With Confidence

With Confidence à L’Astral | Un vent de renouveau dans le pop-punk

La tournée mondiale «The Love and Loathing» du groupe australien With Confidence s’est arrêtée hier soir à L’Astral. Les modes vont et viennent, et ce «revival» convaincant du pop-punk des années 90 et début 2000 prouve que rien ne s’éteint jamais réellement dans la musique.


 

La tête d’affiche était accompagnée de trois autres groupes dans le même ton: Doll Skin, Seaway et Between You & Me, qui ont aussi «dépoussiéré» quelque peu le pop-punk, ce style né il y a déjà environ 20 ans. D’emblée, votre humble « servitrice » (y a pas de féminin pour «serviteur», ça a l’air…) a été un peu surprise du jeune âge des spectateurs. Presque tous des ados qui s’adonnent à boire des quantités industrielles de Guru, ou alors de très jeunes adultes. Une soirée pour et par les millénariaux, pour ne pas dire ce fameux terme!

Doll Skin: la tornade de couleurs

« Just a girl »: ce slogan cynique du t-shirt de la guitariste de Doll Skin en dit long sur le statement du groupe féminin, qui se sont vraiment démarquées lors de cette soirée. On comprend pourquoi elles ont partagé la scène avec Social Distortion, DRI, Metal Allegiance, Hellyeah et bien d’autres.

Une certaine énergie de Davey Havok (AFI) émane de la chanteuse, avec ses Xs sur les mains et une chanson faisant l’éloge du straight edge. Sydney Dolezal possède une palette vocale variée, qui lui permet de pousser d’intenses screams. Il y a des gens, dans la vie, qu’on observe en train de faire quelque chose, et on se dit qu’ils sont nés pour ça. On le ressent. C’est le cas de cette fille, et le cas du groupe au complet en fait, tant tout semble à la bonne place.

Doll Skin, une tornade de couleurs où se mêlent des têtes de mort qui sourient. Une musique positive et joyeuse, qui semble toutefois provenir d’un endroit assez sombre, comme des confettis saupoudrés sur une flaque de sang. C’est vraiment un groupe à surveiller de près.

Between You & Me: sautillements frénétiques

Place au deuxième groupe: Between You & Me d’Australie, tout comme la tête d’affiche. Le groupe a signé en 2017 sur Hopeless Records, côtoyant désormais New Found Glory, Yellowcard, Sum 41 et autres géants du pop-punk. Ils ont lancé leur tout premier album Everything Is Temporary l’année passée. Du gros calibre.

Sorte de Simple Plan post-2010 où s’égosille un chanteur ressemblant un peu à Leonardo DiCaprio (ok, avec les cheveux à moitié rose et turquoise, et habillé en hipster!), le groupe a très bien enchaîné le spectacle, même si Doll Skin a donné une prestation quelque peu difficile à surpasser.

On se demande toutefois qui est le vrai leader de Between You & Me… Le chanteur et le bassiste s’alternent les interactions avec la foule, et le bassiste tire la corde vers lui un peu trop souvent. Ça semble presque agacer le chanteur et on sent une sorte de tension, mais ça ne les a pas empêchés de livrer la marchandise avec brio. Lors de la dernière pièce, notre hipster s’est lancé presque casually dans la foule pour faire du bodysurfing, chose qu’il répétera maintes et maintes fois pour les groupes à suivre.

Seaway: un petit effort visuel, les gars

Le groupe ontarien Seaway laisse un peu perplexe. C’est peut-être à cause de leur look, mais on dirait qu’ils ont 20-30 ans de plus que leur âge. Peut-être ont-ils oublié de se changer après leur day job? Si on veut vraiment tomber dans les caricatures, on pourrait presque déceler un mécanicien (vêtements banaux et casquette), un programmeur ou informaticien (chandail coloré et barbe de bûcheron) et un comptable (lunettes d’aviateur et chemise proprette), entre autres…

Aussi, il faudrait dire au frontman qu’il n’est pas obligé de crier si fort entre les tounes. Que son micro fonctionne très bien. Bref. Leur set simplet sonne quand même très bien; un peu comme une version moins ensoleillée de Weezer. Seaway a su comment insuffler le mouvement à l’auditoire, même s’il y a eu un petit affaiblissement dans la soirée. C’est peut-être un groupe à connaître davantage sur disque.

With Confidence: éclats de porcelaine

With Confidence parle de sujets assez «adultes» dans ses chansons, surtout sur l’album Better Weather, qui traite de santé mentale. Il ne reste pas à la surface des choses, malgré ses apparences de groupe de jeunots prêts à semer le trouble. À travers sa prestation, le chanteur Jayden Seeley se révèle comme une sorte de grand cousin un peu immature mais intelligent, faisant d’amples gestuelles avec ses grandes mains, et souriant de toutes ses dents. Un mélange sympathique et nécessaire de savoir-faire et d’humour.

Que dire, à part que ces chansons transpercent l’âme comme des éclats de porcelaine? De par leur simplicité, leur universalité et leur caractère un peu naïf, elles semblent presque avoir le pouvoir de redéfinir les contours de notre vie… Il y a ces coupures qui éraflent la peau (la superbe Without Me (Pâquerette)) et ces frôlements légers (Moving Boxes). Il y a aussi ces moments suspendus, entre deux mouvements rapides, où on peut percevoir le souffle qui traverse les choses (That Something).

Bref, L’Astral a profité d’une dose massive de pop-punk, donnée par des groupes qui portent maintenant le flambeau passé par Blink-182, Green Day, Good Charlotte et autres.

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