer le son de la batterie à la volée au gré de l’inspiration et des compositions.

Le jeu d’Angell a cela de particulier : il surprend toujours, même après l’avoir vu souvent. Il y a toujours un petit quelque chose dans le jeu et le son qui sort de l’ordinaire et qui tranche des stéréotypes. Si l’aspect improvisation bruitiste sauvage est mis de côté ce soir, le côté architecte sonore est très présent, et les compositions collaboratives sont mises de l’avant avec des constructions élaborées et travaillées à trois.

La contrebasse de Marc-André Landry soutient à merveille la guitare et pousse souvent vers de nouvelles idées. On le retrouve également au clavier avec un ruban tactile (un peu comme une onde Martenot!) lors d’un long titre en plusieurs parties, où les ambiances et interactions évoluent. D’ailleurs Angell y sort même son saxophone. Vincent Carré assure également un soutien sans faille à la batterie avec un vocabulaire sonore riche et personnel.

Le dernier titre de la soirée est plus tranquille, avec une musique sensuelle où la guitare ronronne sur un fond de trémolo qui n’est pas sans rappeler le Marc Ribot de l’album The Prosthetic Cubans. Une belle conclusion pour clore la soirée où, manifestement, l’interaction entre les trois fonctionne parfaitement et le fun était pogné entre les musiciens, avec des échanges inspirés et des progressions sensibles.

Cette nouvelle formation d’Angell a su livrer ses promesses ce soir avec une trame bien structurée, où les moments improvisés ont toujours leur place. Ils nous ont proposé une richesse de textures sonores différentes, où la bonne entente musicale prend toute son expression.

Le prochain concert du trio aura lieu le 1er décembre au P’tit Ours.

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