Timber Timbre

Timber Timbre à l’Olympia | Mystérieux et solennel

C’est dans le cadre de leur tournée nord-américaine que le groupe montréalais Timber Timbre se produisait ce vendredi soir à l’Olympia. Avant de rallier prochainement l’Europe et démontrer au Vieux-Continent que la musique canadienne ne se résume pas qu’à Drake ou Justin Bieber, le quatuor a tenu à offrir aux Montréalais un moment de rock exquis, dans un style qui leur est propre, tout en progression.


Dans une ambiance série noire, les lumières se tamisent et les silhouettes apparaissent sous une basse des plus imposantes. Telles les profondeurs des bois, ces lueurs font ressurgir cet aspect à la fois sombre et expérimental qui caractérise si bien ce groupe qu’est Timber Timbre.

La mystique Sincerely, Future Pollution, du nom de leur dernier album, ouvre à merveille l’heure et demie de concert qui attend les spectateurs. Alors que les voisins étasuniens foutent tout en l’air depuis hier, les Canadiens s’accaparent un thème grave qu’ils réussissent parfaitement à retranscrire musicalement. Et à la vue et écoute de ce premier titre, nul doute que les prochains seront de très bonne facture.

Car si les musiciens ne sont pas les plus bavards de la salle (un sincère merci aux quelques-uns en fond de salle qui pourrissent à chaque fois la soirée des mélomanes venus simplement écouter un concert), leur style de musique ne s’y prête pas vraiment. Très peu nombreux sont les moments où une interaction avec les spectateurs est possible, notamment par le fait que leur post-rock très progressive met l’emphase sur une expérience musicale et sensorielle tout à fait unique.

Une rétrospective du rock

Guidé par des spots lumineux sur fond de mur en brique, la prestation est constante, sans erreurs majeures puisque la sonorisation est bonne. La technique musicale n’est pas en reste aussi puisqu’outre les grosses basses introductives, la riche ballade qu’est Velvet Gloves And Split mais aussi Moment s’enchaînent pour offrir une variété de sons à l’image des contres-temps rythmiques qui s’accompagnent de gestes scéniques du chanteur Taylor Kirk. Puis ce sera ensuite une série de chansons aux styles rock qui propulsent inévitablement dans les méandres des années soixante-dix à nos jours.

Il y a d’abord le saxophone de la connue Hot Dreams qui rappelle les ballades de Pink Floyd, puis la phénoménale conclusion de Curtains aux allures d’Arcade Fire ou encore l’ambiance crooner des récents titres d’Arctic Monkeys qu’offre Black Water. Les couples s’enlacent, les célibataires s’adonnent à leur pinte de bière. Mais personne ne reste indifférent face à Grifting qui, elle encore, par sa progression constante, fait pourquoi pas référence à des monuments tels que David Bowie ou Peter Gabriel dans la construction du morceau.

Les stridences et dissonances, certes voulues par le groupe, ne rebute pas le public qui acclame chaleureusement Timber Timbre à la fin de chacun de leurs chansons. Taylor Kirk en perd même ses paroles sur le deuxième couplet de Do I Have the Power lorsque la majorité de la salle tape dans ses mains les coups nets et précis de la caisse claire.

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Une prestation sereine

Variables, les chansons qui alimentent ce concert d’une bonne heure et demie transitent entre ballades aux accents sombres et des pièces plus soutenues et mystérieuses. Parfois instrumentales, ces chansons sont aussi l’occasion de mettre de l’avant le talent avec lequel les trois compères marient leurs instruments entre eux.

Élégante, la prestation des Montréalais fait aussi de ce groupe désormais une valeur sure dans le paysage folk-rock. Surtout rock lorsque l’on assiste à leur concert. Car oui, le quatuor oublie, pour une heure et demi, les compositions acoustiques pour ne laisser que de puissantes traces stridentes dans les oreilles des spectateurs. La voix « parlée » de Taylor Kirk, si solennelle soit-elle, fonde au gré des chansons un réel sentiment de proximité entre le trio et son public. Elle rappelle furieusement le bien-aimé Leonard Cohen dans sa façon de capter autant l’attention par cette gravité sonore. On s’y attache, elle envoûte même à l’image de la dernière Grand Canyon où tout le monde rive ses yeux sur le chanteur moustachu.

Après des applaudissements nourris, Timber Timbre revient sur scène pour jouer trois chansons importantes de leur répertoire, dont une intense Trouble Comes Knocking qui conclue la prestation sous des nappes de synthétiseur et une vague de basse encore une fois des plus imposantes. Après tout, Timber Timbre conclue son voyage mystique comme il l’a commencé…

 

Liste des chansons

  1. Sincerely, Future Pollution
  2. Sewer Blues
  3. Velvet Gloves & Spit
  4. Moment
  5. Hot Dreams
  6. Western Questions
  7. Curtains
  8. Until The Night Is Over
  9. Black Water
  10. Grifting
  11. Bleu Nuit
  12. Do I Have Power
  13. Beat The Drum Slowly
  14. Grand Canyon
  15. Woman
  16. Magic Arrow
  17. Trouble Comes Knocking

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