Orchestre Métropolitain

Le Messie de Haendel par l’Orchestre Métropolitain | Divin !

Que l’on soit croyant ou non, et même en ne comprenant pas un seul mot de l’histoire qu’il illustre, l’oratorio en trois parties Le Messie de Georg Friedrich Haendel, créé à Dublin en 1742 sous la direction du compositeur, fascine toujours autant les mélomanes, s’attirant au fil des siècles de nouveaux adeptes qui viennent assurer la pérennité de cette œuvre sublime tout en faisant l’expérience de la musique classique sans préjugés ni comparaisons. En musique, il y a de la place pour tous les styles.

L’Orchestre Métropolitain, sous la direction du convoité chef Yannick Nézet-Séguin, vient d’en faire la preuve au centuple dans l’enceinte de la Maison Symphonique, livrant pendant 2 heures et 40 minutes ses plus belles harmonies devant quelque 2 100 spectateurs conquis à l’avance.

On ne dira jamais assez à quel point Nézet-Séguin est un chef immense, ayant performé dans les salles de concert les plus prestigieuses sur la planète. Tous se l’arrachent, même le Metropolitan Opera de New York où il deviendra directeur musical de la maison en 2020. Une nomination comme une chance inouïe qui a précédé les allégations d’inconduite sexuelle envers son directeur actuel, James Levine.

lemessieLe chef québécois dirige sans petite baguette blanche les 120 musiciens de l’Orchestre Métropolitain, ses 200 choristes, et quatre très belles voix de solistes, parmi lesquelles la soprano Carolyn Sampson, une récitaliste bellement accomplie. Dans Le Messie, dès qu’elle s’avance avec une démarche gracieuse dans sa longue robe rouge à franges noires rappelant l’Espagne, elle attire tous les regards et les oreilles. Le temps d’un récitatif ou d’un aria de haute voltige, elle prodigue un réel bonheur vocal.

 

Le contre-ténor français Christophe Dumaux assure aussi une présence forte à chacune de ses interventions. Dans un récitatif de la première partie, le haute-contre chantera dans ce registre aigu apparenté à une voix féminine: « Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la langue du muet chantera ». Christophe Dumaux, par ailleurs, a fait ses débuts au Festival de Radio France dans Rinaldo du même Haendel.

Le ténor québécois Pascal Charbonneau, formé à McGill et à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, n’en est pas non plus à son premier Haendel. Encore jeune, ce familier de Bach, Mozart, Honneger et Orff, a remporté déjà le concours international de chant Julian Gayarre dans la catégorie oratorio / lied.

L’autre Canadien, le baryton-basse Stephen Hegedus, avec sa voix d’une richesse exceptionnelle, s’est fait remarquer en outre par son interprétation du Messie avec l’Orchestre du Centre national des arts à Ottawa, aussi bien qu’avec l’Orchestre philharmonique de Naples, ou encore avec l’Orchestre du Minnesota, de même qu’avec les orchestres symphoniques de Toronto, Montréal, Seattle, Houston, Victoria, Edmonton, San Antonio et Vancouver.

Haendel est né en Allemagne en 1685, la même année que Bach et Domenico Scarlatti. Son père, un barbier dépourvu de toute inclinaison envers la musique, destinait son fils au droit. Le fils s’acharnera plutôt à prendre des leçons de clavecin, d’orgue, de   violon et de hautbois. Si bien qu’à l’âge de 20 ans seulement, Haendel présentera coup sur coup ses deux premiers opéras à l’Opéra de Hambourg. Après un séjour de quatre ans en Italie, Haendel s’est installé à Londres où il vivra les 47 dernières années de sa vie, anglicisant même son nom pour passer de Georg Friedrich Haendel à George Frideric Handel.

Le catalogue du maître compositeur germano-britannique renferme pas moins de 40 opéras, 26 oratorios, de la musique sacrée, des concertos, des concertos grossos, des sonates et des suites pour divers instruments, parmi nombre de chefs-d’œuvre dont son célèbre Water Music. Mais c’est Messiah, son 11e oratorio composé en seulement 24 jours, qui est resté son œuvre la plus connue et la plus jouée dans le monde.

Une fois encore, Yannick Nézet-Séguin aura réussi un sans-faute avec l’OM. Si vous avez manqué cette performance, osez vous reprendre le 1er février prochain à la Maison symphonique alors que, chose rare, c’est une femme chef, Tania Miller, qui dirigera l’Orchestre dans un concert Nielsen, Barber et Beethoven, avec la jeune sensation internationale de l’heure Stéphane Tétreault au violoncelle, un autre Québécois dont l’exécution musicale avec son instrument de prédilection relève du prodige.

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