crédit photo: Tanya St-Jean
Fuck La Culture Du Viol

Fuck la culture du viol au Dr. Mobilo Aquafest | Démonter une culture nocive par le rire

Vendredi dernier, Sors-tu a eu l’occasion d’assister au spectacle F*ck la culture du viol au théâtre Fairmount dans le cadre du festival Dr. Mobilo Aquafest.

Depuis 2017, le spectacle F*ck la culture du viol se balade un peu partout à travers le Québec pour que la honte change de camp.

« C’est vraiment dans une optique de changer de culture, d’utiliser l’humour comme porteur de changement », nous confie Tanya St-Jean, la créatrice du spectacle.

À l’époque, la militante féministe tombe sur le numéro de l’humoriste Coco Belliveau qui évoque son agression sexuelle dans un taxi. À la même période, celle-ci découvre le spectacle d’Hannah Gadsby. « Je trouvais que c’était vraiment inspirant de voir comment une femme parlait de ses traumas, puis que tu ris, mais tu es en réflexion aussi pendant que tu ris ».

Tanya St-Jean fonde alors une organisation non lucrative ainsi qu’une plateforme web qui permet aux personnes victimes d’agressions sexuelles de témoigner à travers différents médiums artistiques.

« C’est notre grand retour en salle, depuis la pandémie, avec F*ck la culture du viol. Avant ça, on se promenait dans les Cégeps ».

 

Une joyeuse ribambelle d’humoristes

Sur la scène du Théâtre Fairmount, le public a eu droit à une jolie ribambelle d’humoristes : Marie-Hélène Racine-Lacroix, Colin Boudrias, Emna Achour, Alexandre Forest, Garihanna et Catherine Thomas.

Tour à tour, les humoristes nous offrent leurs réflexions sur notre société patriarchale. Les blagues sont savoureuses, à la fois osées, culottées et pertinentes.

Alors que Marie-Hélène Racine-Lacroix s’amuse des remarques grossophobes qu’elle subit au quotidien, Alexandre Forest se lance dans des pensées totalement lunaires sur son pénis et le christianisme.

Et alors que Colin Boudrias déplore le manque d’orgasmes chez les femmes hétérosexuelles, Garihanna pointe du doigt l’hypersexualisation des femmes noires.

Mais c’est surtout la phrase de conclusion de l’humoriste Catherine Thomas qui résume parfaitement le propos de la soirée : « Je veux une société où dénoncer sera toujours le bon choix ».

 

Un humour résolument engagé

Mais comment la sélection des artistes se fait-elle ?

« Je me promène sur les réseaux sociaux, je regarde d’autres soirées d’humour qui ont des personnes qui ont un propos féministe », explique l’organisatrice du show.

Contactées par Tanya St-Jean, Emna Achour et Garihanna n’ont pas hésité une seule seconde avant d’accepter.

« J’avais assisté au show à l’Olympia et je m’étais dit : on peut faire de l’humour engagé et qui fait réfléchir. Quand j’ai lu le message de Tanya pour la première fois, je me rappelle, je pleurais », confesse Emna Achour.

En choisissant l’humour, celle qui a d’abord connu une carrière de journaliste sportive, avait envie d’avoir une vraie tribune pour évoquer des sujets qui lui tiennent à cœur.

Durant le spectacle, c’est en tant qu’animatrice qu’on la retrouve. « J’avais l’habitude d’animer, mais c’est sûr que de me faire confier l’animation de ce cabaret qui existe depuis des années, c’est vraiment un honneur ».

« Parler de viol pour moi, c’est quelque chose qui vient me chercher personnellement. Je me considère comme un support émotionnel, un punching ball pour mon entourage », confie Garihanna.

La culture du viol est partout, elle est insidieuse, nous rappelle l’humoriste. Ce sont toutes ces micro-agressions du quotidien extrêmement violentes qui sont banalisées.

Féministe et humoriste, une association impossible ?

Mais alors, qu’est-ce que ça fait d’être féministe et humoriste ? Comment faire sa place dans le milieu de l’humour tout en respectant ses principes ? Est-ce que les deux sont vraiment compatibles ?

Pour sa part, Emna Achour confie que ça fait à peu près un an qu’elle choisit de ne plus faire de shows qui la rendent « inconfortables ».

« Il y a plusieurs portes qui ne se sont jamais ouvertes à moi, parce que je disais non et je le disais fièrement », balance Garihanna.

Pour les deux humoristes, la règle est très claire : hors de question d’adapter leur contenu.

Quant à Tanya St Jean, celle-ci assure qu’avec son spectacle, elle voulait offrir un safe space pour les femmes.

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