crédit photo: Sebastian Sevillano
VALAIRE

Valaire au Club Soda | L’art de faire la fête

Quel spectacle mémorable et remarquable livré par Valaire jeudi soir, dans un Club Soda bouillant et entassé. Il faisait noir dans la salle, et pourtant, les lunettes de soleil étaient de mise pour les membres du groupe et ses invités. Parce que Valaire, c’est cool et décontracté. Parce que du jeu des instruments jusqu’aux mouvements en passant par le dress code, Valaire sait rendre un résultat homogène et diablement festif.

Vers 21h, les lumières de la salle se ferment, ne laissant paraître qu’une enseigne Jazz futon en angle droit dans le fond de la scène. Jazz futon, c’est le nom de la dernière parution longue de Valaire. Jazz futon, c’est le retour aux sources pour un groupe qui fête cette année ses 20 bougies d’existence.

Les membres du groupe gagnent la scène, et entament sans tarder That Depends on You, tiré de la récente parution. Alan Prater, habitué des collaborations avec Valaire et meneur de l’octuor The Brooks, rejoint les cinq Valariens. La fête peut donc officiellement commencer. Et quelle fête, d’ailleurs.

Prater assurera une bonne partie de la performance vocale durant la soirée, comme Mel Pacifico, qui rejoint les joyeux lurons sur la deuxième chanson du spectacle, Flavor, provenant d’un EP de Valaire sorti il y a trois jours à peine. Le nom du projet tout frais, tout chaud : Sofa So Good. Ça rappelle le canapé de Jazz futon, le jazz de mobilier fusion-fusionnel qu’a décidé de proposer la formation après une longue pause de sept ans sans album paru.

Ce genre de musique, ça s’apprécie une bière à la main, un sourire scotché aux lèvres presque malgré soi en se dandinant de gauche à droite. Un rapide coup d’œil aux alentours, et on en découvre de toutes les sortes, des personnes qui ont probablement découvert les Sherbrookois avec Jazz futon comme d’autres qui dansaient au son de Valaire pendant que le groupe s’attachait encore à son Misteur des débuts.

DRouin, Tō, Luis Clavis, Kilojules et France sont impeccables derrière leurs instruments, sans surprise. Un petit coup de cœur pour Clavis, quand même : enflammé derrière ses percussions, l’artiste vient chanter, rapper et animer un Club Soda, son Club Soda, d’une manière complètement maîtrisée durant la soirée en entier. Club Soda, Club Sofa? Luis Clavis ne parvient pas à se décider sur la dénomination de l’endroit, tout ce qu’il sait, c’est que ça leur fait du bien de retrouver la mythique institution. La première fois depuis la fin des années 2000, affirme-t-il. Quand même.

Les musiciens se baladent autant sur les pistes de leurs nouvelles parutions que sur les morceaux de Oobopopop, notamment Apata Palace, Show Me Oh Oui mais surtout I Wanna. L’énergie de la pièce est incomparable, elle réchauffe de plus belle les ardeurs de la salle. Le genre de chanson qui donne envie de crier au monde entier à quel point on aime sa moitié. Le genre de chanson qui laisse entrevoir une dose de bonheur, une dose de vivacité à travers les mornes mois de novembre à mars. Le genre de chanson à écouter en recevant la douceur d’un rayon de soleil frappant le visage d’un chaud début de soirée d’été. Attention à ne pas se tromper sur le refrain de I Wanna par contre, la syncope peut être trompeuse. Réservé aux attentifs de ce monde.

Les membres de Valaire ne se permettent pas beaucoup d’interventions parlées, mais une musique dansante et aussi entraînante ne l’oblige pas du tout. Les suaves envolées lyriques de DRouin au saxophone suffisent, les chorégraphies semi-comiques, semi-sexy des membres du groupe suffisent, l’ambiance en elle-même, suffit. « Suffir » veut dire satisfaire. Nous n’en sommes pas là, en fait, le mot est beaucoup trop faible. Valaire ravit, Valaire vit, Valaire exalte et séduit.

La coolitude, tu nais avec ou tu ne l’as simplement pas. Miles Davis l’a officiellement créée en 1957, des musiciens comme James Brown et Nile Rodgers l’ont sublimée. Et au Québec, tu as Valaire. Ils l’ont, eux, la coolitude.

Après avoir interprété L’amour des pierres de Samuel, les membres de Valaire se permettent un hommage à un musicien disparu il y a deux ans, un « grand chum », l’appellent-ils. Sous un fond électro ponctué par la trompette de Tō, le Club Soda entend la voix de Karim Ouellet résonner dans ses enceintes à travers Voici le ciel avant qu’on touche au sol. L’instant est introspectif et touchant, la scène québécoise n’oubliera certainement jamais l’auteur de L’amour.

Une autre chanson à laquelle Karim Ouellet avait aussi participé suit le morceau de Jazz futon, By my Side, cette fois-ci dansante et beaucoup moins chagrinante. L’enchaînement est justifié : n’oublions jamais Karim Ouellet, honorons sa mémoire quand est venu le temps, mais ne restons pas accrochés à cette tristesse. La vie continue, la fête continue.

Le dernier segment du spectacle est encore plus surprenant et actif que le reste de la soirée : Tō vient jouer de la trompette sur un canapé gonflable porté par la foule, un personnage de LookOurWay surgit sur le devant de la scène, Mike Clay et Fanny Bloom viennent interpréter des titres aux côtés des artistes en rappel.

Les festivités s’emballent de plus en plus, avant cette dernière pièce, un medley génial et interminable, dans le bon sens du terme, combinant des succès funk, hip-hop et jazz du siècle dernier comme de l’actuel.

Valaire quitte la scène, l’acclamation monstre réservée aux artistes est amplement méritée.

 

Grille de chansons

  1. That Depends on You
  2. Flavor
  3. (She’s a) Winner
  4. I Wanna
  5. BEZU / It’s All Good
  6. Ish Ain’t Easy
  7. Golden Rule (Do the Oobopopop)
  8. Apata Palace
  9. Sunny Days
  10. Mi-Cheval
  11. What I Did
  12. Without You
  13. L’amour des pierres de Samuel
  14. Voici le ciel avant qu’on touche au sol / Bellevue Avenue
  15. By my Side / Know by Sight
  16. Show Me Oh Oui
  17. Woody Wagon / Don’t Get Là

Rappel

  1. November Number 3
  2. Tote Bag / All night
  3. Medley

 

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