Young Fathers au Théâtre Fairmount | Défier les frontières

Young Fathers n’ont que faire des frontières, tant géographiques que musicales. À les voir aller au Théâtre Fairmount jeudi soir, ça rapporte de se foutre de ces limites, ces carcans, ces cases bien délimitées.

NO BORDERS. NO FLAGS. WE ARE ALL MIGRANTS.

Cette phrase scandée en toute fin de concert résume bien la position de Young Fathers, trio bigarré, qui mélange allègrement le hip-hop, les rythmiques électro, l’entrain du dub et les musiques africaines, pour en faire une pop moderne sans limite apparente. De la créativité brute, bien canalisée.

Ils sont 3 MC : deux Noirs, Alloysious Massaquoi et Kayus Bankole, ainsi qu’un Blanc, Graham Hastings, au look de commis chez Brault et Martineau. Leur batteur est blanc aussi. Ils ont tous Edimbourg pour base, mais leur histoire respective mène à des racines diverses. Mais qu’importent leur couleur et leur provenance, comme le dit le plus récent disque et sa chanson éponyme, White Men Are Black Men Too.

Ils s’unissent comme ça, pour l’amour de la musique. De leur musique. Ils y sont investis comme peu de groupes de leur génération, puisant dans leurs tripes une intensité qui ne laisse personne indifférent. On embarque à pieds joints dans leurs rythmes, la cadence de leurs propos, les mélodies obliques de leurs synthés pour la plupart pré-programmés.

La salle était plutôt bien remplie, mais pour un groupe ayant remporté le Mercury Music Prize il y a quelques années, et ayant fait très bonne figure à Osheaga à l’été dernier, il est surprenant de constater qu’on y vendait encore des billets à la porte.

Une fois de plus, les absents auront eu tort.

Ce fut bref – tout juste 50 minutes – mais diablement efficace, et sans flafla. À peine un « Bonjour! » en français, sinon pas de niaisage. Parce que s’ils n’ont que faire des frontières et des conventions, pas besoin non plus de se plier à la bienséance toute-faite des concerts en canne avec des interventions entre chaque chanson, des remerciements à n’en plus finir et un rappel hypocritement préparé d’avance.

Young Fathers, c’est 50 minutes sans bullshit, avec la musique à l’avant-plan et une confiance en soi sidérante. Un moment percutant.

 

 

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