BATUSHKA

7 moments forts au 70 000 Tons of Metal 2024 | Musique diabolique dans les tropiques

Un paquebot dans la mer des Caraïbes, 3000 festivaliers, 4 jours et 4 nuits, 60 groupes qui font deux concerts chaque, donc 120 concerts, répartis sur 4 scènes – dont une extérieure sur le pont du bateau – entre 10h du matin et 6h du matin… Le 70 000 Tons of Metal est un festival unique au monde, une folie métallique assez incroyable et difficile à décrire. Impossible de tout voir bien entendu, dans la variété des groupes qui se produisent. Voici donc une sélection absolument subjective de 7 moments forts du 70 000 Tons of Metal 2024.

* Toutes les photos sont fournies par 70k Tons of Metal.

Батюшка (le Batushka de Krzysztof Drabikowski) sur le Pool Deck

Le vrai Batushka pour les puristes, celui du guitariste fondateur Христофор, un débat qui fait rage après la scission des membres.

Les Polonais ont emmené le contraste du metal extrême dans les tropiques à son paroxysme avec leur étrange messe de black metal orthodoxe, de nuit, sur la scène extérieure, alors qu’un vent déchaîné faisait trembler leur décor, leurs drapeaux déchirés, les pages de leurs bibles, et voler leurs capuches de moines, donnant un aspect envoutant et encore plus fascinant à leur performance.

Moins atmosphérique et plus puissant que sur album, le « vrai » Batushka a su se démarquer sur scène, avec les pièces de l’album qui a fait connaître le groupe avant la dispute, Панихида.

N’ayant pas pu allumer les nombreuses chandelles, le guitariste Krzysztof descend de scène pour les offrir au premier rang après le spectacle, mystérieux, mais humble et abordable.

* Photo par Gonzalo E Pozo.

Blind Guardian au Royal Theater

Si le power metal peut parfois mal vieillir, il n’en est rien pour ces légendes qui approchent les 40 ans de carrière. La bande à Hansi Kürsch nous a régalé avec une grille de chanson qui allait puiser dans Nightfall in the Middle-Earth et Imaginations from the Other Side, dans un théâtre plein à craquer qui scandait les hymnes chevaleresques du groupe, de Mirror Mirror à Nightfall en passant par Valhalla.

À 57 ans ans, Hansi est impressionnant, faisant saturer sa voix à merveille dans les vieux morceaux presque speed metal, pendant que le guitariste André Olbrich nous emporte aux mélodies appuyée sur sa wah-wah.

Mais un des moments les plus forts du concert est peut-être la chanson acoustique The Bard’s Song – In The Forest, chantée du début à la fin par le public, alors que Hansi tient son micro dans les airs. Le genre de communion musicale que très peu de groupes du genre peuvent créer.

Blind Guardian sera en concert à l’Olympia de Montréal le 10 mai.

* Photo par Derek Carr.

Crypta au Star Lounge

Les plus petites scènes ne sont pas en reste, et le son y est en réalité parfois plus compact que sur les grandes, voir plus efficace, notamment dans les styles plus extrêmes. C’est ainsi que les Brésiliennes de Crypta ont tout éclaté le premier soir, alors que la petite salle débordait de monde.

Leur death metal flirtant avec le thrash est maîtrisé, on voit que l’expérience parle pour ce jeune groupe qui tourne de plus en plus. La bassiste-chanteuse Fernanda Lira mène sa horde avec une intensité remarquable, et un regard diabolique, semblant possédée, vivant pleinement des pièces comme Trial Of Traitors ou From The Ashes.

La proximité de la petite scène, la foule compacte et déchaînée, le son brut, un moment fort de la première soirée.

* Photo par Emily Harris.

Tygers of Pan Tang au Studio B Ice Rink

Au milieu d’une – trop ? – grande flopée de groupes de power metal, death metal et folk metal, il est appréciable de tomber sur des formations plus traditionnelles. C’est ainsi que s’est démarqué le groupe de hard rock Tygers of Pan Tang, avec sûrement un des meilleurs sons de guitare du festival.

Formés en 1978, les Anglais faisaient partie de la NWOTHM aux côtés de Judas Priest, Saxon et Diamond Head, et ils ont livré deux excellents prestations, notamment celle du Ice Rink, avec des morceaux irrésistibles comme Paris By Air ou Hellbound.

Malgré deux cordes cassées et remplacées en plein concert, le guitariste fondateur Robb Weir ne perd pas le Nord et envoie du gros riff. L’attitude rock’n’roll, les gueules de vieux anglais, la qualité des morceaux et des musiciens, juste la grande classe.

* Photo par Timo Maczollek.

Sodom au Royal Theater

En 1989, Sodom sortait Agent Orange, apportant sa pierre monumentale à l’édifice du thrash metal, dernier album qu’ils sortiraient avec le guitariste Frank Blackfire, avant que celui-ci ne rejoigne Kreator.

Trente-cinq ans plus tard, nous sommes sur un bateau de croisière, quelque part en mer, et Sodom nous joue ce même album en entier, avec Mr Blackfire de retour à la guitare.

Monumental. Lumières rouges et bleues, fumigènes, c’est un véritable assaut de bombes thrash metal comme Ausgebombt, Tired and Red ou Remember The Fallen. Avec en plus quelques titres de Outbreak of Evil pour terminer, dont le brutal Blasphemer, une set-list de rêve – et rare – pour les fans de thrash à l’ancienne.

Et le plaisir est partagé, on voit que le leader Tom Angelripper est touché par la réception du public déchaîné.

* Photo par Emily Harris.

Unleashed sur le Pool Deck

Le death metal est un genre qui a beaucoup évolué, dérivant parfois à outrance dans des sous-genres techniques ou symphoniques. C’est pourquoi quand des pionniers comme Unleashed se pointent sur scène, la griffe old-school met tout le monde d’accord. Formés en 1989, les Suédois pratiquent l’art du OSDM avec brio, et leur set sur le pont sonne comme – 70 000 – tonnes de brique. Les passages mid-tempos, la voix arrachée, les riffs qui flirtent avec le black metal, les blast-beats à l’ancienne à une pédale, le tout porté par le crépuscule, l’arrivée de la nuit et le vent marin: une tempête de death metal impressionnante, avec des classiques comme Before The Creation of Time, d’une efficacité monstrueuse.

Rising Steel au Star Lounge

Un festival du genre, c’est aussi l’occasion de faire des découvertes parmi les 60 groupes, au détour d’une scène un peu au hasard.

Les Français de Rising Steel se sont définitivement fait de nouveaux fans avec leur heavy metal assez traditionnel qui fait du bien, flirtant avec le thrash, une couleur speed qui ressort plus en concert qu’en album, bien appliquée et exécutée.

De la qualité des riffs à celle de la voix, le groupe de Grenoble avait le feu dans la petite salle du Star Lounge, l’énergie dégagée faisant headbanger un premier rang de die-hards au son d’extraits de leur récent opus Beyond The Gates Of Hell.

Mentions honorables

  • Les autres Brésiliennes, Nervosa, qui ont aussi tout cassé avec leur thrash death, même avec une batteuse recrutée juste avant la croisière, et les headbangs aux très longs cheveux de Prika, deux solides prestations.
  • Les Montréalais de Kataklysm qui fêtent les vingt ans de Serenity in Fire au théâtre et déchaînent la foule avec leurs vieux titres comme As I slither chanté par la foule,  une machine de guerre bien rôdée.
  • Les Allemands de Fleshcrawl, autre bijou un peu oublié du OSDM est.1991, qui envoient du gros riff sale à la Bolt Thrower / Dismember et du son baveux à la Entombed, le tout à 10h du matin au théâtre, un déjeuner de la mort.
  • Windrose et son power-metal de Minecraft qui fout un bordel sans nom au théâtre, une grosse fiesta de trolls et de nains qui commencent un mosh-pit d’épées gonflables avant même que le concert commence.
  • Les Finlandais I Am The Night pour être le seul représentant du black métal 90s traditionnel – suite à l’annulation de Marduk, on remercie une fois de plus les douaniers américains – en corpse paint, chandails de Bathory et riffs malsains mais mélodiques la Emperor.
  • Lich King, excellent groupe – pourtant encore underground après 20 ans – de la new wave of thrash metal, qui s’ajoutent la veille de l’embarquement suite à une annulation de dernière minute, et prouve leur talent dans le genre.

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